
d’Euripide 8ç d’Efchyle , malgré la promefle fo-
lemnelle quil avoit faite de les rendre aux Athéniens
, après en avoir Amplement tiré des
copies pour fa bibliothèque. Ce prince regardoit
fans doute les livres comme les conquérans
regardent les royaumes qui fe trouvent à, leur
bienféance. Nous avons vu en 1709, les Etats-
Généraux, fe montrer plus nobles 8 c plus définté-
reffés j ils obligèrent un nommé Aymon de refti-
tuer à la bibliothèque du roi de France, un manuf-
crit précieux qu’il y avoit dérobé , 8c que le zèle
pour leur opinion religieufe auroit pu leur faire
regarder comme de riches dépouilles enlevées aux
ennemis de leur culte.
La bibliothèque des rois de Pergame, dont nous
venons de parler, fut formée par Eumène &
Attalus. Animés par un efprit d’émulation, ces
princes firent tous leurs efforts pour égaler la
grandeur 8c la magnificence des rois d’Egypte ,
fur-tout en amaffant un nombre prodigieux de
livres, que Plutarque fait monter à plus de deux
cent mille. Une partie fut brûlée à la prife de
Pergame, & Marc-Antoine en donna, félon
Pline, un grand nombre à Cléopâtre. 11 en relia
cependant encore à Pergame ; car Strabon, qui
écrivoit fous le règne de Tibère, parle de la bibliothèque
de cette ville comme d’un monument qui
fubfiiloit de fon tems.
Les Romains puifèrent chez les Grecs le goût
pour les bibliothèques publiques & particulières.
Ils firent préfent après la prife de Carthage , à la
famille de Régulus, de tous les livres trouvés
dans cette ville, au nombre defquejs étoient vingt-
huit volumes de Magon Carthaginois, fur l’agriculture.
Plutarque allure que Paul Emile dillribua à fes
enfans la bibliothèque de Perfée, roi de Macédoine,
mené en triomphe à Rome. Mais Ifidore dit
expreflement qu’il la donna au Public. Plutarque
parle aulïi de la bibliothèque de Lucullus comme
d’une collection très-nombreufe, aufli précieufe
d’ailleurs par les riches ornemens dont elle étoit
décorée, que par les fuperbes portiques où les
leCteurs & les Grecs eux-mêmes, quoiqu’étran-
gers, pouvoient fe livrer commodément à l’étude.
Afinius Pollion fit encore plus. Ayant formé
une riche bibliothèque avec les dépouilles des
ennemis qu’il avoit vaincus, & avec denombreufes
acquifitions, il en aflura par des aCles authentiques
la jouiflance au public. 11 l’orna des portraits
des hommes favans morts, & de celui de Varron
vivant, le célèbre bibliothécaire de Céfar. La
bibliothèque de Pollic/n étoit placée fur le mont
Aventin , dans Xatrium de la Liberté, comme
nous l’apprenons des vers fuivans de Martial
( h . 3. j . ) , dans lefquels il parle des livres
frères a c’eft-à-dire, femblables aux fiens, qui
étoient gardés dans l’ancienne habiutioo de Ré-
mus, fur le mont Aventin ;
Nec tamen kofpes cris, nec jampotes advenu dicid
Cujus habet fratres tôt domus alta Remi.
Ovide la défigne avec encore plus de préci-
fion dans les vers fuivans ( Trift. 3- 1. ) :
Nec me que doftis patuerant prima libellis ,
Atria Libertas tangere pajfa fua e(l.
Augufte forma dans les bâtimens du temple
d’Apollon-Palatin, une bibliothèque grecque 8c
latine, dont parle Horace (/. epift. 3. 17.):
Scripta Palatinus quscumque reponit Apollo.
On lit à Rome, auprès des thermes d’Agrippa,
l’infeription fuivante, qui contient le nom d’un
garde ae la bibliothèque latine d’Apollon-Palatin :
SULPICIAE
THALLUSAE
ANTIOCHUS. TI. CLAUDII
C AES ARIS. A. BYBLIOTHECA
LATINA. APOLLINIS
CONJUGI. SUAE.
