
Corbulo , quâ incerta Oceani vetarentur. Tac. Ann.
x i . 20. Dion Caflius en parle de même : cumque
fa x effet , eorurn opéra fojfam a Rheno ad Mufam
p e rd u x it longam ad millia paffuum x x i. ne duo
fiuvii &ftuante ' Oceano refiuentes ftagnarent. L’in-
terprcte de Dion a réduit en milles les 170 ftades
de l’auteur (/. ix. p. 686. ).
Ce canal de vingt-trois milles , chacun de 757
toifes, ou de 17411 toifes, commençoit au Rhin,
près de Leyde , & al loi t en ligne courbe fe rendre
à la Meufe vis-à-vis de Gurfliet : Dion compte
peut-être la longueur du canal en ligne droite 3
c’eft pourquoi il ne lui donne que 170 ftades.
Plufieurs auteurs regardent cet ouvrage de Cor-
bulon, comme étant le canal qui fubfifte aujourd’hui
entre Leyde & Maeftand 5 mais ce canal eft
nouveau : les annales de Hollande en marquent
la date & l’auteur.
C a n a l du L e k . Le Lek ou Leck n’ eft
pas 3 comme quelques-uns l’ont cru-, Foffa Cor-
bulonis , l’ouvrage de Corbulon 3 ce fut Claudius
Civilis, ce fameux chef des Bataves , q u i, pour
fe défendre contre les Romains l’an 70 de l’ère
vulgaire, & craignant d’être refferré par Cerialis,
voulut mettre le Rhin entre deux, & rompit la.
digue que Drufus avoir autrefois élevée. Civilis
dirait molem a Drufo Germanico fa Si a m , Rhe-
numque prono alveo in Galliam ruentem, disjeSlis
qûa morabantur ejfudit (Tac. Hift. V. 19.). Ce fut
à l’endroit où eft aujourd’hui la petite ville de
Wyc-te-duerftède ; par ce moyen Civilis verfa les
eaux du Rhin fur les terres de la Gaule , & s’en
fit une barrière contre les Romains 5 c’ eft ce qui
forma le L e k , qui alla fe joindre à la Meufe par
l’endroit où eft Vlaardinge : fes embouchures
fe font élargies & confondues depuis, par les
attériffemens & les inondations, & fur-tout par
les travaux d’une nation aufli induftrieufe.
Canal de Meroué. Le Lek occaftonné par
Civilis, feroit toujours reftépeu confidérable , fi
Méroué, roi des Francs, fécond fucceffeur de
Pharamond , n avoit joint la Meufe à fon lit , en
creufant un canal de Dortrecht à Krimpen : ce
canal a pris le nom de Menve foffa Merovei, &
fait couler les eaux de la Meufe à Roterdam. Outre
la tradition , & l’interprétation de ce nom
foffa Merovei3 qui donne lieu de croire que Méroué
fit ce canal, on voit encore dans la petite ville
d'Invlietv, dans l’ifle de V'oorn , une tour qu’on
dit avoir fait partie du palais de ce Roi : elle eft
extrêmement dégradée 5 mais ce qui refte des
saurs eft-fi folide qu’on ne peut en détacher aucune
partie. Cette mai fon fervit de retraite à Marie de
Médicis, comme on le voit par une înfcription
qui eft fur la porte. I! exifte encore près de Dortrecht
, un' refte de château qui porte le nom de
Méruwe.
Le canal d’Othon alloit de Gand vers la mer :
il appartient plus aux,canaux modernes ,. qu’aux
anciens.
Mais nous pouvons mettre au rang des canaux
anciens, l’entreprife de Charlemagne : ce prince
étant en Franconie en 783 , entreprit de joindre
l’Océan avec le Pont-Euxin, ou le Rhin avec lé
Danube , par le 'moyen de leurs affluens pris
entre Nuremberg & Ingolftad. Le Danube reçoit
près de Ratisbonne une rivière qui prend fa fource
du côté de Rotenbourg , en Franconie, appelée
dans le pays l’Àltmuhl, dans nos Auteurs, halo-
mone, akmana, alcmonum , alomonia > alcmona ;
en latin , altmuna ou alemannus. D’ un autre côté ,
le Rednitz , Radence, Radentia , Rachanta ,
après avoir paffé Alingen & Schwabach, & près
de Nuremberg , fe jette dans le Mein, près de.
