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confus de leurs armes,.& en frappant avec leurs
épées fur les boucliers.
ACCO, étoit une vieille femme, dont Coelius-
Rhodiginus (li!>. 16 , c. i ) i parlé, & qu'il dit
avoir été célèbre chez les Grecs, fans que nous
puifïions rien découvrir fur fon pays , & fur le
rems où elle vivoit. Il raconte que cette Acco fe
voyant dans le miroir laide & décrépite, devint
folle de douleur. On avoit fait à cette occafion le
mot accïjfare, devenir fou, infenfé. Lucien &
Olympiodore parlent d'elle au fujet de l’expreflion
kn.KiZfip.ea, je difïimûle : car cette femme avoit
l'habitude de refufer les chofes qu'elle defîroit le
plus ardemment. Au relie, ces traditions font fi
vagues, qu'on ne fauroit peut-être y reconnoître
rien d'arrêté , finori un abus de l'étymologie.
ACCOLE1A, famille romaine , dont on a des
médailles.
RRR. en argent.
O. en bronze.
O. en or.
Le furnom de cette famille eft Lariscolus.
ACCORDS. Quoique l'on ait beaucoup écrit
fur la Mufique des anciens, on n’a point encore
fur cet art des notions claires & précifes, & les
travaux de MM. Burette & Roufïier n'ont pas levé
entièrement le voile qui obfcurcit cette quellion
épineufe : nous en parlerons avec détail à l'article
M u s iq u e , & nous dirons feulement ici, que le
plus grand nombre des écrivains modernes s'accordent
à refufer aux anciens la connoilfance des
accords ou de l'harmonie. Nous voyons cependant,
que cette alfertion eft au moins trop générale,
ii elle n’eft pas abfolument contraire à la vérité.
Car ,. fans parler des recherches de M. Dutens fur
cet objet, que l'on trouve à la page 246 du fécond
tome de la nouvelle édition de l'Origine des découvertes
attribuées aux modernes , Paris 1776 j de
celles que renferment des remarques fur Apulée,
(ù la page 3 3 0 , 1743", 2 1;<?/., traduit. franjoife) ,
nous nous contenterons de citer ici deux panàges
de Plotin, qui nous ont été indiques par notre
favant confrère M. de Villoifon.
Ces deux paflages n'ont été employés par aucun
des auteurs qui ont écrit fur l'harmonie, quoiqu'ils
aroiffent décififs. Les voici traduits en latin par
icin : ( Plotin, Baße, 1580, enneadç i n 3 liv. £>,
p a g . 304). . .
» Numquid igitur f i dicamus virtutem ejfe confo-
nantiam quamdam , vitium vero dijfonantiâm , opi-
nionem antiqaîs confonam in medium adducemus ?
Ac pr&terea ad id quod qu&rimus ad modum condu-
cemus. Si enim virtus eft hoc ipfum, fcilicet partes
anima, ejfe fecundum naturam inter fe concordes 3-
vitium verb ejfe difcordes : nihil utique adventitium ,
nihil aliundenobis adyeniet 3fed pars quolibet qualis
in fe eft j concentum ingredietur : neque ingredietur
in dijfoAantiam fie fe habens , quemadmodum tripu-
diatores filtantes , & invicem concinentes : & f i non
iidem fint, & folus quis canens coteris non canen-
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tib u s, & quolibet fecundîim f e cantante. Non enim
oportet concinere folùm , veriim etiam quemlibet
quantum ad j e pertinet, mufica propria rite cantare,
adeo ut & illic in anima confonantia f i t 3,quando pars
quolibet quod fib i eft eonfentaneum per agit. Oportet
fa n é ante confonantiam ipfam aliam uriius cujufque
partis virtutem ejfe, v e l aliam pravitatem ante mu-
tuam dijfonantiam *>.
..(Plotin, enneade i v , liv. 4 , pag. 43ƒ.) :
» S o l autem v e l alia quovis fteltti koc ipfum ne-
quaquam animqdvertit. Confiftit verb vo ti poteftas
in confenfione quadam partis adpartem compatiendi :
quemadmodum in nervo quodam tento contingit, ubi
cùm infima pars movetur, mox movetur &fumma.
S ope etiam alio quodam nervo pulfato tremit & alter,
quafi perfentiat ex concordia. Idque potijfimum,
quoniam eadem prorfus contemperati fu n t confonantia.