BENE. MERITAE
Gruter a fait connoître, dans l’infcription fuivante,
le nom d’un garde de la bibliothèque grecque :
C. JULIUS. C. L. PHRONIMUS
A. BYBLIOTHECA. GRAECA.
Ovide fait aufli mention du garde de la bibliothèque
d’Apollon-Palatin {Trift. n i . 1 .6y.) :
Querentem fruftra euftos , & fedibus illis
Prspofttus , fantto jujjit abire loco.
On croit que cette bibliothèque a fubfifté jufqu’au
fixième ficelé} c’eft-à-dire, jufqu’au pontificat de
S. Grégoire, qui la fit brûler. Jean de Salisberi le
dit expreflfément ( Polycrat. i l . 26. ) : Doclor
fancliftimus Gregorius non modo mathefin jujfit
ab aula ; fed , ut traditur à majoribus, incendia
dédit probatA IcBionis
$cripta Palatinus quACumque tenebat Apollo.
Augufte confiera une fécondé bibliothèque à
l ’utilité publique ' dans les portiques d’OClavie
fa foeur, & près du théâtre de Marcellus fon
neveu. Ovide l’appelle templa dans les vers fuivans
(Trift . n i .) , à caufe que ces portiques entou-
roient iin templç de Junon :
Altéra templa peto vicino junfta theatro :
Hac quoque erantpedibus non adeunda mets•
L ’exemple d’Augufte fut fuivi par Yefpafien,
/mi raflembla une nombreufe bibliothèque dans le
temple de la Paix. Aulu-Gelle (x v i . 8.) & Gallien
(de Compof. medicam. il. 27.) en font mention.
V II y avoit aufli une bibliothèque confidérable
dans le capitole, qui brûla fous le règne de Donatien.
Mais la plus magnifique de toutes les
bibliothèques de l’ancienne Rome, étoit celle de
Trajan, appelée Ulpienne de fon nom.: Elle ren-
fermoir. le recueil des édits des préteurs, écrits
fur des toiles 8c fur des tablettes d’ivoire. On
croit que Dioclétien la tranfporta dans fes thermes.
Conllantin forma une nombreufe bibliothèque
dans fa nouvelle ville. Théodofe-le-Jeune, un de
fes fuccefleurs, l’ayant trouvée compofée de fix
mille volumes, en porta le nombre jufqu’à dix
mille. Elle fut ainfi augmentée fucceflivement par
les autres empereurs} de forte qu’à l’époque où
Léon Tlfaurien la fit brûler, elle contenoit trois
cent mille volumes. On afliiroit que l’Iliade &
l’Odyflee y étoient écrites en lettres d’or fur les
boyaux d’un ferpent.
Les Romains embellifloient leurs bibliothèques
publiques & particulières avec tous les ornemens
du luxe. Les intervalles qui n’étoient pas remplis
par les armoires, étoient incruftés de plaques
d’ivoire & de verre coloré diverfement. Boèce
parle de ces ornemens ( Confolat. prof. y ) : Nec
bibliothecA potiùs comptas ebore , ac vitro parietes,
quant tUA mentis fedem requiro. On y plaçoit aufli
les portraits 8c les rtatues des favans 8c des hommes
célèbres, comme nous l’avons vu plus haut
à l’article de la bibliothèque formée par Afinius
Pollion.
B1BLIS 8c Caunus étoient enfans de Milet ^
de la nymphe Cyanée. Voye^ Mile t. Biblis ayant
conçu pour fon frère une flamme criminelle ,
chercha , par toute forte de moyens, de le
rendre fenfîble. Caunus ne paya tous les empref-
femens de fa foeur que d’indifférence 8c de mépris
; 8c fe voyant fans ceffe perfécuté, il alla
chercher en des lieux éloignés une tranquillité
qu’il ne trouvoit plus dans la maifon de fon père.