Bamberg : le Mein tombé dans le Rhin , près de
Mayence. Le Rednitz prend fa fource du côté
de Weiflenbourg, dans l’évêché d’Aichft.ete ; or
il n’y a pas fix mille toifes entre l’Altmuhl & lç
Rednitz , ce qui invitoit Charlemagne à en faire
la réunion. Charlemagne y employa l’été & une
partie de l’automne 783 , avec une multitude de
travailleurs 3 on avoit déjà creufé une lieue de
canal, lorfqüe les pluies fufpendirent le travail ;
& bientôt rinyafion des Sarrafins, & la réunion
des Saxons avec les Normands ^ obligèrent l'Empereur
à porter fes troupes dans d’autres provinces.
O11 voit encore des veftiges de ce canal'auprès de
Dettenheim , dans le comté de Pappenhei/n, trois
mille toifes au nord de cette ville , deux milles &
demi au fud-oueft de Wefteimbourg, ville Impériale
, près de laquelle commence le Rednitz,
& vers le village de Gr&ben ( qui lignifie foffa ) ,
à 490 de latitude & 29° de longitude , on y trouve
des excavations de 300 pieds de large , &r ico
pieds de profondeur. Sealiger parle de ce canal
dans fes Opufcules,/>. 545 : « Je m’étonne, dit-il,
» que nul Empereur de Germanie n’ ait voulu de
>0 nouveau reprendre les erres de Charlemagne
» y ayant fi peu d’intervalle entre les deux ri-
* vières..55
C a n a l d ’A n g l e t e r r e . L ’Angleterre, ce
royaume devenu par la fuite fi célèbre» n eft giièr&s
connu de 1 Hiftoîre avant l’époque de la conquête
des Romains : on pouvoit regarder alors comme un
bonheur pour des peuples barbares , d’avoir été
fubjugués par des maîtres »raifonnables, qui fa-
voient-tempérer les rigueurs de» l’efelavage 3 &
réparer par leurs bienfaits îes’défaftres caufés par
leurs armes r tous les pays qui. furent fous leur
domination , & en particulier PÂngleter.re con-
fervent des marques de leur grandeur & de leur
activité. Le peuple des campagnes en confidérant
les reftes de cette magnificence , -les nomme
des ouvrages de vgéans ( Cambden , p. 44 0 ;
C’étoit des murailles énormes dont, la Colidite
répondoit à leur hauteur & à leur étendue 3 fies
marais deflecfrés, des forts élevés., des. .voies,
publiques , conftruites à grands frais » &c. ..Le
règne feul de Trajan nous offre un exemple de
ces grandes entreprifes des Romains dans la
Grande-Bretagne : Vias Trajanus refecit, dit
Galien : Qu& quidern earupi humida ac lutof& erant
parus lapidibus fternens, aut editis egefiionibus
exaltans y qu&fenticof& & afpera erant eas expur-
gans, 3 ac fiumina que. iranfiri non poterant pontibus
jungens y ubi longior qudm opus via videbatur aliam
breviorenï excindens ,ï ficubi vero propter arduum
çollem difficilis erat, per mitiora loca defleStens :
jam f i obffeffi ferip , vel defertaab ilia transferens
ac per habitata ducenstum afpera complanans. .
Galen. 1. I X , c. R.
Il n’y a pas d’auteurs anciens qui fafifent mention
de canaux artificiels dans ce pays ; mais M. Gauthier
en indique un aflez confidérable. On trouve,
dit-il' ( ConftruSiion des chemins , p. 109. ) , dans
l’Angleterre un canal fait par les Romains, lequel
étoit autrefois navigable, & qui s’étendoit depuis
la rivière de Nyne , un peu au-deftous de Péter-
boroug, y j mille toifes au nord de Londres ,
jufqu’à la tivière de "VYitham , trois milles au-
delTous de Lincoln , c’eft-à-dire, du midi au
nord le long du golfe de Bofton, affez près de
la rivière du T ren t, par laquelle on peut aller
dans l’Humber, & de-là àYorck. La plus grande
partie de ce canal, que les habitans nomment
Çar-Dike, eft à préfent comblée. Il avoit plus de
quarante milles de longueur. Par ce qui refte
encore de ce canal, on juge qu’ il étoit fort large
& for): profond. Il y en a qui croyent que c’ eft
un ouvrage des Danois3 d’autres, qui) fut fait du
temps de l’empereur Domitien, à eau fe des médailles
& des urnes que l’on a trouvées fur les
bords de ce canal, Stukeley ( Hifiory o f Caraufius.)
parle de ce canal que M. Oberlin appelle Foffa
Caraufii a Peterkorougk ad Eboracum. Cambden ,
dans fa defeription de la province de Lincoln,
parle feulement d ’un canal qu’Henri premier avoit
Fait tirer de la rivière de Witham, à celle du
Trent, dans l’efpace de fept milles. Ce canal,
félon cet auteur , fe nomme Fofle-Dike, & il
eft marqué fur fa carte 5 mais on ne voit pas fi
c’eft l’ancien canal des Romains , comblé par le
laps de tems, que l’on auroit fait ouvrir de nouveau.
