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Août.
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geait à nous tenir à trois ou quatre lieues de la te rre,
de peur d’accident.
A six heures du soir nous nous trouvions au nord,
et à dix lieues de distance d’une haute montagne (mont
Benoist) située dans Finiérieur. A cinquante milles derrière
nous, les monts Cyclopes élevaient encore leur
cime au-dessus de l’horizon; et à la même distance,
dans l’ouest sud-ouest, une chaîne de hautes montagnes
fixait déjà notre attention. Nous lui donnâmes le
nom de monts Gauttier i .
Dans la nuit il y a eu des averses, et le vent a varié
au sud. Comme la côte reprend assez brusquement la
direction du nord-ouest, il est arrivé qu’au jour nous
nous sommes retrouvés assez près de terre. Elle est
basse au rivage, et bordée d’arbres et de cocotiers.
Loin dans l’intérieur, on aperçoit plusieurs pitons
, et celui du mont Benoist se distingue par son
isolement et sa hauteur.
Au devant et à deux ou trois milles de distance de
la plage, se succèdent plusieurs petites îles qui ont
I M. Gauttier, capitaine de vaisseau de la marine française, dans cinq
campagnes consécutives, depuis 181 6 jusqu’à 1 8 2 0 , fut chargé de relever
toutes les côtes de la Méditerranée et de la Mer-Noire. Il accomplit cette
grande tâche de la manière la plus scrupuleuse et la plus honorable. Sans
aucun doute, depuis une trentaine d’années, nulle autre navigation n’avait
offert en France à l’hydrographie des résultats aussi importans, aussi dignes
de la reconnaissance des navigateurs. J e m’honore d’avoir appris à l’école de
M. Gauttier quelle marche on doit suivre dans ces expéditions pour donner
aux ü'avaux géographiques toute l’exactitude désirable. Mes braves compagnons,
MM. Jacquinot, Lottin et Gressien, étaient aussi des élèves de
M. Gauttier.
reçu les noms de Merkus, Lesson, Renaudiere, Mé-
rat, Tastuet Duperrey. La plus grande , l’île Mérat,
n’a pas plus de trois ou quatre milles de circuit. A la
distance où nous en avons passé, de trois milles environ
, elles nous ont semblé autant de bouquets d’arbres
et de cocotiers.
Au sud de l’île Tastu, et peu éloigné du rivage, un
mont surmonté d’un piton très-aigu a reçu le nom
de mont Amable.
Dès deux heures après midi, et à plus de dix lieues
de distance, nous avons commencé a voir les des
Arimoa. Au coucher du soleil nous n’en étions plus
qu’à douze milles, et elles se montraient alors sous la
forme d’une seule île médiocrement élevée et bien
boisée. Au sud-ouest, une terre qui nous a paru se détacher
de la côte et former une île , a semblé par sa
latitude se rapporter à File Moa de Schouten. C ’est là
que vient se terminer à la côte la chaîne des monts
Gauttier. Plus à l’ouest, les terres de la Nouvelle-
Guinée sont fort basses, et peuvent à peine se distinguer
à la distance de quatre ou cinq lieues.^
Dans la crainte d’être entraîné sur ces côtes désormais
si basses, je me décidai à faire route toute la
nuit. De neuf heures à onze, nous ne passâmes pas à
plus d’une demi-lieue des îles Arimoa, etnous reconnûmes
qu’elles se rapportaient parfaitement à celles
que Bougainville vit dans la journée du 14 août 1768.
Celle du milieu n’est qu’un îlo t, et les deux autres
n’ont pas plus de trois ou quatre milles d’étendue. La
plus élevée est celle de l’ouest.
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