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I
Les V itien s chantent ces paroles après le c om b a t , lo rsqu’ils
v on t s’emparer des morts et avant de les manger. T o um b o u a-
Nakoro n’a pu m’en faire con n aître le sens.
L es Européens naufragés qui ne sont pas tués p ar ces barbares
, deviennent souvent p o u r eux des soldats d’av ant-garde
auxquels ils confient les armes à feu q u 'ils p eu ven t a v o ir ,
comme p lus hab iles q u ’eux à s 'en serv ir. L e s différentes îles
V it i sont entre elles dans un état de gue r re p resque permanent.
L o r sq u ’on v eu t demander la p a ix , on en vo ie un ambassadeur
q u i est cho is i p armi les ch e fs ; il ap p orte des p ré sens ,
su rtout des dents de b a le in e , etc.; et b ien tô t la p aix est
faite.
J ’ai demandé plusieurs fois à T o um b o u a -N ak o ro s’i l av a it
o u ï dire que deux navires fra n ç a is , d ont le ch e f se nommait
L a p é rou se , se soient perdus sur les îles V i t i depuis une quaranta
ine d’années. I l m’a constamment rép on du q u ’il n’en av a it
aucune connaissance.
I l a ajouté q u ’un A n g la is trè s-jeu n e , q u i fit n aufrage sur
ces îles il y a fo rt lo n g - tem p s , est mort à la gue r re à Em b a o u ;
que plus récemment un nav ire se brisa sur l’île N é ïr é ï; qu’on
lu i a raconté plusieurs n aufrages; qu’il en a vu lui-même p lu s
ieu r s , mais jamais il n’a été question de F ran ç a is .
Le s A n g la is , d it to u jo u rs T o um b o u a -N a k o ro , q u i ont fait
naufrage su r D a g o n ro b é , n’ont pas été tués p a r les K a ï-V it i :
ils sont tous morts à la guerre.
I l y a deux canons à N é ïr é ï , c l trois à Em b a ou : ils p ro -
vien n ent des bâtimens naufragés.
Le s V itien s de L a gu em b a possèdent quelques poignées de
piastres qui leu r ont été données en échange des provisions
qu 'ils fournissent aux navires.
Su r Tîle nommée L a o u za la , une p iro gu e de T on g a -T ab o u
fit naufrage : tous les K a ï-T o n h a furen t mangés.
L e s V itien s n ont pas Tusage de changer de nom en signe
d amitié. I l para ît que depuis q u ’ils ont des relations avec les
E u ro p é en s , ils sont devenus m e illeu rs ; ca r ils disent e u x -
mêmes que beaucoup de navires on t traversé ou v isité leur
a r ch ip e l sans leu r faire aucun mal.
L e v o l est fréquent chez les Vitien s. T o um b o u a -N a k o ro , à
qui je demandai comment on le p u n is sa it, me rép on dit : « Il
» n’y a p o in t de p u nition ; seu lem en t, si les chefs sont m écon-
» ten s , on tue le coup able. »
I l y a p eu de maladies aux île s V i t i . I l y existe cependant
quelques affections vénériennes.
O n cite quelques exemples de fo lie : les hommes qui deviennent
fous sont étranglés.
L e suic ide est con n u aux îles V it i. L o r sq u ’i l a lieu , c ’est à la
suite des mauvais traitemens que les chefs du pays fon t ép rou ver
aux hommes du p euple. Dans ces c a s , ces derniers se
pendent.
Les habitans de T o n g a -T a b o u q u i sont venus s’établir sur
Tîle L a gu em b a ont apporté des dents de ca ch a lo t au ro i des
ile s V i t i . C e lu i - c i , en re v an ch e , les n ourrit. Ils sont amis de
ce ro i et indépendans de lu i. L e s V itien s et ceux de T o n g a qui
h ab itent L a gu em b a se marient entre eux : ils suivent chacun
les usages de leu r pays.
I l y a u n mouilla ge sur la côte méridionale de Tîle K a n -
tabou.
D ’après ce que m’a d it T o um b o u a -N a k o r o , il para ît que
D a g o n ro b é n ’est q u ’une partie de Tîle B a n o u a -L é b o u , île
q u ’ils nomment D a g o n ro b é , du nom de la grande v ille qu’ils
hab iten t.
Toumboua-Nak oro disait aussi que ses amis n ’hab itent de
D a gon ro b é que la partie où se trou v e la v ille . I l n’est pas
étonnant que le nom d’une v ille si impo rtante le u r serve p ou r
désigner toute l ’île B a n o u a -L é b o u .
T o k i , frère du ro i de L a g u em b a , me d it que les chefs ne
chantaient p a s , mais seulement les gens du p e u p le , les enfans
e t les femmes; que les hommes ch an ten t avec les hommes, les
enfans avec les en fan s , c t les femmes avec les femmes.
T o k i mc dit aussi que lo rsque notre cano t est allé à L a -