- C A N C E L L A R IU S . Ce mot ne fe trouve
point dans les auteurs latins avant Vopifcus. Parlant
de Carin, cet hiftorien dit qu’il fit une chofe
honteufe en choififtant un préfet de Rome dans le
nombre de fes officiers appelés Cancellarii ( in
Carin. c. 16.). Pr&feElum Urbi unumex cancellariis
fuis fecit : quofoedius nec cogitari potuit aliquando
nec dici. L’étonnement que ce choix produit fur
Vopifcus-, annonce combien peu étoient confi-
dérées les fonctions des cancellarii. On croit que
c’étoient de fimples portiers, ou huifliersNde la
chambre des grands, qui fe tenoient en dehors
des rideaux & des baluftres ( cancelü ) qui fermaient
les appartenons de leurs maîtres. Leurs
fonctions acquirent cependant de la confidération
fous Cafliodore, & ils devinrent les confeillers
du prince ( Caffiod. Var. XI. 6 .) : Lucidas fores
tenebat & clauflra patentia. . . . judicum jujfionibus
obfecundabat.
CAN C E L L I , grilles ou jaloufies faites avec
des morceaux de bois légers & croites. Les anciens
en méttoient à leurs fenêtres & aux portes,
afin de donner de la fraîcheur aux appartenons,
fans en laifter cependant les croifées libres. Les
portiers qui veilloient chez les grands à ces portes
grillées, en prirent le nom de cancellarii.
Dans le moyen âge, cancelli défignoit le con-
fiftoire de Charlemagne, c ’eft-à-dire, 1 endroit
entouré de grilles dans lequel il tenoit confeil
fur les affaires de fon empire. Cancelli fut encore
le nom des cabinets grillés , que nous appellerions
aujourd'hui greffes , dans lefquels les notaires ou
greffiers expédioient les aéles aux parties.
Le podium des amphithéâtres étoit entoure de
filets très-forts , de cylindres de bois mobiles
fur leur axe, ou de grilles , cançelli , deftines a
retenir les bêtes qui auroient voulu s’ élancer fur
ces places d’honneur. Elles avoient befoin1 d etre
ainfi'garanties à caufe de leur peu d’élévation
au-defïus de l’arènê. Ovide parle de ces grilles
du podium ( n i . Amor. eleg. 1. v. 6 3 .) :
Si pendent tibi crura : potes. 3 f i forte juvabit3
Cancellis primos inferuiffe pedes.
On appeloit encore cancelli, tes limites ou les
bornes des champs 3 peut-être parce qu’elles
étoient formées par des palilfades faites comme
des grilles, cancelli. De-là vint chez les arpenteurs
le mot cancellatio, qui défignoit l’aétioa
de fixer les limites ou les divifîons d’un pays. Le
refpeét que les anciens avoient pour le dieu Terme
& pour les bornes des champs qui lui étoient'
confacrées , faifoit une partie de leur • religion.
Ils rendoient un culte à ces bornes, cancellis ,
& les arrofoient à certaines époques avec des
libations facrées. Les capitulaires de nos premiers
rois & les canons des conciles défendirent fou-
vent ce culte fuperftitieux rendu aux bornes 8c
aux limites des champs.
CANCER. Voyei Lerne.
CANDALUS. Voye^ HéliAdes.
CANDARENA, ou Candrenà , furnom de
Junon , tiré de la ville de Candara, en Paphlagonie,
où qiîe étoit honorée d’un culte particulier.
C A N D E L A B R E S . Les candélabres des
anciens fervoient à porter les lampes que l’on
plaçoit au-deftus. Ils étoient faits comme les guéridons
modernes. Quoique les auteurs de traités
d’agriculture parlent de chandelles, ou bougies,
candila 3 & quoique , félon V'arron , candelabrum
en foit dérivé, il eft certain que de plus de cent
1 candélabres trouvés à Herculanum , aucun n’a-
N n n n ij