
fur-tout à dreffer des embufeades. Dans une bataille,
ils venoient toujours aux mains les premiers j
ils ne cefloient point d’agir pendant la cnaleur de
l’aétion, & ils combattoient encore après qu’elle
étoit décidée : en un mot, ils rendoient en toute
occafion des fervices fignalés.
Les armes de jet des anciens, produifoient un
effet plus confidérable que nous ne penfons. Le
but des archers & des frondeurs étoit une butte
de gazon à laquelle on vifoit, & que l’on touchoit
(au moins les frondeurs) à fîx cens pieds de distance
} ce qui fait une longueur d’environ cent
vingt pas. ( Article de M. Eidous) .
Les archers mettoient un genou en terre pour
tirer de l’arc avec plus de facilité, ou plutôt pour
corriger par l’abaiffement du point de départ
l ’élévation parabolique que prenoît la flèche pendant
le trajet. On les voit fouvent dans cette attitude
fur les pierres gravées, fur les médailles de
Thèbes en particulier, & fur plufieurs autres mo-
numens.
AR CHIAT EK y ttp%/ttrpoç. On donnoit ce nom
au premier médecin ou au chef des médecins. Le
Tht fiurus inferiptionum de Muratori, nous offre
plufleurs épitaphes dans lefquelles on lit ce mot.
En voici une i
D. ]Vt.
A. ATIUS, C. L. ARCHIATER
SIBI. ET. IULIAE. PRIM A I
CONIUGI. INCOMPARABFLI
ARCHIATRO S exprime la même dignité que
le mot archiater. On le trouve dans Gruter, revu
par Grævius, page 632, n°. 4.
AR CH IB U C OL US Dei liberi. Gruter (27. 4.
ê? 28. 2.) a publié deux inferiptions fur lefquelles
on lit cette dignité réunie avec d’autres fondions
des prêtres de Bacchus. Peut-être défignoit-elle
celui qui étoit chargé de fournir les vidimes pour
fes facriflces.
a ’pxiepey's , pontife. On appéloit tous les
prêtres de ce nom général > mais on réfervoit
celui d’«/>£/epW fAyac > grand-prêtre, au chef des
prêtres. Ce dernier faifoit dans quelques villes
grecques les fondions de premier magiftrat : c’eft
à ce titre que l’on voit fon nom & celui de fa
dignité fur les médailles de ces villes.
AR CHIER EU S , imitation latine du mot grec
ipxnptoç 9 pontife. On la trouve dans plufieurs
inferiptions romaines.
ARCHIEUNNUQUE, archicunucus , chef des
eunuques. C’étoit un des principaux officiers de
la cour des empereurs Grecs : il en eft fait mention
dans l’hiftoire Byzantine.
ARCHIGALLUS de Cybèle. Ce pontife eft
repréfenté avec tous fes ornemens bizarres fur un
bas-relief du mufée Capitolin, tom. iv . On trouve
ce même deflin dans le Thefaurus inferiptionum de
^luratori, pag. 207, & dans les Monument! anti-
chi inediti de Winkelmann»
Sa tunique a des manches, comme celle des
Phrygiens, dont il porte auffl la mitre, en mémoire
d’Attisï- La couronne qui entoure fa tête eft
ornée de deux portraits du même Attis, & de
celui de Jupiter. Il porte pour collier un cercle
de métal, terminé par deux têtes de ferpent qui
mordent un corps ovale : à fes oreilles font attachées
des boucles, & fur fa poitrine eft placé un
grand portrait d’Attis, tenant l’index fur fa bouche.
Du haut de fa tête’jufqu’à la ce-inture , defeerid de
chaque côté un double rang de perles, ou d’autres
corps de même forme.
L ’Archigalle porte une branche d’olivier de la
main droite, & dans la gauche une coupe pleine
de fruits, avec une pomme-de-pin > à fon côté
gauche eft placé un fouet qui eft formé d’offe-
lets de moutons enfilés dans trois lanières de cuir,
avec lequel les Galles fe fuftigeoierit cruellement.
