
tous les Sénateurs & tous les gens bien nés
entendoient. Cet ufage bizarre- ne fut aboli qu’en
faveur du rhéteur Molon, ce maître célèbre de
Cicéron. Valere-Maxime, (r/. 2. 3 ).
Les ftfnateurs les interrogeoient enfuite avec
l’agrément du chef du fénat. Tite-Live, (30. 22).
Cum more tradico à patribus , potefiatem interro-
gandi ,fi qui s quid vellet, legatos pr&to* feciffet, &C.
Chacun d’eux s’efforçoit de les embarraffer par fes
queftions , & de leur arracher des aveux utiles
aux Romains. Après ces interrogations , les Am-
baffadeurs fortoient du Sénat, & n’y rentroient
que pour apprendre de la bouche du préfîdent
la réponfe que l’on avoit difcutée & préparée
avec grand foin.
AMBEGNES ou ambiegnes- Voye^ Hosties.
AMBIRE. Voyez Ca n d id a t .
AMBITION ; les Romains avoient élevé un
temple à Xambition; c’étoit en effet la divinité
à laquelle ils ont le plus facrifié : on la repré-
fentoit avec des ailes au. dos, & les pieds nuds,
pour exprimer l’ étendue de fes deffeins 3 & la
promptitude avec laquelle elle veut les exécuter.
AMBITUS. Lorfque ce mot eft relatif aux
Ca n d id a t s . Voyez cet article.
AM B ITU S fignifioit auflî circuit , pourtour.
C ’eft dans ce fens qu’il étoit employé par les
archite&es , pour exprimer l’efpace de terrein qui
«toit refpeéte fcrupuleufement devant & derrière
les monumens funéraires. Tout le champ dans
lequel on élevoit un tombeau , ne devenoit pas
un endroit facré & inviolable 5 mais cet honneur
«toit réfervé au pourtour du monument, & Ton
fixoit ordinairementfon étendue dans l’infcription 3
par des expreflions analogues à celle-ci : I n .
P ro nt e . P edes . t ô t . I n . A g r o . P edes . t ô t .
AM B ITU S eft encore employé par Tertullien ,
( de Pallio 3 c. 5 ) , pour exprimer l’ampleur de la
toge 3 parce qu’elle entouroit le corps dé celui
qui la portoit.
AMBO, déeffe. Voyez, T ithrambo.
AMBRACIA 3 dans l’Epire. Ambp.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent.
RR. en bronze.
O. en or.
Leur type ordinaire eft Pégafe.
A M B R E jaune , fuccinum. La fable dit qu’il
fut formé des larmes que répandirent les foeurs de
Phaéton. Les recherches & les analyfes des chy-
miftes modernes , nous ont appris que cette fubf-
îance étoit un bitume formé par l’épaiiSffement
d’une réfine inconnue, que la mer détache des
terres inondées, & rejette enfuite fur fes bords.
Pline étoit auflî inftruit que nous fur fa nature ;
& nous partageons encore l’incertitude où il étoit
fur l’efpèce de l’arbre qui produit Y ambre. ,
Cette fubftance étant rare & apportée des contrées
feptentrionales de l’Europe, fut achetée à
grands frais par les Grecs & les Romains. Ils la
firent entrer dans leur parure, Sz Y ambre faune,
fervit à faire des bijoux de toutes fortes. Pline fe
récrie contre ce luxe frivole avec l’énergie qui le
caraétérife. (Lib. 30, c. 1 & 3) : '
M Le rivage de la Germanie, d’où on nous
apporte Y ambre, eft éloigné d’environ fix cens
‘mille pas de Carnuntum, ville de Pannonie....
Parmi les objets d’ agrément , Yambre tient fa
place d’abord après le crvftal : réfervé Cependant'
jufqu’ici à la parure des femmes, on eft encore à
deviner ce qu’il peut avoir de flatteur par lui-
même ; c’eft la frivolité des Grecs, & leur raffinement
qui l’ont mis à la mode.... Le plus précieux
eft le falerne, ainfi nommé à caufe de la
couleur du vin de même nom, dont il imite la
tranfparence & le brillant.... Enfin, on met des
plaifirs de pure fantaifie à un fi haut prix, qu’ une
petite figure à'ambre travaillé , s’achete plus cher
que des hommes pleins de vie & de force; »
DC . Ferè M. paffuum a Carnunta Pannonis
abejl littus id Germants, ex quo invehitur, per-
cognitum nuper ( fuccinum ) . Proximum locum in
deliciis fs.min.arum tamen adkuc tantum , fuccina
obtinent, eamdemque omnia hsc, quam gemms,
autoritaiem , fane majorem aliquibus de caufis
cryftallina & murrhina , frigidi pot us utraque. In
fuccinis caujfam ne delicis quidem adkuc excogita-
verunt, occafio eft vanitas Gr&corum diligentis.
