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monte fur I>horii»nJ& femble-présager à Cadmüs
Ta metamorphofe j mais les flambeaux 4e l’hy-
menee forment une lumière égale à celle du jour.
Tous les dieux afliftent à la fête’, & font des pré-
fens aux nouveaux époux : Harmonie devient mère
de plufieurs enfans, dont le poète raconte les '
aventures dans quelques chants épifodiques. Celle
qui fixe de préférence fon attention, eft: la belle
Seméle, mere de Bac chus , aux cornes de boeuf.
(lib. v . v e r f . ) »
/*« Arrêtons maintenant nos regards fur les tableaux
que nous préfente ce cinquième livre,
& fuivons le fil allégorique. Cadmus , ou le Serpentaire
, après avoir difparu le matin au fein des
flots, reparoît le foir le premier jour du printemps.
Son lever fait coucher Orion 8c le fau-
reau au lever du fcorpion célefte. Ceft le fonds ■
de 1 hiftoire allégorique' de cette vache , qu’ap- |
perçoit Cadmus près des lieux où périt Orion j
pique par le fcorpion , de cette vache que Cad- j
rcus immole , pour jeter les fondemens'de l’har-
raonie célefte à laquelle il préfide , 8c dont fa
ville eft une image abrégée. Le point équinoxial
alors occupé par le taureau , premier des figues ,
’“toit cenfé être le point de départ de rharmanie
univerfelle des fphères, & le fondement fur le-
qu5‘ Ae^e eft établie.' Le nom de Thèbes pourvoit
etre lui-même allégorique j en ‘ Orient cjeft
le nom du vaifleau ainfi l’on a peut-être voulu
faire allufion au vaifleau célefte , dont les plus -
belles étoiles fè couchent avec Orion & le Taureau
, ou plutôt on a voulu défigner Puni vers
lui-même, que les anciens peignorent fous la
forme d’un vaifleau, dans lequel étoiënt fept
pilotes, 8c qu'ils difoient représenter l’hart-nonie
univerfelle. Dans la théogonie des Phéniciens ,
Crone ou le ejénie de l’année 8c du tem s je tte
également les fortdemens de la ville deByblos,
la première qu’il y ait en en Phénicie j & cette
fondation eft une allégorie du. même genre T
relative au premier figue , & au départ des
fphères. »
« La cîrconftance du lever du dragon voifirr
de l’ourfe , qui à fon lever amène la nuit où fe
célèbrent les noces d?Harmonie & de Cadmus ,
fixe inconteftahlement la nuit de P équin exe
puifquele fo ir , cette conftellatioh fe levoit avec
Cadmus , & au - deflus de lui , & ramenoît la
nuit. =2
. «Cependant l’efpèce humaine avoit été jufques-
là livrée aux fonds rongeurs. Le vin qui lés dif-
fipe , dit notre poète, n’étoit poinrencore donné
à l’homme. L ’univers avoit été dé-vafté par le
déluge, & ce ne fut qu’après ^inondation univerfelle
, que naquit le dieu du vin. Æon, ou
Je génie du tems aux mille formes, tenant en
main les clefs des générations , repréfente à Jupiter
Jes misères de l’homme. Ce dieu promet à-
la terre la naiffanee de fon fils , qui doit y ap- I
porter une liqueur auffi douce que le ne&ar I
des dieux. 1/uni vers, dit ce dieu , chantera fes
préfens vainqueurs des Géans & des Indiens > il
brillera dans les aftrés , 8c lancera la foudre avec
moi. ( Lib. v u . verf. 97. ) Bientôt ce dieu apper-
çoit la fille d’Harmonie, la jeune Sémélé, au
bain : il en devient amoureux , & la tend mère
de Bacckus. Cette amante imprudente , viéfcime
des confeils perfides de Junon, defire voir le
maître des dieux dans toute fa gloire , & périt
au milieu des feux de la foudre; Le jeune Bac-
chus aux cornes de boe u f, (lib . ix , verf. I j &
27 ) , eft confié aux foins des nymphes des eaux ,
qui deviennent fes nourrices. Bacckus eft enfuite
tranfporté en L ydie, & croît fous la tutelle de
CybèJe ; 8c c’eft-là qu’il reçoit l’ordre de Jupiter,
qui lui commande d’aller combattre les Indiens ,
& de faire part aux Afiatiques de la découverte
du vin. »
« 31 n'eft aucun trait dans cette allégorie qui
ne rentre dans notre théorie. Ce n’ eft qu’après le
déluge que naît Bacckus ,. 8c c’eft la foudre de
Jupiter qui lui donne naîflance. Les déluges étaient
les pluies violentes de l’hiver T qui cèflbient ait
moment où le règne humide finifioft > & où.