Des crotales, un tambour ou tympanuiny deux
flûtes, l’une droite, l’autre courbe, & une cifte
myftique occupent le refte du bas- relief qui orftoir
un tombeau.
Ce chef des Galles étoit toujours chôifi' dans
les familles les plus diftinguées. Voici les titres
qu’il prend dans une épitaphe rapportée par Gruter
: C. CAMERIUS. CRESCENS. ARCHIGALLUS..
MATR1S. DEUM. MAGNAE. IDAEAE. ET. ATTIS.
POPULI. ROMANI. VlVUS. SIBI. FEGIT.
AR CHIG U B ERN U S , étoit le commandant
dû vaiffeau amiral, ou du vaiffeau qui portoit l’empereur.
ARCHIMAGIRUS. Ce nom défignoit le chef
•de cuifine j il a pour racine le mot ftotytipts,
.cuifînier. Juvénal fait mention de cet officier,
‘ ( Satyr. ix . 109. ) :
Librarius , archimagiri.
Une infeription antique, rapportée par Gruter,
exprime fa charge par une autre dénomination ;
HIC, OSSA. SITA. SUNT
FA US T I . E R O N IS
VICARII. SUPRA
COCOS
ARCHIMIMA. On trouve dans Gruter archî-
mima diunia : c’étoit l’aélrice qui faifoit les premiers
rôles dans les pièces que l’on jtouoit pendant
le jour;
ARC HTM IME. On défignoit par ce nom le
chef ou le premier des boulons, des aéteurs pantomimes
, &c. Il en eft fouvemT fait mention dans
les inferiptions & les épitaphes. Ces pantomimes
jouèrent quelquefois fur la fcène des perfonnes
vivantes, dont ils prenoient les habits , & les traits
pour en compofer leur mafques..
L’archimime a'ccompagnoît ordinairement lès
convois des princes & des grands , revêtu des habits
du mort& portant un mafque modelé fur fa figure.
11 cherchoit à imiter fa démarche > fes attitudes, &
même fes ridicules. L* archimime qui jouoit ce rôle
aux obfèques deVefpafien, voulant exprimer l’ avarice
qui caraétérifoit cet empereur, demanda aux
incendans à quelle fomme montoit la dépenfe des
funérailles. On lui répondit qu’elle alloit à dix
millions de fefterces : eh bien! s’écria-t-il, donnez-
moi cette fomme ,* & je te z, f i vous le voulez, mon
cadavre dans le Tibre.
Cet ufage fe pratiquoit feulement aux obfèques
des grands & des riches. C’éft pourquoi Sofie dit
de Mercure , qui l’imitqit fi bien :
Nam hic quidem omném imaginem meam3 que. ante a
fuerat, pojfidet,
Vivo fit y qitod numquam quifquam mortuo faciet
rnihi.
(Ampkitr. 1. I. 3 02).
A R CHIN AU T A Clajfis Ravennptis. Muratori
( 84 r- 4 - m m infer.) rapporte une infeription
dans laquelle cet officier de mer eft nommé. Peut-
être étoit-il le chef des pilotes, ou plutôt le pilote
du vaiffeau qui portoit l’empereur, comme
1*arckigubernus en étoit le capitaine.
ARCHINEANISCUS. Gruter (pag, 331. 5.
du Thef infer.) revu par Grævius, rapporte l’inf-
cription fuivante, dans laquelle on lit ce mot,
dont on ignore la fig'nification :,
D. M
, TT. CL.
d o m n io n i
SUSCINIANO
ARCHINEA
NI SCO
FECIT. CL.
JANUARLO. SUO
PATRI
ARCHIPIRATA. Muratori ( 610. 1. Thef.
in fier. ) rapporte un fragment des a êtes du fénat,
dans lefquels il eft fait mention du crucifiement
de Démiphon , qualifié de chef de pirates, archi-
pirata.
