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« Æfon. Kîrker 8 c quelques écrivains, amateurs
du merveilleux 3 ont avancé ridiculement ,
que la théorie de la pierre philofophale étoit
expliquée fort au Jong dans 'la table d’ Hermès , 8c
que les anciens Égyptiens en avoient le fecret.
Suidas , qui vivoit dans le neuvième ou dans le
dixième fiecle , a donné lieu à cette conjecture.
Il dit en effet que l*empereu,r Dioclétien fit brûler'
tous les livres des anciens Égyptiens, & que ces
livres contenoient les myftères de YAlchymic."'
> ,On peut fixer au troifième ou au quatrième fiècle
l’époque de ces fabuleufes découvertes} car le
premier auteur qui parle de la tranfmutation des
métaux & des moyens de faire de For, eft Zofime ,
qui vivoit dans le cinquième. Il a écrit en grec un
Traité fur l Art divin de faire de Vor & de l'argent.
Ce manufcrit eft à la bibliothèque du Roi j ce ce
que Ion 'y peut voir de plus utile, eft que la
Chymie étoit cultivée depuis long-tems, 8e qu’elle
avoit déjà fait quelques progrès. La fable rapportée
par Suidas, paroît ‘être une émanation de
eette croyance, qui s’établit facilement dans un
tems où l’ignorance 8e la mifère faifoient embraffer
avidement tous les moyens réels ou prétendus
de s’enrichir promptement.
Si les Romains en avoient eu connoiffance avant
Zofime, Pline n’auroit pas oublié d’en parler dans
fon Hiftoire naturelle ; car il y raconte avec foin
que l ’empereur Caligula fit des effais pour tirer de
l’or de l’orpiment. (Lib. 23, c. 4 ).
La recherche du remède univerfel ou du moyen
de rajeunir, date de la même époque : on n’en
trouve aucune trace avant Géber, auteur arabe,
qui vivoit dans le feptième fiècle.
A L C ID E , premier nom d’HercuIe , qui veut
dire fils d"Aide. Après qu'Alcide eut étouffé dans
le berceau deux férpens que .Tunon avoit envoyés
pour le dévorer, il fut appelé Hercule, c’eft-à-
dire, la gloire de Junon : comme pour marquer
que les perfécutions de cette déeffe dévoient le
Tendre recommandable à la poftérité. V. Hercule;
ALCIMÈDE, mère de Jafôn.
A LC IN O È , fille de Polibe 'le corinthien,; fe
femme d’Amphilocus, avoit employé chez elle
une femme à certains ouvrages, moyennant un
prix convenu. L ’ouvrage fini, Alcinoè refufa de
payer tout ce qu’elle avoir promis. La femme .
pria Minervede la venger; fa prière fut exaucée.
Alcinoè, par les foins de la déeffe , devint fi éper-
duement amoureufe d’ un certain Xanthus, qui
logèoit chez elle, qu’elle abandonna fa maifon ,
fes petits enfans & s’embarqua avec lui. Pendant
le voyage, elle vit toute la noirceur & toute l’énor-
mite de fon crime, & fe précipita dans la mer.
ALCINOÜS, roi des Phéaciens, dans l’ifte de
Corcyre, aujourd’hui Corfou, étoit fils de Nau-
fithoiis, fe petit fils dé Neptune-& de Péribée.
Il époufa Arête, fa n ièce, fille unique de Rhe-
sexor, fils de Nauüthaüs.. II en eut cinq fils fe une [
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fille nommée Nauficaa. Homère fiait de grjnrf,
eloges de la mere & de la fille. Le même poète
fait une ample defeription du palais & des jardins
d Alcinoüs ; jamais les arbres n’étoient fans fruits
fe les fruits y étoient les plus fucculens de l’uni!
vers ; on n’y connoiffoit d’autres faifons que le
printems. Tous les poètes en ont parlé à l’envi.
Ils n ont pas moins célébré la vie voluptueufe des
fujets d Alcinoüs. Enrichis par le commerce, on
ne voyoit chez eux que fêtes, danfes 8c feftins,
accompagnés de mufîque. Mais tout cela n’em!
pechoit pas qu’ils ne fuffent agiles 8c bons marins,
& qu Alcinoïts ne fût un bon prince. Il reçut avec
beaucoup d honnêteté Ulyffe, que la tempête
avoit jeté fur fes cotes, ( V. N'à u s i c a a ) &
ne lui cacha point que, dans fes états, on aisnoit
jm F,ePas3 mufiquo , la danfe, le changement
d habits, les bains 8c le lit. V. Ul y s s e .
A l c in o ü s ; (Quarré double : prétendus jardin*
d ) fur les médàilles de Dyrrachium, en Illyriej,
d Apollonie, en Illyrie; de Corcyre > d’Abdère;
d’Acanthus, en Macédoine.