Quod f i ab alia quoque lyra motus transfertur in
aliam, id etiam ex compatiente quadam confenfione
proficifci putandum. Igitur & in univerfo una eft har-
monia3 quamvis f i t ex contrariis ; nam eft etiam ex
fimilibus omnibufque cognatis, etiam kis quo contraria
fu n u *>
» En difant que la vertu eft une certaine çônfo-
nance, & le vice une diifonance, foutenons-nous
une opinion conforme à celles 'des anciens 5 avançons
nous dans la recherche des objets qui nous
occupent ? Si en effet la vertu confifte dans Y accord
des parties de notre ame, &: le vice dans leur
difcordance, ces deux états différens de I'ame ne
lui ajouteront rien d’extrinfèque à fon effence.
Mais chacune de fes parties entrera en accord fans
former de difîbnance. C'eft ainlï que nous voyons
des danfeurs fe mettre enfemble en mouvement,
en chantant les uns avec les autres : quoique ces
chants ne foient pas femblables , & que fouvent
un feul fe falfe entendre, ou que pïufîeârs chantent
en même-tems, chacun cependant n'étant occupé
que de fon chant particulier : car il ne fuffit pas
aux muficiens de chanter feulement, mais il faut
encore qu'ils chantent chacun feloa la loi & le
rhithme de la partie qui lui eft affignée. De même
I'ame eft dans une confonance parfaite, lorfque
chacune de fes portions exécute les mouvemens
qui lui font propres, quoique différens les uns des
autres. Il eft donc évident que ces portions avoient
chacune, ou une aptitude reconnue avant qu'elles
entraient dans Y accord, ou des défauts antérieurs
à la diifonance quelles doivent ocçafîon-
ner. »
'à II n'eft pas néceffaîre de fuppôfer dans le fo-
leil ou dans les étoiles une intelligence qui puiffe
être affeétée par les antipathies ou les fympathies.
Ces dernières ne confîftent que dans Y accord d'une
partie ayec une autre partie fufceptible de la même
affeétion : c'eft ainfî que dans une corde tendue ,
lorfqu'on fait fonner la partie inférieure, on entend
frémir la partie haute. Souvent même une corde
tendue étant mife en vibration, on en voit une autre
s'ébranler, comme 11 elle étoit avertie par Y accord
nuî rèsne entr elles.deux. Car cet effet furpren>nt I
eft produit principalement lorfqu elles font dans un
rapport de confonance. Si le mouvement donné
aux cordes d'une lyre, fe communique a une aure
lyre, on n’en peut également attribuer la caufe
qu'à la confonance feule. Il régné donc dans l univers
une véritable harmonie, qui eft compolee
même des effets contraires : car ceux-ci ont une
origine commune & une reffemblance palpable,
malgré la diverfité de leurs natures. »
Ces deux paffages n'annoncent- ils pas dans
Plotin, qui vivoit au troifième fiècle, une con-
noiffance très-diftin&e des aeçords, des difionances
& du rapport des portions de la corde vibrante.
On iai{fe aux le&eurs le plaifir d'en tirer les con-
féquences naturelles : elles augmenteront encore
le refped raifonné que doit aux anciens tout
homme inftruit & impartial.
ACCOUCHEMENT. Les grecques & les
romaines ont fignalé à l'envi leur fuperftition dans
cet inftant, où elles donnoient des citoyens a la
patrie. | g t f .
Les Grecs appeloient ElXsiétfi* ou Eîxhôoi* , quelquefois
même EAevûa (antholog• m - c. 23 , ep.>9) ,
la divinité qui préfidoit aux accouchemens. C elt
la- même que les Latins invoquoient fous le nom
de Lucine. V . ce mot.
Les grecques lui adreffoient leurs voeux, afin
qu'elle adoucît leurs fouffrances 5 & elles regar-
doient comme une marque particulière de la bienveillance
des dieux, un accouchement qui n’étoit
accompagné d'aucune douleur. Theocrite, dans
l'idylle 17e, qui contient l'éloge de Ptolémée,
dit que Bérénice, fa mère, étant fur lé point de
mettre au monde ce prince, invoqua Ilithie, &
•que cette divinité bienfaifante éloigna d elle toutes
les douleurs.