ARCHITECTE. Les princes & les grands de
Rome eurent des architectes attachés à leurs palais
, & d’autres chargés uniquement du foin de
leurs maifons de campagne. L’épitaphe d’un de
Ces derniers eft parvenue jufqu’à nous : s e x . p o m -
FEIUS. AGÂS1US. ARCHITECTUS. A. VILLA. SEX-
TIANA.
Ce luxe n’ etonne pas, quand on lit que Craflbs
avoit en propriété ou à fes gages cinq cens ouvriers
& architectes y qu’il louoit aux particuliers pour
bâtir’ leurs maifons. vj
ARCHITECTURE : çeft en général l’art de
bâtir. On en diftingue ordinairement trois efpèces 5
favoir* la civile> qu’on appelle Amplement Arckitellure
, la militaire & la navale. La dernière fera
expliquée dans les articles M a r i n e & N a v i r e .
Les mots C a m p , M a i s o n & T o u r , fourniront
des notions fuffifantes fur la fécondé. Ce que nous
avons à dire fur la première, fera divifé en deux
paragraphes, A r c h i t e c t u r e d e s E g y p t i e n s ,
& A r c h i t e c t u r e d e s G r e c s e t d e s R o m a i n s .
Si on leur joint les articles A q u e d u c , A r c d e
triomphe, C h e m i n , Colonne, Fo r um ,
Maison, O r d r e , P o n t & T emple ; on acquerra
Une connoiffance fuffifante de l’Architecture an-
cienne.
§. Ier. Architecture des Anciens.
U Architecture paroît être l’art auquel les Egyptiens
fe font le plus appliqués, non pas celle qui
frappe par une agréable harmonie, & qui annonce
dès la premier coup-d’oeil la nature de la chofe
qu’elle décore ; mais celle qui étonne par la bâtifte
folide & majeftu’eufe, & dans laquelle on voit le
germe de tout ce que les Grecs y ont puifé. Les
Egyptiens n’ont pas connu les Ordres, c’eft-à-
dire, qu’ils n’ont pas été fournis à des proportions.
Inventeurs, ils ont fait' ce qui leur con-
venoit, & ne paroiffent pas avoir admis rien
d’inutile , ils ont employé les pilaftres & les colonnes.
Ils lès ont ornés de chapiteaux, de
bandeaux, de bafes 80 de cannelures 5 ils ont
profilé & décoré des entablemens : mais il y a
apparence que tous ces ornemens ont été arbitraires
, puifqu’ ils n’ont jamais été répétés. C’eft
ce qu’il eft aifé de voir dans plufieurs auteurs
modernes, & fur-tout dans Pocock, où l’on peut
diftingûer ail moins la variété de toutes ces parties,
& fe former une idée du développement
qui s’y trouve rapporté. A l’égard des colonnes,
ils les ont feulement regardées comme un moyen
folide, pour percer & alléger à l’oeil les efpaces
immenfes que leurs bâtimeris occupoient.
Les defcriptions des deux labyrinthes & des
ruines de -Thèbes, dans Hérodote & dans nos
voyageurs, élèvent l’efprit. Nous ne voyons cependant
que les mauvaifès gravures qui les repré-
fentent, ou de foibles deffins, plus capables de
détruire une idée que de l’embellir. La.grandeur
des pierres que les Egyptiens ont mifes en oeuvre,
eft feule capable d’exciter l’admiration. Quelle
patience n’a-t-il pas fallu pour les tailler ? quelles
forces pour les mettre en place ? Mais ces objets,
quelque confidérables qu’ils foient, s’évanouiffent,
pour ainfi dire, quand on fe rappelle l’idée des
pyramides & du lac Mæris. Ces monumens font
des fources intariïïables d’étonnement, par la
grandeur de l’entreprtfe, à laquelle fl paroît que
le fuccès a toujours répondu. L’art de conftruire
les voûtes n’ a pas été inconnu aux Egyptiens,
comme on l’a aflTuré trop légèrement 5 mais ils
n’aimoîent pas à les employer dans leurs grands
J bâtîmens. Ils voulaient aufli que les pierres ne
l duftèîit leur force qu’à elles-mêmes, & qu’à ht