
les Àflÿriens, voifins des Juifs , avoiént leurs
jeûnes facrés. Les Egyptiens-, dit Hérodote ,
facrifient une vache à liis , après s’y être préparés
pûr des jeûnes > & ailleurs , il attribue la même
coutume aux femmes de Cyrêne. Chez les Athéniens,
les fêtes d’Eleufîne & des Tefmophories
étoient- accompagnées de jeûnes rigoureux, fur-
tout entre les femmes, quipafloient un jour entier
affiles à terre dans un habillement lugubre, 8c fans
prendre aucune nourriture. ÇMallet).
Les Pythagoriciens ne mangeoient ni chair ni
poiffon,. du moins ceux d’entr’eux qui faifoient
profeffion d’une grande perfection, & qui fe
piquoient d’avoir atteint le dernier degré de la
théorie de leur maître. Cette abftinence de tout
ce qui avoit eu v ie, étoit une fuite de la métemp-
fycofe : mais d’où venoit à Pythagore l’averfion
qu’il avoit pour un grand nombre d’autres alimens,
pour les fèves , pour la mauve , pour le vin , &c. ?
On peut lui palier Y abftinence des oeufs ; il en de-
voit un jour éclore des poulets. Où avoit-il imaginé
que la mauve étoit une herbe facrée, folium
fanftijfimum ? Ceux à qui l’honneur de Pythagore
eft à coeur, expliquent toutes ces ch o fes j ils
démontrent que Pythagore avoit grande raifon
de manger des choux, & de s’abftenir des fèves $
mais n’en déplaife à Laërce, à Eullathe, à Aélien,
;i Jamblîque, à Athénée, &c. On n’apperçoit
dans cette partie de fa philofophie que de la fuperf- ‘
rition ou de l'ignorance : de la fuperftitions’il
penfoit que la fève étoit protégée des dieux 5 de-
l’ignorance, s’il croyoit que la mauve avoit quel“
que qualité contraire à la fanté. Il ne faut pas pour
cela en faire moins cas de Pythagore : fon fyftême
de la métempfycofe ne peut être méprifé qu’à
tort, par ceux qui n’ont pas affez de philofophie
pour connoître les raifons qui le lui avoient fug-
géré, ou qu’à jufte titre par les Chrétiens, à qui
Dieu a révélé l’immortalité de famé & notre
exiftence future dans une autre vie. {Diderot').
Les Romains pratiquèrent auüïi des jeûnes réglés
en l’honneur de Jupiter. Les hiftoriens font mention
de ceux de Jules-Céfar, d’Augufte, de Vef-
pafien, de Marc-Aurèle, 8cc. Les Athlètes en
pratiquoient d’étonnans. S. Jérôme dit que les
prêtres de Cybèle s’abftenoient pendant quelques
jours de toute nourriture , afin de manger enfuite
avec plus de plaifir des faifans. Les décemvirs
délirant appaifer la colère du Ciel, 8c détourner
les calamités annoncées par des prodiges, ordonnèrent
, d’après les livres fibyllins, en l’honneur
de Cérès , un jeûne public, qui devoit être renouvelé
tous les cinq ans. On croyoit repréfenter
le jeûne que pratiqua cette divinité, pendant
qu’elle cherchoit Proferpine.
ABSYRTE, fils d’A ë te , roi de Colchide &
frère de Médée. On raconte fon hiftoire de plu-
fieurs manières. Quand cette magicienne eut pfis
la réfolution de fuir avec la toi fon d’o r , elle étoit
' fure que la vieiilefîe empêcheroit fon père de la pour«. *
fuivre. Son frère étoit feu! capable de courir aprèi
elle & de l’atteindre : elle le prévint, en le faifant
égorger dans le palais même d’Aëte. Suivant d’autres,
il-fuivoit Médée dans fa fuite, ou même elle
l’avoit enlevé avec la toifon d’o r , ou enfin il avoit
été pris dans une bataille que les Colches perdirent
fur les bords du Phafe, contre les Argonautes.
Ceux-ci étant preffés par A ë te , Médée coupa
Abfyrtke par morceaux, qu’elle fema fur la route
de fon père., afin de fufpendre fa marche par un
fpedtacle auflî douloureux.