Les anciens croyoient même que cette faveur
n'étoit accordée qu'aux femmes dont la conduite
avoit toujours été fans reproche. C'eft par ce motif
que dans l'Amphitryon de Plaute (aile y 3fcene 1),
on combat la jaloufie du mari d'Alcmène :
— Intereâ uxorem tùam
Neque gementem, nequeplorantem noftrum quifquam
audivimus.
Ita prefeclo fine dolore peperit.
Mettre au monde deux gémeaux, annonçoit encore
la bienveillance des dieux : nous l'apprenons de la
même fcène de Plaute, où l'on emploie cette con-
«/-»ut* d c f n i i r p Iac n n II 9 r f l f i r l lS
BR. A t ego faciamy tu idem ut aliter prodices ,
Amphitryo, piam & pudicam ejfe tuam uxorem ut
fe ia s j
De ea reftgna atque argumentapaucis verbis eloquar:
Omnium primum3 Alcumena geminos peperit fihos.
AM. A in tu geminos ? D i me fervent ! BR. Sine me
dicere ,
Ut feias tibt tifaque uxori deos ejfe omnes propitios.
L'invocation des dieux n'étoit pas 1 unique fôu-
lagement que les Grecs croyoient apporter aux
femmes en travail ; ils mettoient dans leurs mains,
pour atteindre le même but, des palmes, c eft-a-
dire, des branches de palmier : ces rameaux annon-
çoient ordinairement la joie & la victoire , &
faifoient connoitre que l'on étoit paffe du fein de
la trifteffe au comble du bonheur. On trouvoit cet
emblème dans la nature du palmier , qui plie fans
fe rompre, & paroît fe relever avec d'autant plus
de force qa'il a été plus violemment comprime.
Latone étant fur le point d'accou.cher d Apollon,
prit des palmes dans fes deux mains,pour appaifer
fes douleurs violentes quelle reffentoit. C eft pourquoi
Théognis dit à ce dieu ( Gnom. verf. y . ) :
La déeffe Latone étant près de vous donner le
jour, fe faifit de branches de palmier. L’hymne
à Apollon, attribué à Homère , dit que fa mere
accoucha de ce dieu fur les bords du fleuve Inopus,
auprès d’un palmier.
Les romaines qui étoient près de donner ua
citoyen à la république, ne fe contentoient pas
d'invoquer Julio n fous le nom de Luctne ou d'ili-
thye y elles appeloient à leur aide d autres divinités,
telles que M e n a , Vertunda, Latone Sc
Egérie , qui préfidoient aux accouchemens , dit
nixii. Mais elles avoient une confiance plus grande
encore dans les déeffes Profa ow Prorfa^ & Poft-
v e rta , qui veilloient à la manière dont l'enfant fe
■ préfentoit au fortir de Y utérus.
ACCOUCHEUSES. On croit que les Egyptiens
étudièrent les premiers l’art des accouchemens;
mais l'on ignore auquel des deux fexes la pratique
de cet art fut confiée chez eux.
Les anciens Grecs n’employèrent long-tems que
des accoucheurs, parce qu'il leur étoit défendu
par une loi de faire apprendre à des efclaves, ou
à des femmes, la théorie & la pratique de la Médecine
j car on fait que cette fcience comprenoit
alors avec la Médecine la Chirurgie & la Pharmacie.
De forte que plufieurs femmes périrent en
couches , la pudeur les ayant empêchées d’em-
I ployer le miniftère d’un autre fexe. _
Frappée de ce malheur, Agnodice fe dé gui fa
en homme, & étudia la Médecine fous le pro-
„ fefieur Hérophile. A peine y eut-elle fait quelques
progrès , quelle découvrit fon fexe aux athéniennes
fes compatriotes, qui jurèrent unanimement
de ne point prendre d'autre accoucheur. Les
médecins, tâchés de relier dans l’inadion, & de
voir Agnodice occupée feule aux accouchemens ,
l'accufèrentdevantl'Aréopaged’abufer des femmes
auprès defquelles ce prétendu médecin ctoit appelé.
Agnodice repouffa facilement cette açcufation, en
apprenant aux juges quelle étoit femme. Mais les
médecins lui firent un crime d'avoir contrevenu à
la loi qui défendoit à fon fexe d’étudier la Médecine.
Les aréopagiftes allouent la condamner fur
ce nouveau délit, lorfque les femmes d'Athènes
les plus diftinguées accoururent pour défendre