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qui a été trouvée effectivement dans le tombeau
de ce prince. . îf
A l’égard des autres galeries 8c maifons de
Rome,elles ne renferment que très-peu de bronzes*
parmi lefquels la ftatue de Septime Sévère , du
palais Barberini, elt la plus connue 5 mais les bras
6 les pieds font modernes. C’eft auifi dans ce
palais que fe trouve la figure étrufque , qui tient
dans fes mains une corne d’abondance moderne.
Dans le cabinet de ce même palais, on conferve
encorënjtTïrès-beau bufte de femme.
A l’exception du palais Barberini, on ne connoît
l’enceinte de Rome que le feul cabinet des anciens
Jéfuites, qui renferme des ouvrages de
bronze , & cela en grande quantité 5 mais on n’entrera
dans aucun détail fur ces bronzes, parce
que la plupart font de petites figures. Les plus
grands morceaux font un enfant & un Bacchus
qui. ont, avec leurs focles antiques, un peu plus
de vingt pouces françois de hauteur ; une belle
tête d’Apollon , de grandeur naturelle, avec la
tête dorée d’un jeune homme , plus grande que
nature. Il ne refte plus à faire remarquer que la
figure d’un jeune garçon repréfenté courant, &
d’environ trente pouces de hauteur. Cette antique
appartenoit autrefois à M. Sabbattini, fameux antiquaire
: Bélifario Amidei, négociant, en fit
depuis l’acquifition pour la fomme de 3 yo écus
romains.
Pour ce qui regarde les villa qui confervent des
Ironies, on n’en remarquera que trois , celles de
Ludovifi, de Mattel & d*Albani. Dans la
première, il fe trouve une tête coloffale de Marc-
Aurèle , & dans la fécondé , une prétendue tête
de Gallien , fort endommagée. Pour la villa Albani
, elle renferme, après le Capitole , la plus
riche collection de figures en bron\t ; colleétion
coûte formée par le Cardinal Alexandre Albani.
Il y ,a deux têtes de grandeur naturelle : l’une
repréfente un Faune, & l’autre paroît offrir un
jeune héros à qui l’on a donné fauflement le. nom de
Ptolomée,à caufe qu’il ale front ceint du diadème.
Ces deux têtes font pofées fur un bufte moderne.
En fait de ftatues, il s’en trouve cinq, dont deux
font entièrement de bronze, tandis que les deux
autres n’ont que la tête, les mains & les pieds
de ce métal, la draperie étant d'albâtre ; pendant
que la cinquième , d’une confervation parfaite ,
eft la plus grande & la plus belle de toutes. Les
deux premières, placées fur leur plinthes antiques
de bronze, font à-peu-près de la hauteur de deux
pieds françois : l’une, qui repréfente un Hercule
reflemblant à celui du palais Farnèfe , fut adjugée
au cardinal dans une vente publique, pour cinq
cens feudis : l’aut/e, qui eft une Pallas, & qui
faifoit partie des antiques de la reine Chriftine,
fut payée par le même cardinal 800 feudis. Les
deux autres figures qui font compoféesde plufieurs
morceaux, offrent une Minerve & une Diane.
Ea cinquième ftatue de bronze de la villa Albani,
eft le bel Apollon Saurobtonos ou Guettant.
un-Lézard. (Jette ftatue , avec fa plinthe antique
, eft haute de trois pieds & demi de France,
8c a été découverte par le cardinal lui-même,
qui avoit fait fouiller dans une vigne au-def-
fôus de l’églife de Sainte-Balbine, bâtie fur
le mont Aventin de Rome. Ceux qui connoiflfent
les Verrines de Cicéron, où il rappelle aux
juges qu’à une vente publique une figure ‘de
bronze de médiocre grandeur, fignum Atteum non
magnum, avoit été payée HS. C X X ., millibust
c’eft-à-dire, trois mille ducats ou zecchini, environ
1 y,000 livres de notre monnoie, ne trouveront
rien moins qu’excefïif les prix des ftatues en
queftion. De ce texte de l’orateur romain, il ré-
fulte que jadis les ftatues 8c les figures antiques,
malgré leur nombre incroyable, étoient payées
un prix beaucoup plus haut qu’aujourd’hui, où
elles font cependant d’unejfi grande rareté. D’après
cette citation , on peut juger de quel prix eft
l’Apollon-Albani, puifqu’il furpaffe la mefure des
figures que Cicéron nomme figna non magna. Il eft
exécuté de grandeur naturelle, & a la taille d’un
jeune garçon de dix ans.
