
a Corinthe. Arion partit de Tarente, où il avoit ]
frété un navire qui appartenoit à des corinthiens , I
en qui il avoit plus de confiance que dans toute
autre nation. Cependant, quand ils furent en
mer, ils firent le complot de fe défaire de lui,
pour s’emparer de fes richeffes. Inftruit de leur
deflein, le chantre leur déclara qu’il les leur aban-
donnoit, & ne demanda que la vie. Les matelots
ne fe laiflferent point toucher, & lui ordonnèrent
ou de fe tuer, s ilvouloit qu’ils lui accordaflfent
les honneurs de la fépulture quand ils feroient à
terre, ou de fe jeter au plu-tôt dans la mer.
N’ayant donc plus aucun efpoir de les fléchir, -
il leur demanda la permiffion de chanter encore
une fois fur le tillac, après quoi il promit
de fe donner la mort. Les matelots y confentirent
pour avoir le plaifîr d’entendre le meilleur chantre
de I univers j ils le laifïerent près de la poupe,
fe retirèrent vers le milieu du vaiffeau. Arien
fe revetit de fes plus riches habits, prit fa lyre,
chanta, fur le tillac, un nome orthien, .& fe
jeta enfuite dans la mer. Le vaiffeau continua
fa route vers Corinthe j & le chantre fut reçu
par un dauphin , qui le porta au cap de Ténare,
d ou il fe rendit à Corinthe, portant toujours
Jes memes habits.
Arion raconta fon infortune à Périandre, qui,
pour s’ aflurer de la vérité d’un fait fi prodigieux !
le fit garder à vue, & l’empêcha de fortir. Périandre
demanda enfuite aux matelots des nouvelles
d Arion. Ils affinèrent qu’ils l’avoient laiffé à
Tarente, où il jouiffoit de fa fortune. Ces perfides
partaient encore , quand Arion parut avec l’habillement
qu’il avoit en fe jetant à la mer. La
frayeur que leur caufa cette apparition, les força
d avouer leur crime. Cette hiftoire, continue
Hérodote, étoit racontée de même parles Corinthiens
& par Jes Lesbiens 5 & l’ on voyoit à Ténare
un groupe de bronze, offert aux dieux pzx Arion y
& _ reprefentant un homme monté fur un dauphin.
Pline affine auffi la vérité de cette fable, &
en donne pour garanr l ’amitié des dauphins pour
fes hommes, fur laquelle il s’étend fort au long.
A R IS B A , fille de Mérope, fut la première
femme de Priam. Voyé\ Esaque.
ARISBAS, roi d’Epire. apis.
Ses médailles font;
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ARISBE, dans la Troade. apicbehn.
Cette ville a fait'frapper des médailles impériales
grecques en l’honneur de Trajan.
ARJSTÆUM, en Th race. api.
Les médailles autonomes de cette ville font:
jRRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ÀR1STAN. Voye[ E unomus.
TRISTE!? étoit fils d’Apollon 8c ce la nymphe
Cyrene. Cicéron feul, dans fon fixième difeours
contré Verres, le dit iils de Bacchus; mais dans
fon livre fur la nature des dieux, il revient à.
la tradition commune. Arifiée fut reçu en naif-
fant par Mercure, qui le porta aux Heures &
alaTerre, par qui il fut nourri de neéfar & d’am-
broifîe. D’autres ont écrit que les Nymphes l’élevèrent,
8c lui apprirent l’art de faire cailler le la it,
de préparer les ruches & de cultiver les oliviers.
Il fut le premier qui communiqua aux hommes
ces trois inventions. Arifiée , félon une autre tra-
dinon, fut élevé dans l’antre de Chiron ; quand:
il fut adulte, les Mufes le marièrent, lui enfei-
gnerentla Medecine, l’art de deviner, & le mirent
a la tete de tous leurs troupeaux.