(Cap. 3) : Taxatio in deliciis tanta 3 ut homînis
quamvis parva effigies , vivorum hominum vigen-
tiumque pretia fuperet.
Le détail fuivant donne la plus forte idée de
l’excès auquel cette efpèce de luxe étoit porté
chez les Romains.
*> Julien, qui préparoit un combat de gladiateurs
pour l’empereur Néron, envoya un chevalier
romain , vifiter les endroits où fe fait le commerce
de Y ambre r il parcourut les côtes, & rapporta
de Y ambre ert fi grande quantité, qu’on en
garnit les mailles des filets qui mettent le podium
à couvert des bêtes , & que les armes des gladiateurs,
leur attirail funèbre, enfin , tout l’appareil
d’un des jours de fpeéfacle , fut fait d’ambre travaillé
: le plus gros morceau qu’il apporta pefoit
treize livres. »
(Ibid.) : Vidit enim eques Romanus miffus ad
id comparandum a Juliano curante gladiatorium
mùnus Neronis principis , qui hsc commercia U
littora peragravit, tanta copia invecla, ut retia
arcendis feris podium protegentia fuccinis notarentur
( vel nodarentur) , arma verô & libitina 3 totufque
unius diei apparatus effet e fuccino. Maximum pondus
is gleba attulit xm librarum.
Pline finit par cette énumération :
» Les pièces de métal de Corinthe, plaifent par
le mélange du bronze avec l’or & l’argent > les
ouvrages de cizelure, par l’art & le génie 3 les
murrhina & les cryftaux fervent du moins à boire
frais ; les perles, parce qu’elles font l’oniernênt
d’une tête 3 les pierreries, parce qu’elles font celui
«tes doigts ; en un mot, dans tous tes ^ è s v r a e u x ,
on cherche à repttrênter ou a jouir : dans la pai-
fion pour \ ambre, il n y a que le plai/ir fecret &
borné de fe fatisfaire. In fuccinis idiciarum tantum
confcitnûa. Il fe moque auflî de ces hommes
délicats Sc voluptueux, qui préparaient eux-memes
des champignons avec des couteaux a ambre «
des uftenfiles d’argent. ■»
-Le comte de Caylus a fait defliner (Rue. m ,
p. 191.) un petit butte Sambre. 11 ferait difficile d en
tireraucun avantage pour les arts. Cette tête, couronnée
de laurier, ne reffemble, dit-ll, a aucun empereur
; Si fi elle eft antique, car le travail fur cette
matière eft toujours lâche, & l’originalité s y fait
fentir avec peine , on ne pourroit attribuer ce
monument qu’au Bas-Empire, fur-tout a caufe
du goût de l’ornement fur lequel ce bufte eit
établi. Au refte, ce morceau, dont la couleur eft
affez foncée , & qui , par cette raifon , pourroit
mériter le nom de Falerne , eft travaillé de tous les
côtés , & percé de bas en haut : ainfi, i l peut avoir
fervi d'amulette , ou plutôt d'une forte de parure. _
Nous avons vu qu’un morceau à'ambre étoit
payé à Rome plus cher qu’un efclave fort & rq-
bufte. Mais quand Pline n’auroit rien dit du prix
exceflif que l’on y mettoit, nous l’aurions imaginé
aifément, en voyant les moyens dont on
s’eft fervi pour le contrefaire. L’ art ne cherche à
imiter que les fubftances précieufes.
L$ même favânt antiquaire polfédoit un amu-
lete percé dans fon ornement pour être porté
au col ; il étoit d’un verre qui imitoit Y ambre.
La forme de ce petit monument, & le fujet moulé
& traité en relief, n’ étoient point ordinaires 5 la
compofition repréfentoit un Amour a cheval fur
un lion ; il étendoit les bras vers le ciel, comme
s’il eût demandé du fecours.
On voyoit auflî dans fa colle&ion umfragment
de vafe imitant parfaitement Y ambre. Examiné par
des naturaliftes, il fut reconnu pour de la réfiné
copale, improprement nommée gomme. On fait
que les brocanteurs ufeht encore aujourd'hui de
cette fupercherie pour tromper les amateurs, &
que la copale eft la réfine dans laquelle ils intro-
duifent toutes fortes d’infe&ès & de corps étrangers,
afin de mieux imiter Y ambre jaune.