Après Rome, la galerie du grand duc à Florence,
renferme la plus riche collection en bronzes :
outre une quantité de petites figures , il s’y
trouve deux ftatues grandes comme nature, d’une
bonne confervation. L ’une eft un perfonnage
vêtu à la romaine , mais ayant des caractères
étrufques fur la bordure de fa draperie ; l’autre,
qui eft une figure nue découverte à Péfaro, au
bord de la mer Adriatique, paroît repréfenter ua
jeune héros. La Chimère, monftre compoféd’un
lion & d’une chèvre , dans la proportion de ces
animaux, eft pareillement caraCtérifée par des
lettres étrufques 5 c’eft un morceau remarquable j
fans parler d’une Pallas de grandeur naturelle,
& très-endommagée, mais dont la tête eft belle
& bien confervée,
On fera peut-être défapprouvé par quelques-
uns d’avoir rangé Venife après Florence, fur-tout
par rapport aux quatre chevaux de cuivre autrefois
dorés, qui font placés audeffus de la grande
porte de l’églife de Saint-Marc. Les Vénitiens fe
trouvant maîtres de Conftantinople au commencement
du treizième fiècle, firent tranfporter ces
chevaux pour en décorer leur capitale. Mais à l’exception
de ce feul monument, Venife ne renferme
rien de confidérable en grandes figures de bronze:
car pour les têtes qu’on dit être dans la maifon de
Grimani , W in k e lm a n n ne les avoit pas vues, 8?
il n’ofa en parler fur le rapport d’autrui. Quant
aux petites figures du cabinet de Nani, elles n’entrent
pas dans notre notice.
A Naples, dans la cour intérieure du palais
Colobrano, on admire la belle tête d’ un cheval,
morceau attribué fauffement par Vafari à Dona-
tello, fculpteur florentin. Le cabinet royal Farnèfe
renferme un grand nombre de petites figures
de
de bronre, mais dont les parties les plus confide-
rables font fouvent des reftaurations modernes.
Il en faut dire autant de la colleCtion de la maifon
de Porcinari : le plus grand morceau qui s’y
trouve , eft un enfant de la hauteur d’environ
deux pieds françois, d’une exécution a fiez foible.
La figure l'a plus remarquable eft un Hercule de
la hauteur d’environ fept pouces françois ; il eft
repréfenté le bras gauche enveloppé de fa peau
de lion, 8c paroît être de fabrique étrufque.
Il y a en Efpagne une tête deux fois plus grande
que le naturel, repréfentant un jeune homme inconnu.
Cette tête, qu’on voit à Sainte-Ildefonfe,
rient du cabinet d’Odefcalchi, que h feue reine
de la maifon de Parme avoit achetée pour la
fomme de cinquante mille'feudis romains.
Les bronzes .répandus en Allemagne ne font
pas nombreux. A Salzbourg, il y a une ftatue
dont nous parlerons en détail a 1 article de Me-
léagre. Le roi de Pruffe poffède une^figure nue,
qui regarde en haut, les mains levées5 attitude
fingulière, reffemblante à celle d’une ftatue de
marbre 8c de grandeur naturelle, pareillement
nue, qui fe trouve au palais Pamphili de la place
Na voue. On peut citer encore la tête d’une V enus
un peu au-deffous du naturel, ppfée fur un bufte
antique d’un bel albâtre oriental; morceau que le
prince héréditaire de Brunfwik reçut en prefenc
du cardinal Albani. _ ' .
En fait de monümens dé bronze qui potirroient
fe trouver en Angleterre , on ne connoît qa un
bufte de Platon, que le duc de Devonshtre avoit
reçu de la Grèce il y a quarante à cinquante ans :
l’on a(Ture que les traits de ce bufte reffemblent
parfaitement au vrai portrait de ce phiiofophe,
avec le nom antique gravé fur la poitrine; morceau
qui , ayant été embarqué à Rome , pour
l’Efpagne, à la fin du fiècle paffe, périt dans
lin naufrage. Un Hermès du cabinet du Capitole,
rangé, dans la cia fie des figures inconnues ^ eft
parfaitement reffemblant aux deux têtes précédentes.