, Le fils de Cyrène a tranfmis la manière de»
reparer les abeilles, lorfqu’elles font mortes, &
qu on ne peut en trouver de nouvel effaim. Virgile
raconte ainfi cette fable. Arifiée pourfuivoit un
l ° ur Eurydice, femme d’Orphée, fur les bords,
du fleuve Penée. Un ferpent la piqua pendant
qu elle fuyoit. Une maladie fe répandit auflitôt
fur tous fes effaims, & les fit périr. Il alla fe:
plaindre de fon malheur à fa mère, dans la grotte,
profonde quelle habitoit à la fourcé du "fleuve:
Penée. Celle-ci renvoya Arifiée à Prothée, qui,
après Rvoir pris toute forte dé formes pour lui
échapper, fe rendit enfin, & lui apprit qu’il de-,
voit offrir des facrificesaux Nymphes, compagnes,
d Eurydice, pour apçaifer leur colère, & les
mânes de celle dont il avoit. caufé la mort. 11
immola quatre boeufs & quatre geniffes, qu’il
Jaiiïa fur terre pendant, neuf jours j les corps fe,
pourrirent, & il en fortit des effaims d’abeilles.,
Virgile allure gravement qu’on peut faire ufage
de ce fecret, en prenant cependant quelques précautions
qu’il indique.,
a^a a Thebes, où il époufa Autonoé,.
fille de Cadmus, dont il eut le malheureux Aéféon ,
& une fille nommée Macris. - Après la mort de
ce fils, il confulta l’oracle d’Apollon, qui le détermina
à fe tranfporter dans I’ifle de Çéa. Quand
il y arriva, la Grèce étoit ravagée par une perte/
qu il fit ceffer. II éleva un autel à Jupiter, &
lui offrit des facrifices, ainfi qu’à la Canicule,
dont les chaleurs brûlantes avoient oçcafionné
cette pefte. Les vents étéfiens , qui n’avoient point '
encore foufflé, s’élevèrent fur le champ, & tempérèrent
ces chaleurs meurtrières ; depuis ce tems,
ils fouffient régulièrement toutes les années pen
dant quarante jours. Il ordonna enfuite qu’on
fit tous les. ans des facrifices à la Canicule,
& que les habitans de Céa fe mifient fous les
armes pour obferver le lever de cet aftre, &
pour lui offrir de nouvelles viérimes.
Le fils de Cyrène laiffa fa famille, à Céa, pafia
en Sardaigne avec une flotte que fa mère lui
donna,, s y établit, cultiva & peupla cette ifle j.
il voyagea en Sicile ,, où il enféigna fes fècrets/,
au* habitans. Enfin, il vint en Thracé, où Eac-
chiis l’admit aux myftères des Orgies, & lui
apprit un grand nombre de chofes utiles à la vie.
humaine. Ce.bienfaiteur des hommes fe fixa pendant
quelque tems auprès du mont Hémus, &
difparut enfuite. Les nombreux fervices qu’il
rendit au genre humain, lui méritèrent les honneurs
divins-chez les Grecs & chez les Barbares.
On le nomme quelquefois Agreus ou Nomius ,■
le fécond nom lui fut donné à caufe des troq-
peaux qu’il aimoit, & le premier à caufe de fon
amour pour la charte* Voyeç Cyrène, Eurydice
, Macris , Prothée. '
A R I S T E N E étoit un berger qui demeuroit
fur le mont Titthion,'près d’Epidàurè :'un joiir
qu’ il pafloit en revue fon troupeau, il s’apperçut
qu’il lui manquoit une chèvre,-avec fon-chien;
& s’étant mis à les chercher , il trouva la chèvre
occupée à allaiter un petit enfant, qu’il voulut
emporter. Mais, au moment qu’il' s'approchait
pour le prendre, il le vit tout refplendiffant de
lumière, ce qui lui fit croire' qu’il y avoit dans
cette aventure quelque chofe de divin : Arifiéne
alla publier auflitôt qu’il étoit né un enfant miraculeux
: c’étoit Efculape, dont Coronis étoit
accouchée' en cet endroit. V. Esculape.
a ’p is t o n , le déjeûner des Grecs. C’étoit le
léger repas qu’ils faifoient dès la pointe du jour.
On l’appeloit auffi ctx^UrurfAa. ;
A R IS T ID E . On voit à la bibliothèque du
Vatican, la figure du rhéteur Arifiide,. drapée
& affife, qui n’eft pas une des moindres productions
du fécond fieele de l’ère chrétiennes Le ,
cabinet de Bevilaqua à Vérone, renferme deux
buftes très-bien confervés, & parfaitement ref-
femblans à cette.ftatue ; l’un d’eux eft vêtu d*e
la toge, & l’autre du. paludament ou du rtun-
teau de général. Oft ne fait comment concilier
cet habillement avec la profeffion pacifique d’ Arif-
tide.