commençoit le régne du feu ,, c’eft-à-dire, au
printemps1, comme on le verra plus au long à
l’article de Phaèton. Alors Bacckus, ou î’ame
du monde 8c du jo u r , s’incarnait en taureau,
attribut de Bdccfius, dont l’éducation eft confiée
à des nymphes des eaux, vraifemblablement les
Hyades qui . font au front du taureau célefte. En
e ffet, Ta fable fuppofoit qu’elles- furent lesnour-.
rices de Bacckus : pars Bacchum nutrïjfê puiant y
dit Ovrde. Une d’entre • elles porte le nom de
Thione , nom que le poète donne ici à Sémélé,
& qu’ri dit avoir été placée dans les deux. Elle
étoit alors abfôrbée tonte entière dans les feux
folâtres; 8c Aldébaran , la plus belle des Hyades,.
fut vraifemblablement l’aftre genie défîgné pour
Bacckus , 8c auquel Pâme du monde fut unie. »
«çBacckus accompagné de Fan, s’avance à la
tête d’une armée nombreufe de bacchantes , de
fatyres 8c de centaures, contre Afireus , générai
des Indiens , campé fur les-bords du fleuve Afia-
eus, ou Cancer.s?
«t. Les Indiens font battus , 8C Bacckus change
en vin les eaux du fleuve. Il traverfe AJlacus ,
apperçoit dans,la forêt voifine une nymphe nommée
Nice > ou V iâ o i f e , dont H a un fils auquel
il donne le nom de Terme , ou de Fin , en
grec nXtvT.ff,. 8c bâtit dans cet endroit la ville de
Nieée, ou de. la Victoire., du nom de cetre
nymphe. »
« Il fuffkde jeter un cotfp-d’oeiî fur la fphère,
pour découvrir le fens de cette allégorie. L e
triomphe de Pâme du monde 8c du folerl, le
terme de fon mouvement afeendant, 8c fa victoire
, eft 'fon arrivée au trône folftitial, alors,
aü premier degré du lion célefte. Il n’y arrivoit
qu’en traversant les étoiles du' cancer, en gre*
urrciKor, nom que conferve encore cette conf-
tellation. Le notîr d’ Aftreus , donné ■ au général
Indien campé fur fes bords, confirme encore
l’allufion faite aux aftres» Sa vi&oire 8c le terme
de fonafoénfion ^ fontici défignés fousPemblêpie
d’une jeune nymphe, fille de l’Àftacus,. à qui
Bacckus fait un amoureux larcin, 8c d’un jeune
enfant qui en eft le fruit. Ce qui achève de démontrer
la vérité de l’explication que nous donnons
de celte allégorie , que nous regardons
comme l’emblème de la victoire du foleilau lion
folftitial, c’ert que ce poète dit formellement de
cette nymphe , qu’elle habitoit fur une montagne
très - élevée ( lib. xv. verf. 2CO ) , 8c qu’un
lion apprivoifé étoit couché à Tes pieds. Bacckus
vint à bout( de la découvrir à l’aide d’un
chien que lui avoit donné Pan, 8c à gui il promet
de le placer dans les conftellations , près de,
Sirius (/z£. x v i ,'verf 200). C ’étoit effectivement
le lever de Sirius qui détermin.oit le .folftice 8c
l’entrée du foleil au lion célefte. Peut-être aufli
cft-ce le petit chien qui fixoit la même époque ,
8c qui fut placé par Bacckus dans les conftellations
fuivant les Mythologues. « • :
' « Tranfportons1 nous maintenant à l’équinoxe
d'automne, qui répondoit alors aux étoiles du
fcorpion, Lorfque le foleil arrivoit à ceTigne,
il fe trouvoit en conjonction avec les étoiles
du loup, placées près du point équinoxial, 8c
qui difparoififoient alors dans,les feux folaires. Le
taureau célefte defeendoit le matin dans les flots
de Pocéan, 8c foh coucher étoit produit par
l’afeenfion du loup fur l’horizon 5 mais le foir ,
le loup- 8c le foleil couchés, laiffbient reparaître
â l’horizon le même taureau , ou Bacckus, , accompagné
de la troupe-des, Hyades. Aufli dans le
vingtième chant, le poète, fupppfé que Bacckus
arrive chez un roi féroce, nommé Lycurgue, fils
de Dryas , ou des chênes ou des forêts, 8c def-
cendânt de Mars. On fait que Avx«<rtn grec, eft,
le nom du loup ; que le loup eft Martium. ani-,
mal, fuivant Virgile, 8c. que J)v? , ou Dryas eft