.
Bronze- (médailles de). Le cuivre eft appelé
bronze , quand on parle des médailles , comme
pour tous les autres monümens antiques de ce
métal. La matière des médailles de bronze n’eft
pas toujours la même. On voit des médailles de
cuivre-rouge dès le tems d’Augufte, particulièrement
dans le moyen bronze. Le grand 8c le moyen
bronzes en renferment auiïi de cuivre-jaune' dès le
même tems. Le père Jobert croyoit en avoir de
bronze de Corinthe : mais nous détruirons plus
bas fon opinion, à l’article de cette efpèce de"
bronze tant célébré par les auteurs latins.
Il y a enfin des médailles faites avec différens
cuivres qui ne font point alliés , mais dont l’un eft
enchâffé ou plutôt encadré dans l’autre. Ces médailles
font frappées avec le même coin fur les deux
cuivres : tels font quelques médailles de Commode,
d’Hadrien, &c. tels aufll .d’autres médaillor.s,
Antiquités, Tome T.
qui ne feroieht que de grand ou de moyen bronze
fans cet encadrement, 8c quelques contorniates.
Les caractères de la légende mordent quelquefois
fur les deux métaux ; d’autres fois ils ne font
placés que für le métal intérieur.
La grande quantité de médailles de bron\e >
qui nous font reftées dès empereurs romains 8c
grecs, les a fait diftinguer en trois fuites relatives
a leurs formes; le grand, le moyen 8c le petit
bronze. On juge du rang dans lequel on doit les
placer, par leur volume, qui comprend l’épaineur,
par l’étendue de la médaille, la groffeur 8c le relief
la tête; de forte que telle médaille ayant 1 épajf-
feur du grand bronze, mais ne portant qu’une tete
du moyen, ne fera que de la fécondé grandeur ;
Sc telle autre dont l’épaiffeur eft très-foible , mais
dont la tête eft allez groffe, fera rangée parmi
celles de la première grahdeur. Le goût particulier
de ceux qui font une colleCtion > influe beaucoup
fur cet arrangement ; car ceux qui préfèrent
le grand bronre au moyen, y font entrer beaucoup
de médailles,-qui, dans la réalité, n’appar*
tiennent qu’au moyen. Ceux qui préfèrent, a*
contraire, le moyen bronze, y placent des médailles
qui devroient être mifesdans le grand,pour
avoir des têtes rares qui fe trouvent difficilement
dans toutes les grandeurs. C’eft ainfi que l’ Othon
de moyen bronze , l’Antonia, le Drufus 8c le Ger-
manicus, fe mettent dans le grand bronze , 8c que
d’autres têtes de petit bronze fe placent dans le
moyen.
Chacune des trois fuites de bronze a fon mérite
particulier. La première, c’e ft-à -d ire , le
grand bronze. excelle par la délicateffc SC la force
au relief, ainfi que par les monümens hiftoriques
dont les revers font chargés , & qui y paroiffent
dans toute leur beauté. La fécondé, ou le moyen
bronze, eft précieufe par la multitude 8c par la
rareté des revers; fur-tout en y réunifiant les
médailles des villes grecques 8c la tin e sq u e l’on
ne trouve prefque jamais en grand bronze. La
troifième , ou le petit bronze , n’a qu’ un fe-iil mérite,
celui d’offrir les monümens du Bas-Empire ?
époque où le grand 8c le moyen bronzes manquent
aux antiquaires , 8c ou l’un 8c l’autre
paffent pour médaillons, lorfque le hafard en
fait découvrir.
La fuite complette du grand bronze ne va pas
au-delà des pofthumes; parce qu’il eft infiniment
rare.de trouver dans le Bas-Empire des médailles
de ce volume. Celles qui fe rencontrent depuis
Anaftafe, n’ont ordinairement ni l’cpaiffeur, ni
le relief, ni la groffeur de tête fuffifante. Cependant
on peut, fans paffer les pofthumes , com-
pofer le grand bronze de plus de trois mille médaillés.
Il eft plus aifé de former une fuite de
moyen bronze. C’ eft la plus complette des trois ;
parce quelle va non - feulement jufqu’aux pofthumes
, mais encore jufqu’à la décadence de
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