Quelques autres enfin, difent que ce prince fut
chargé par fon père de pourfuivre Médée : celle-ci
ayant attiré Abfyrtke à un rendez-vous, fous
prétexte de la tirer des mains des Grecs, q u i,
difoit-elle, l’enlevoient contre fon gré * elle le
fit maflacrer , & répandit dans le chemin fes
membres déchirés, qui arrêtèrent quelque teins
les compagnons de ce malheureux frère, & donnèrent
a Médée le tems de fuir. Les uns placent
cette trifte fcène dans la Colchide ; les autres fut
les côtes de l’Illyrie, dans le golfe Adriatique ,
8c prétendent que les ifles Abfyrtides en prenoient
leur nom » les autres à T ornes, ville fituée fur les
bords du Pont-Euxin , à la droite des embouchures
du Danube*, elle a pris fon nom, difent-ils, de
cette aventure, Tïpm, d’où Tlfv.ç ou eft dérivé
, fignifie couper. C’eft dans cette ville qu’Ovide
fut exilé, 8c finit fes jours.
Onomacrite rapporte d’une autre façon cette
hiftoire, à laquelle il ôte tout ce quelle préfente
d’horrible. Selon lui, Acte donna une flotte à fon
fils Abfyrtke, pour aller à la pourfuite des Argonautes.
Ceux-ci, après avoir erré long-tems fur
plufîeurs mers, arrivèrent au pays des Phéaciens,
où il rencontrèrent la flotte dAbfyrtke, qui y étoit
venue par un autre chemin, & les y attendoit.
Abfyrtke demanda que Médée lui fût rendue ; 8c
l’on convint de part 8c d’autre que Jafon feroit
obligé de la lainer aller, fi véritablement il ne
l’avoit pas époufée. Mais la femme d’Alcinoüs ,
qui avoit été prife pour juge, fit célébrer la même
nuit la cérémonie au mariage, 8c déclara enfuite
z Abfyrtke qu’elle favoit, à n’en pouvoir douter,
que les deux amans étoient mariés dès l’inftant de
l’enlèvement de Médée. Alors le prince de Colchide
fut obligé de fe retirer, & de laiflèr Médée
continuer fa route vers la Grèce. Voye^ Ae t e ,
M éd é e , J a s o n .
ABUB. Ce mot chaldéen, qu’on trouve dans
le vieux Teftament, pour défigner’ un infiniment
de mufique, fignifie, félon quelques auteurs, la
même chofe que kugab ou ugab. F'oye^l]GAB.
KircHer, dans fa Mufurgie, fait de Yabub un
inftrument à vent du genre des cornets -, mais non
percé de trous pour produite les differens tons : il
ne cite aucune autorité, ainfi nous n’ en dirons
pas davantage.
Quelques - uns veulent que Yabub ou abuba,
fignifie
fionifr -ure flûte , & la même que les Latins appe-
\ o ii-n aM u iu . La grande reffemblar,ce des mots
rend très-probable cette opinion, qui eft aufifi celle
de dom Calmèt. H n MfflMls il1
Un pairage du Talrnud tend encore a la confirmer
11 y eft dit que Ubuh etoit un mftrument
qui fe trouvoit dans le fan&ia.re du temple de
Salomon, Sc qui avoit exiile déjà depuis Moite,
il étoit mince , uni & de rofeau , qualités qu
conviennent toutes aux flûtes. De plus, le
le fit garnit d o r , & le Ton te perdit : on^ota
l'o r , & le fon redevint tel qu il etoit. La meme
chofe arriveroit à une flûte mince ; 1 or étant un
métal très-compaéte & peu elaftique , en ren-
droit le fon fourd 8c trifte. _A . ,
■ D ’au tre s v e u le n t e n c o re q u e 1 abub t u t la ba
g u e tte de ro fe au d o n t o n fr a p p o it le tam b o u r des
H é b re u x , p ré te n d a n t q u e c e tte b a g u e tte d e ro fe a u
r e n d o itle fo n d u tam b o u r p lu s d o u x . Mais je p e in e
q u ’il fa u t s'en te n ir a u fe n tim e n t d e ceux q u i fo n t
d ‘ abub u n e flû te . ( A f. de Caflillon fils').
ABUDOS, dan s les Gaules'. A b u d o s .
Les médailles autonomes de ce peuple font :
O. en or.
R RR R. en argent. ( Pellerm).
O. en bronze. . A
A BU R IA , famille romaine, dont on a aes
médailles j elles font :
RR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or. -
Le furnom de cette famille eft Geminus. . ^
ABYDE , ville d'Egypte, la plus grande apres
Thébes ; elle étoit à fept mille cinq cens pas du
Nil, vers l'occident, & au-deffous de Diofpoiis,
de Tentyris & de Ftolémaide. Le fameux roi Me.n-
non y demeura, & y fit bâtir un fuperbe palais. Le
temple & le fépulcre d’Ofiris, qui etoient dans
cette ville , la tendirent extrêmement recommandable;;
mais elle devint principalement célébré
par l'oracle du dieu Béfa, qui répotidoit par écrit,
îorfqu on n avoit pas la commodité de le conlulter
en perfonne. Strabon parle à’Abyde, comme d une
Ville fort délabrée de Ton tems; on croit qu elle
s’appelle aujourd’hui Aboutige ou Abütich. {C. A.)