, Il ne paroît pas que les anciens ayent connu
Y ambre gris : peut-être l ’ e m p l o y o i e n t - i l s dans la
compofition des p a r fu m s 3 mais ils n’ont rien écrit
fur fa nature, qui eft encore a u jo u r d ’ h u i un problème.
AMBROISIE. C’étoit un aliment à l’ufage des
dieux , ainfi que le neiftar. Ambroifie, fuivant
l'étymologie grecque, fignifie immortel, foit parce
que c’étoit la nourriture des immortels, foit parce
quelle communiqucit l’immortalité à ceux qui
en prenoi'ent. C’eft un des points..de la Mythologie
, les plus difficiles à éclaircir, que de fa-
voir fi l’on mangeoit Y ambroifie 3 & fi l’on buvoi:
k ne&ar 3 ou fi, au contraire, le neélar étoit
un aliment foîide, & Y ambroifie une liqueur 3 mais
il importe peu de conci ier là-deflus les fentimens
contraires 3 l’opinion la plus commune, & qui %
été adoptée par Homère, eft que l’on mangeoit
Y ambroifie, & que l’on buvoit le nectar. Il n’eft pas
moins difficile de déterminer la nature de Y ambroifie.
lbicus a cru en donner une haute idée,
en difant qu elle eft neuf fois plus douce que le
miel, & qu’en mangeant celui-ci, on éprouve
la neuvième partie du plaifir que l’on goûteroit
en fe nourriflànt d'ambroifie." Quand les Grecs
vouloient célébrer la fête de la ftatue de Jupiter
Ctéfien, ils faifoient des libations d’une liqueur
qu’ ils appeloient ambroifie y c’étoit une compofition
de miel, d’eau, de fucs de fruits de toute
efpèce. Quant au neétar, les habitans du mont
Olympe s’imaginoient en faire en mêlant enfemble
du vin, du miel & des fleurs odoriférantes.
Tout ce que l’on trouve fur l’origine du neétar
& de Y ambroifie 3 c’eft que Y ambroifie coula pour
la première fois d’une des cornes de la chèvre
Amalthée, & que le neétar fortit de l’autre. Les
dieux, avant cette époque, vivoient uniquement
de la fumée de l’encens, & des exhalaifons des
facrifices. Le neétar, fuivant Homère, étoit rouge.
Perfobne n’a parlé de la couleur de Y ambroifie ;
-mais Homère a dit qu’elle fervokà faire du beurre ,
de l’huile & de la pommade. Quand Junon s’arma
de tous fes traits pour féduire Jupiter, elle prit
un bain d'ambroifie y elle parfuma fes cheveux
avec de l’effence à.'ambroifie, qui répandoit autour
d’elle une odeur divine, & renouveloit les tendres
defirs de ceux qui la refpiroient.
Lorfque Vénus marchoit, dit Virgile, fes cheveux
mouillés <$l ambroifie exhaloient une odeur
divine î la jeune Hébé ne refpiroit dans tout fon
corps q u ambroifie & ne&ar. Ainfi, outre Y ambroifie
pure , il y avoit de l’eau d’ambroifie, de la
quintefience' d’ambroifie, de la pommade & de
la pâte à'ambroifie; en un m o t, on voit partout
que l’en reconnoifloit les dieux 8ç les déefles
à l’odeur qui les accompagnoit & qu’ils laiflbient
après eux, & que cette odeur étoit celle de Y ambroifie.
Mais rien ne prouve mieux les effets de
Y ambroifie, confédérée comme matière odoriférante,
que l’aventure de Ménélas. V. Eidotée.
Le neétar n’eft pas moins célèbre pour fon odeur
que Y ambroifie.
Vambroifie avoir encore une autre propriété 5
elle confervoit les morts : elle faifoit plus, elle
communiquoit aux hommes l’immortalité ; elle
rétablifloit les forces, rendoit la fanté , guériffoit
les blefliires. Vambroifie & le neétar étoient nécef-
faires aux dieux mêmes î ils n’en pouvoient fup-
porter la privation , fans dépérir vifiblement i
la défaillance de Mars, quand il fut enfermé par les
Aloïdes, en eft la preuve. Ils le tinrent treize
mois en prifon, & le nourrirent fort mal. Quand
Mercure vint le délivrer, il le trouva defleché,
fans voix & fans force 3 k neétar le rétablit