Biblis ne pouvant vivre fans lui, vola à fa pour-
fuite; 8c après l’avoir cherché long-tems inutilement,
elle s’arrêta dans un bois, o ù , pleurant
continuellement, elle fondit enfin en larmes, 8c
fut changée en une fontaine intariflable , qui
porte fon nom. Paufaniasdit qu’on voyoit encore
de fon tems la fontaine de Biblis* ;
C’eft ainfi qu'Ovide raconte cette hiftoire ;
mais d’aurres auteurs la racontent diverfement.
Les uns difent que Biblis, recherchée en mariage
par de grands partis, les méprifa tous ; 8c que, ne
pouvant réfifter à l’amour qu’elle avoit pour fon
frère, elle étoit prête à fe jeter, de défefpoir,
du haut d’une montagne, lorfque les nymphes,
touchées de compaflion, l’en empêchèrent. Elles
firent plus : elles l’endormirent profondément, la
changèrent en nymphe, 8c l’appelèrent la nymphe
Hamadryade Biblis. D’autres ont d it, 8c Ovide
lui-même l’afîure dans un autre endroit, que
Biblis fe pendit de chagrin de n’avoir pu vaincre
la réfiftance de fon frère, 8c de l’avoir mis dans
le cas de s’expatrier. Quelques-uns ont encore
écrit que ce fut Caunus qui devint amoureux
de fa foeur ; que n’avant pu vaincre la réfiftance
de cette jeune fille, il s’expatria. Biblis parcourut
plufieurs contrées pour le chercher, 8c ne l’ayant
.pas trouvé, elle fe pendit. Enfin, les plus modérés
racontent que Caunus ne pouvant vaincre
l'amour qu’il avoit pour fa foeur , voulut fe guérir
par l’abfence 3 & que B iblis, affligée de l’éloignement
de fon frère, fe borna à pleurer abondamment.
Voyeç C a u n u s , Mile t.
BIBRACTE, ancienne ville desEduens, que
l’on croit être Autun. Elle fut mifeau nombre des
déefles ; car on a trouvé à Autun, en creufant le
puits du féminaire, une pierre fur laquelle
étoient écrits ces mots : A la déejfe Bibracle,
DEÆ BlBRACTI.
B I B U L U S , furnom de la famille G i *
PURNIA.
B I CES SIS , monnoie des Romains. Voye£
V ic es s i s.
BICERRES veft.es ou B ic irre s , en grec
xpoarrarct) , vêtemens ornés de houpes, ou de glands
appelés jtporro). Tels étoient les manteaux des
Grecs 8c des Romains. V. Houpe.
BICHE ; cet animal eft le fymbole de Junon
confervatrice, parce quelle fauva la cinquième
des biches à cornes d’o r , 8c plus grandes que des
taureaux, que Diane pourfuivit à la chafle, dans
la Theflalie, & dont elle attela quatre à Ton
char. La biche aux pieds d’airain 8c aux cornes
d’o r , du mont Ménale, étoit confacrée à Diane 5
c’eft pourquoi il n’étoit pas permis de la tuer :
cependant Eurifthée commanda à Hercule de la
lui amener. Après l’avoir pourfuivie pendant un
an , Hercule l’atteignit enfin fur les bords du
Ladon, la faifit, la chargea fur fes épaules, 8è
la porta à Mycène. On lui donne des cornes d’o r ,
quoique les biches n’ayenc point de bois. C’eft le
quatrième des travaux d,’H rcule.
B IC L IN IUM , lit de table deftiné pour deux
perfonnes, comme le triclinium fervoit à trois.
Plaute en a fait mention deux fois ( Bacch. i r .
4. 6 ç).}:,
Ubi eft bielînium vobis ftratum ?
Et 102 :
Jam facile in biclinro
Cum arnica fua uterque accubitum eatis•
Les bas-reliefs des anciens tombeaux repréfentenc
fouvent deux perfonnes aflifes fur le biclinium,
autour d’un trépied.
BICONGE, mefure des Romains, qui con-
tenoit deux conges ou douze fetieia.