. ABYDUS , en Troade. ABïAHNQN.
L'ancre & un poiffon forment le fymbole ordinaire
de cette ville. On voit auifi un mafque fut
fes médailles St un aigle pofé. Ses médaillés auto-
nomes, font :
RRRR. en br. '
C. en argent.
. R. en bronze. ’ . ’ . ■ , . .
Cette ville a fait frapper des médaillés impériales
grecques, en l’honneur d’Augufte, de M. Aurele,
de Verus, de Commode, de Sévère, de Caracalla,
de Marnée. ' . /T V.- \
• Virgile parle dans fes. Georgiqües (L. I , rv. 2.07.;
des huitrës que l’on pêchbit à Abydé. Les amours
de Léandre, qui y avoit pris naiffance, 1 ont rendue
Antiquités , Tome !•
très-célèbre 5 mais la molleiie des habitans d Abyde
étoit plus fameufe encore : on difoit proverbialement
en Grèce : N ’aborde^ pas fans précaution a
Abyde , pour fignifier que l’on devoit éviter la
compagnie des gens débauchés. V . .
Le climat de la Phrygie 8c de Home, qui rend
fi mois & efféminés les peuples de ces belles contrées,
auroit pu les faire tous comprendre dans ce
proverbe , avec autant de raifon peut-être que les
Aby démens- . A .
Ces derniers avoient encore fait naître un iecond
proverbe. On appeloit banquet dAbyde, un repas
ennuyeux & fâcheux; parce que les Abyde mens
étoient dans l’ufage de porter autour de la table
tous leurs enfans', afin que chacun des convives
les embraffât. l’ un après, l’autre. Leur laideur ou
leur malpropreté n,e pouvoient difpenfer perfonne
de ces carefles faftidieufes & dégoûtantes.
ABYLA.' Voye^ C o l o n n e s d‘Hercule.
ACAGALLIS. Paufanias femble diftinguer deux
Acacallis ; l’une fille de Minos, dont Mercure devint
amoureux, 8c eut un fils nomme Cydon. Il
qualifie fimplement nymphe l’autre Acacallis, fans
dire dequi elle étoit fille. Apollon abufa de celle-ci
à Tara, ville de Crète, dans la maifon de Carma-
nor. V. CARMANOR. Ce dieu eut deux fils Acacallis,
Philacis & Philaridre. D’autres n’ont parlé
que d’une Acacallis , & ont dit qu elle avoit eu
commercé avec Apollon 8 c avec Mercure ; que
d’Apollon elle avoit eu Naxus,. 8c de Mercure
Cydon, qui donna fon nom à la ville de Cydonie.
11 pàroît que l’amour d’Apollon pour elle fut de
longue durée , puifque quelques auteurs difent
qu’-il eut encore de cette princefte Milet, pere de
Byblis & de Caunus. V. Mil e t . On donne encore
à Acacallis un autre fils, nommé Amphitémis,
8c furnommé Garamas. On ne fait fi^ c’ eft lui qui
a donné fon nom. aux Garamanthes d’Afrique, ou
fi Ce nom lui vint des Garamanthes’.
ACACIA. U acacia connu des anciens, eft celui
que l’on trouve encore en Egypte : on l’appelle
cajfie ; félon d’Herbelot gàgie , en latin fpina &gyp-
tia. C’ eft un arbriffeau épineux, qui porte des
i fleurs quelquefois jaunes &c quelquefois blanches.
Le fruit, qui eft renfermé dans une goufte , ref-
femble. beaucoup au lupin. Cet arbre fournit la
gomme arabique 8c un fuc appelé le vrai acacia.
Les Arabes donnent à Y acacia d’Egypte k nom
d'om-gailan, la mère des fatyres ou des démons
-qui habitent les forêts. On fait qu’il eft tres-diffe-
rent des acacias du nouveau monde.
Les Egyptiens regardoient leur acacia comme
un arbre facré, 8c avoient pour lui une grande
vénération. On doit l’attribuer peut-être aux bons
effets que la Médecine rttiroit dès-lors du fuc de
Y acacia, employé encore aujourd’hui avec fuccès
contre les hémorragies & les crachemens de
faïïg. . 1 1 i • N
A cA c rA . Les antiquaires donnènt ce nom a un
i petit fac ou rouleau long & étroit, que l’on- voit