Ces jardins étoient fitués dans I’Illyrie, fe l’oit
trouve ce quarré double auquel on donne leur
nom fur des médailles frappées hors de cette
contrée : telles font les médailles -d’Abdère en
Thrace; d Acanthus, en Macédoine. On ne voit
d ailleurs ces prétendus jardins que fur les médailles
d’argent de TUlyrie, & jamais fur celles de
bronze.; Quelle rai fon empêchoit de placer fur
ce dernier métal, un type fi cher aux 1 lly riens ?
Reconnoiffons plutôt dans* ce quirré double un
relief que les premiers graveurs pratiqnoient
dans^ les coins, pour retenir les- flàons entre les
carrés-, au défaut de la virole qui-les affujétit
aujourd hui, & qui eft une invention moderne.
ALCIONE. V. A l c y o n e .
ALCIPPE,; fille de Mars, étoit aimée d’Ally-
rothius, fils de Neptune. Alîyrothms ne pouvant
rendre fenfible fa maîtreffe,. lui fit violence. Mars,,
irrité contre ce téméraire, lui êta la vie. Mais
Neptune , défefpéré de la mort de fon fils,. appela
Mars en jugement. Les pl us graves athéniens s’étant
affemblés pour délibérer fur une affaire fi importante,
le déclarèrent innocent,. 8c le purgèrent i
la manière, accoutumée ; ce qui fit dire que Mars
avoit été abfbus par le jugement des douze grands
dieux. ET. A r é o p a g e , M a r s .
A L CI S e f t un des noms fous, îefqüels les
Macédoniens 8e: les- Germains révéroient Minerve;
^ALC ITH TO É , femme de Thebes , fil'è de
Mînyas, qui ayant mé'priféles orgies-dê Bacchus,
fut changée en chouette. (Ovide Met. liv. 4 ) .
ALCMENE, femme d’Amphitrion-, & mère
^Hercule. Elle étoit fille d’Eleéhrion, roi de
Mycènes, & fils de Perfée. Les auteurs varient
fïir fa mère ; les uns lui donnent Anaxe, fille
d’Alcee , fils de Perfée ; d’autres lui donnent Lyfî-
dice, fille de Pélops fe d’Hippodamie d’ autres
enfin., I4 font foîtij <XAmgkiaraüs & d’Éryphilev
a l c
L Mefror, fils de Perfée, &r par conféqiient frère
S ’Eleàryon 8c oncle à'Alcmène, avoit epoule
Lydiiice, qui lui donna une fille nommée Hippo-
thoé, enlevée depuis par Neptune^ 8c menée dans
les ifles Echidnades. Elle en eut un fils nomme
’Taphius. Ce Taphius établit-une colonie dans
Taphe , proche de l’Acarnanie, 8c en nomma
les habitans Téléboès. Il fut père de Ptérélaüs,
qui .donna le jour à fix garçons^ 8c a une fille.
.Ces fix garçons allèrent a Mycènes redemander
à Eleétryon le royaume de Meftor, fon. frère,
jeur trifayeul. Il eft affez étonnant qu’Eleéfcryon
.eût été attaqué par les arrières petits-fils de la
fille de fon frère Meftor ; mais rien n’arrêtoit
l’imagination des poètes. Il y en a cependant qui
retranchent ici une génération. Ils difent que le
fils de Neptune 8c d'Hippothoë fe nomma Pté-
jx'las ou Ptérélaüs; qu’il eut deux fils, Téléboas 1
f e Taphus, qui allèrent demander à Eleétryon les
fiiens d’Hippothoë, leurayeule.
Quoi qu’il en fo it , Eleétrvon n’accorda rien ;
les héritiers de Meftor pillèrent fon pays, 8c
tuèrent tous les fils d’Èleétryon. Celui-ci réfolut
d’aller tirer vengeance de la mort de fes fils, &
yernit le foin de fon royaume 8c d'Alcmène, fa j
fille , entre les mains d’Amphytrion, fon neveu , i
avec ferment de la part de celui-ci, de refpeéter ;
la vertu de la princeffe, fa coufine. Ceux qui :
avoient accompagné les enfans de Ptérélaüs dans :
leur expédition, avoient emmené en Elyde les
troupeaux d’Ele&ryon. Amphytrion les racheta ;
& dans le tems qu’il les remettait entre les mains
de leur maître, il eut le malheur d’être la caufe
de fa mort. Une des vaches du troupeau voulant
prendre la fuite, Amphytrion lui jeta une maffue
qu’il tenoit à la main ; l’animal, avec fes cornes,
^envoya .cette maffue i la tête d’Eleéhyon , qui
mourut fur-le-champ. Sthénélus, fils de Perfée
fe frère d’Eleébryon, profita du trouble que cette
mort caufa à Mycènes, pour s’emparer du trône,
?u préjudice à'Alcmène, fa nièce, & la força,
-ainfLqu Amphytrion, de fôrtir de Mycènes. Ils
fe retirèrent à Thèbes, ou Créon, qui étoit roi,
fit à Amphytrion les cérémonies de l’expiation.
