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 1827. 
 Mai. 
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 qu’ils  avaient  tenue  envers  nous.  Tout  me  donnait  
 lieu  de  croire  que  les  naturels  n’étaient  pas  les  plus  
 coupables dans  cette  affaire ;  car  il  n’était  nullement  
 probable  qu’une population  entière et vingt chefs  différens  
 eussent  pu  se  concerter  pour  retenir  de  force  
 huit ou  dix étrangers  sur leur sol  sans aucun motif de  
 vengeance,  ou  sans y  être  déterminés par une  intelligence  
 secrète avec ces mêmes hommes. 
 Du reste,  ces éclaircissemens ne se firent  pas longtemps  
 attendre ;  car,  dés le  2 1 ,  à dix heures du soir.  
 Grasse avoua au maître Collinet qu’en effet douze matelots  
 du bord,  et il était di; nombre,  avaient formé le  
 projet de déserter dans la nuit du  12 au  13,  ou dans la  
 suivante.  Simonet  était  le  chef de  ce  complot,  et  il  
 s’était entendu d’avance  avec Tahofa pour cet objet. 
 La manière dont je précipitai  l’appareillage fit avorter  
 le complot.  Cependant Simonet réussit à déserter,  
 et invita  les  naturels  à  se  saisir  de  la yole el de  ceux  
 qui  la  montaient.  Ensuite,  il  conseilla  constamment  
 aux  prisonniers  de ne  point  retourner  à  bord ;  il  encourageait  
 les  naturels ,  et  les  exhortait  à tenir bon,  
 en  chargeant  lui-même  leurs  armes  et  leur  faisant  
 comprendre qu’il me  serait impossible  de les forcer  à  
 terre, et que d’ailleurs  la plupart des matelots m’abandonneraient, 
   si  je  voulais  les  mener  au  combat.  Ce  
 fut  Simonet  qui  tira  le  coup  de  fusil  qui  perça  le  
 grand  canot,  qui  débaucha  le  stupide  Reboul,  et  
 réussit  à maintenir Martineng  dans  le dessein  de  rester  
 sur  l’île  jusqu’au  dernier  moment  où  il  changea  
 d’avis.  En  un  mot,  il  était  évident  que  ce  misérable 
 DE  L ’ASTROLABE. 177 
 était  devenu  notre  ennemi  le  plus  acharné,  et  qu’il  
 était la cause principale de nos derniers malheurs. 
 M.  Gressien me  raconta,  dès  le lendemain malin,  
 ces  détails  qu’il  tenait  directement  de  Collinet.  Une  
 heure après, mon domestique,  Pierre Long, m’apprit  
 qu’il  avait  entendu  raconter  les mêmes  choses  à Bellanger, 
   notamment  que  Simonet  s’était  publiquement  
 vanté  à  terre,  devant  les naturels  et ses  camarades  
 ,  d’avoir  envoyé  le  coup  de  fusil  sur  le  grand  
 canot,  en  ajoutant  qu’il  le  destinait  à  M.  Guilbert.  
 Enfin,  le même jour,  M.  Bertrand vint me  dire qu’il  
 tenait les mêmes faits de  la  bouche même  de  Grasse  
 qui n’en  faisait plus aucun mystère. 
 Tout  en  admirant  l’étendue  des  maux  qu’un  seul  
 individu,  comme  ce  Simonet,  avait  pu  causer  à  
 notre  belle  expédition  ,  je me  félicitai  de nouveau  de  
 l’obligation où j ’avais  été de le  laisser à Tonga-Tabou.  
 L ’Astrolabe  était  par  là  purgée  d’un  véritable  fléau;  
 et  dans  le  parti  qu’il  a  pris  ce  malheureux  devait  
 peut-être  un  jour  trouver  le  juste  châtiment  de  ses  
 forfaits  I. 
 i  Voyez  notes  4  el  5 . 
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 1027, 
 Mai. 
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