ARITHMANTIE ou Arithmomantie. yLe
fécond mot eft plus analogue à l’étymologie.
Ils viennent d’«p/fye<j?, nombre, 8c de /uavrela,
divination : auffi délignent-ils la manière de con-
Boïtre ou de prédire l’avenir par iè moyen’ des
nombres. Delrio en diftingue- deux fortes : l’une
en ufage chez les Grecs, qui confidéroient le
nombre & la valeur des lettres dans les'noms
des deux combattans, par exemple, & en augu-
roient que celui dont le nom renfermoit un plus
grand nombre de lettres 8c d’une plus grande
valeur que celles dont étoit formé le nom de fon
adverfaire", remporteroit la victoire. C’eft pour
cela, difoient-ils, qu’Heétor devoit être vaincu
par Achille..
La fécondé efpèce d' arithmantïe étoit connue
des Chaldéens. Ils pârtageoient Iéur alphabet en
trois décades,, en répétant quelques lettres, puis
ils changeoient en lettres numérales les lettres'
des noms de ceux qui les confultoieftr -, & rap-
portoient chaque nombre à quelque planète, de
laquelle ils tiroient des préfages.
Les Platoniciens & les Pythagoriciens etoient
fort adonnés à l’drithmantie.
ARITHMÉTIQUE.' L ’art de nombrer ou de
confidérer les propriétés des nombres, porte ce
nom, qui vient au mot grec A^ièpof..
-Nous n’avons rien de certain fur l’origine &
l’invention de Y Arithmétique ; mais on peut 1 attribuer
, avec beaucoup de vraifemblancë, à la
première -fociété qui s’eft formée parmi les hommes
, quoique l’hiftoire ri’en fixe ni l’auteur ni le
tems. Il ert facile de concevoir que l’on a dû
s’appliqiier à l ’art de compter, dès que l’on a
eu des partages à faire. Ainfi, les Phéniciens ayant
été les premiers commerçans du globe connu,
plufieurs auteurs leur ont fait honneur de l'invention
du calcul. Ces négorians, qui donnèrent
l’alphabet aux Grecs, leur apprirent fans doute
auffi l'Arithmétique, qu’eux-memes tenoient des
Egyptiens, leurs ancêtres.
Ces derniers expliquoient tout par des nombres.
Pythagore, qui avoit puifé chez eux une
partie de fa do&rine, aftiiroit queja nature des
nombres étoit répandue dans tout l’univers ; que
leur connoiflance conduifoit à celle de la divi-
. nité:, 8c quelle n’en étoit prefque pas différente.
Les aftronomes grecs perfeélionnèrent Y Arithmétique
phénicienne, & la tranfmirent aux Romains,
qui s’en fervirent très-peu,; en ayant créé
- une nouvelle, dont nous rendrons compte plus
bas très-en détail. \JArithmétique dé ces deux
, peùples étoit bien imparfaite, comparée à la moderne
: il parok.même qu’elle ne fervoit qu’ à
combiner les différentes divifions des nombres.
On peut fe convaincre de cette vérité, en lifant
les traités de Nicomaque , écrits au troifième
fiècle de la fondation de Rome, & celui de
Boëce.
Si l’on.veut connoître Varithmétique des ;Grecs,
on pourra confulter ces deux auteurs, & y ajoii-
. ter Y abrégé de Pfellus, publié l’an 1556, en latin,
par Xylander. Comme on n’a prefque jamais be-
foin de Y arithmétique grecque, & que d’ailleurs
' les notions qui nous en reftent font très-vagues,
nous n’infifterons ici que fur Y arithmétique 'des
Romains, qui eft d’un ufage journalier dans U
leéhire' des écrivains latins.
Arithmétique des Romains. Cet article ert
puifé dans l’excellent ouvrage de M. Pauélon,
appelé Métrologie ou Science des mejures. Nous
nous y fommes permis quelques légers change-
mens, pour le rendre plus intelligible.
Les Romains avoient, comme les peuples modernes
, des monnoies idéales & imaginaires 5
I iis tenoient leurs comptes, tantôt par le numéraire
O 9 ij