Alcmène uniquement occupée de venger la mort
fie fes frères, jura de n’épbufer que celui qui lui
donneroit cette fatisfaclion. Amphytrion réfolut
en conféquence d’aller faire la guerre aux Téléboès.
Il eft bien fingulier qu’elle oublia la mort
de fon père, pour ne fohger qu’à celle de fes
frères, & que ce fut le meurtrier du premier
quellechoifit pour punir le meurtre des féconds :
auflx d autres auteurs ont dit qu’Eleélryon fut tué,
avec fes fils, dans le combat contre les Téléboès,
& que ce fut a la vengeance de la mort 4c fon
pere qu Alcmène attacha le don de fa main.
■d 9 ^.oi clu ^ Amphytrion marcha contre
rt.erelas, dont il ravagea les terres, fe pris tous
les états, comme on le verra à fon article. Cependant
les charmes d'Alcmène avoient fait une vio-
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lente impreflîon fur le coeur de Jupiter : mais ce
dieu refpeélant la vertu de la princeffe, craignant
d’ailleurs que la perfuafion ne réufsît pas fur une
perfonne aufti fage, prit le parti de fe déguifer. Il
fe revêtit de la reffetnblance d’Amphytrion, fe
préfenta comme vainqueur de Ptérelas ; & pour
le prouver, il fit préfent à Alcmène de la coupe de
Pterélas, qu*Amphytrion s’étoit réfervée dans le
butin fait fur ce prince, fe qu’il avoit deftinée
à Alcmène. La princeffe, trompée par des apparences
qui reffembloient à la vérité, accorda au
faux Amphytrion ce quelle avoit promis au vengeur
de fon père.
Jupiter, qui avoit prévu le fuccès de fa rufe,
avoit envoyé Mercure donner ordre au foleil de
fe repofer pendant un jour, afin de tripler la nuit
qui devoit être employée à la formation d’HercuIe ;
une nuit ordinaire n’auroit pas fuffi. A.mphytrioîi
revint de fon expédition le jour même qùi fuc-
céda à la longue nuit q\ïAlcmène avoit paffée avec
Jupiter. A fon arrivée, il riç fut pas reçu comme
un amant victorieux & attendu avec impatience ;
Alcmène fut furprife des plaintes qu’ il lui en fit,
lui raconta ce qui s’étoit paffé la nuit précédente,
fe lui fit voir la coupe de Ptérélas. Amphytrion
la reconnut, fe ne l’ayant point trouvée dans fes
paquets, il alla confulter le devin Tiréfias , qui lui
expliqua le noeud de i’ affaire.
La dignité de fon rival le rendit moins délicat
fur le défagrément de cette aventure. Dès le jour de
fon arrivée, il époufa Alcmène, fe la nuit fui-
vante, il devint père d’un fécond fils.
Junon, toujours attentive à perfécuter les concubines
de Jupiter fe leurs enfans, traverfa de
tout fon pouvoir les couches d'Alcmène. Ovide
raconte que; la déeffe envoya Lucine pour empêcher
fia délivrance. Celle-ci s’alla afteoir près de
la porte du palais , fe ayant croifé fes jambes,
elle prononça , d’une voix baffe, quelques paroles
magiques. Il y avoit fept jours qu 'Alcmène étoit
en travail, lorfqueGalanthis, une des efclaves,
fe douta, à la pofture de la vieille, dont Lucine
avoit pris la formé, que cétoit une magicienne
qui tourmentpit fa maîtreffe. Qui que vous foyez,
lui dit Galanthis, prenez part à notre jo ie , ma
maîtreffe vient d’accoucher. A cette nouvelle ,
Lucine fe leva, fe Alcmène fut délivrée fur-le-
champ. V. Galanthis,
On raconte différemment le motif qui porta
Junon à traverfer cet accouchement ; les uns n’en
donnent point d’autre que fa jaloufie ; d’autres
donnent à cette jaloufie des vues politiques.
Sthénélus, comme on l’a v u , s’étoit emparé du
trône de fon frère, au préjudice d'Alcmène, fa
nièce. Il avoit époufé Micippe, fille de Pélops,
qui fe trouva enceinte en même-tems qu 'Alcmène.
Tl étoit à craindre que le fils de celle-ci ne voulût
faire valoir fes droits fur le royaume de fon ayeul
maternel, fe ne f ît ufage des forces dont Jupiter sa