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Dans l’île Laoudzala , on ne peut méconnaître l’île
Ross de Wilson; dans Tabe-Ouni, son île Lamberts ;
dans les îlots lanoudza, son groupe de Clusters;
enfin dans Rambe, son île Gillets. Suivant Tomboua-
Nakoro, le véritable nom de Farewell serait Zigombia.
Outre les rapports de configuration, il est à remarquer
que les positions de T Astrolabe et du D a f f se
rapprochent beaucoup les unes des autres ; la longitude
de la pointe orientale de Laoudzala, suivant nos
calculs, ne diffère que de deux ou trois minutes de
celle que lui assigna Wilson, en tenant compte des
différences des longitudes adoptées pour le point de
départ, Pangaï-Modou, suivant Cook et d’Entrecasteaux.
Ce serait un motif de plus pour croire que
les îles vues par Wilson , entre le dix-huitième et le
dix-neuvième parallèle, seraient vraiment différentes
de celles que T Astrolabe a reconnues.
Pour me conformer au désir exprimé par M. de
Rossel, dans les instructions qu’il rédigea pour le
voyage de l’Astrolabe, je restituai à ces îles le nom
Ai iles da Prince-Guillaume, qui leur fut assigné par
le célèbre Tasman qui les découvrit le premier, et je
donnai le nom de cet habile navigateur au canal qui
sépare Ongomea de Tabe-Ouni.
Toute la journée nous avons poursuivi la bordée
du sud. Le soir nous n’avions plus en vue que les
pitons élevés et solitaires d’Azala et Batou-Bara. Vers
huit heures, le ciel, jusqu’alors constamment chargé,
s’est un peu éclairci ; mais le vent a soufflé avec tant
de violence, et la mer a été si d u re , que la corvette a
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D E L ’A S T H O L A B E .
beaucoup fatigué dans les coups de tangage, et il a
fallu carguer la grande voile pour la soulager. Heureusement
la brise s’approche beaucoup de l ’e s t, car
si elle eût repassé au sud, nous tombions inévitablement
entre Koro et Takon-Robe, où notre position
fût devenue fort alarmante.
Combien j’eus à me féliciter de n’avoir pas persisté
dans mon intention primitive de sortir de l’archipel
Viti par le nord ! Si j’eusse suivi cette roule avec les
vents violens qui régnèrent dans la journée, et surtout
de huit heures à minuit, nous eussions eu bien
peu de chances d’échapper aux dangers nombreux
qui nous menaçaient.
En nous voyant revenir vers le sud, nos malheureux
sauvages ont repris un peu de courage : leur
désespoir avait été au comble quand, le matin, ils
m’avaient vu laisser porter au nord entre les des
Laoudzala et Nougou-Laoudzala. Ils s’étaient imaginés
que mon dessein était de les emmener en
Europe pour les vendre. Sourangali et Loua-Lala
pleuraient amèrement et déploraient leur sort, ils
avaient même perdu toute envie de manger. Tomboua
Nakoro seul avait pris son parti avec courage;
il gardait le silence, et quand on l’interrogeait
il répondait avec une noble tranquillité quil
était préparé à toute espèce d’événement , qu’il irait
partout où l’on voudrait le conduire, et qu’il était
accoutumé à voyager ; que d’ailleurs il n’avait ni femmes
ni enfans; mais il ajoutait qu’il plaignait le sort
de Sourangali et de Loua-Lala, qu’ils étaient des
1827.
Mai.
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