,Je chêne > allufion aux lieux qu’il habite. Le tyran
armé de l’aiguillon du bouvier, pourfuit Bacckus
8>c fes nourrices , 8c le force de fe jeter
dans la mer, ou Thétis le reçoit, 8c Nerée le
confole. Lycurgue eft puni par Jupiter s quicon-
fent, à la vérité', à le placer parmi les immortels
( lib. x x i , verf 153 ) , ou dans l’Olympe >
mais qui en attendant, le prive de la vue. Bientôt
Bacckus en eft inftruit par Protée, qui lui apprend
aufli la métamorphofed’Ambroifie (^. 290.),
que Lycurgue avoit fait prifonniere, 8c qui déjà
fe lève dans le ciel avec les Hyades. On fait
effectivement qu’Ambroifie eft le nom d’une étoile
de cette „conftellation (Hygin, lib. i l . ) , qui fe
levoit alors, le foir.' Bientôt Bacckus reparaît à
la tête de fon armée conlternée, 8c lui rend la
confiance. *>
« Le poète . fuppofe que Bacckus après fes
conquêtes reprend le chemin de la G rè ce , 8c y
-.'célèbre* des fêtes ; que I?enthée, ou le deuil
perfonnjfié, s’oppofe à leur »établiflement, 8c veut
faire périr Bacckus 5 mais que lui-même périt des
mains de fa propre mère, qui le rnécormoît fous
la figure, d’ un lion ( lib.' x l t i , v e r f ' 173. ). Le
deuil ou Penthée , dont triomphe ici Bacckus à
Ton retour, eft le deuil de la nature , qui fait
place à la joie que tous les peuples ont témoignée
au retour du foleil vers nos régions. Cn fait que
les Egyptiens entre-autres célébraient des fêtes à
cette époque, 8c quittoient le deuil ,■ comme le
prouve le pafl'agè d’Achilles-Tarms ( c. 23 ) que
nous avons cité en parlant de l’brigine au zodia-.
que. Le lion dont Penthée prend la forme, eft
le lion célefte, qui alors par fon lever du foir
8c fon coucher du matin , fixoit cette époque
1 aftrono rnique. ”
«Ce qui confirme cette explication, c’eft l’aventure
de Bacckus, racontée à cette occafion par
' Tiréfias ( l i b . x l v , verf 120. ). On y voit Bac-
chus métamorphofé en enfant, que des pirates
veulent enlever dans leur vaiiïèau : ils l’enchaînent,
croyant en tirer une riche rançon 5 mais le
dieu fe préfente aufll-tôt à eux fous la forme d’un
lion redoutable. Les mâts 8c les cordages du vaif-
feau font entortillés d’affreux ferpens, 8c les Na>r-
toniers faifis d’effroi, fe précipitent dans les flots
fous la forme de dauphins, «
« Il eft impoflible de méconnaître ic ih n e allégorie
aftro.nomique fur le folftice d’hiver. En
effet, nous lavons par Macrobe y que'les anciens
, Egyptiens repréfentoienx^acc/ztf j fous des formes
différentes, dans les differentes faifons de l’année,
8c que les graduations d’âge par i'efquelles on le
faifoit paffer, étaient proportionnées aux graduations
de la lumière du jour dont il étoit l’intelligence.
Au folftice d’hiver-, où les jours font
les plus courts , on Le repréfentoit fous la forme
d’un enfant ; au printemps , fes ftatues avoient les
traits de l’adolefcence ; il étoit homme au folftice
d’été , 8c vieillard en automne. (Macrobe , Sa-
’ turn. lib. 1. c. 18. ) »
« Nous en avons une nouvelle preuve dans
l’Harpocrate égyptien , fils d’Ifîs, dont on ferait
la naiffanee au folftice.d h iver, 8c qu’on peignoir
avec les traits de l’enfance. Enfin , il nous refte
encore aujourd’hui dans la fphère ,. des traces de
; cet ancien ufage de peindre fous l’emblème d’un
enfant d’mteiligence folaire 8c la lumière. La
fphère des Orientaux repréfentoit la Vierge allaitant
un enfant ( Coefius> p. 75. }. On la voit
ainfi dans le manuferit de la bibliothèque du Roi ,
NT 1 16'f : fon afcenfionH minuit fixa le folftice
dans les derniers âges.
« A in fi, la forme d'enfant donnée à Bacckus
dans fon enlèvement par les pirates , défighe une
aventure du folftice d’hiver. Cet épifode d’ailleurs
, placé au moment de fon retour vers nos
régions, confirme encore cette détermioatforw.