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jours précédens, un malaise universel et un engourdissement
dans les membres, qui provient certainement
du besoin de prendre l’air de terre et un peu de mouvement.
A Tonga-Tabou, les événemens m’ont contraint
à garder presque toujours le bord, et il y a près
de trois mois que je n’ai pris un exercice presque indispensable
à la nature de mon tempérament. Avec
cette disposition, si j ’avais été réduit à des alimens et
à une eau corrompue, nul doute que le scorbut n’eût
été la suite de ces symptômes. Mais grâce à nos
caisses en tôle et à la bonne confection de nos caisses
à vivres, l’eau est bonne et le biscuit bien conservé.
Aussi tout le reste de l’équipage se porte assez
bien.
Le ciel est toujours nuageux, et il tombe des grains
fréquens. A six heures du soir mon point ne me plaçait
qu’à huit ou dix lieues du cap Saint-Georges de la
Nouvelle-Irlande ; mais l’horizon était si chargé de
toutes paris, qu’il fut impossible de rien voir. Je me
décidai donc à serrer le vent bâbord pour éviter que
le courant ne m’emportât à l’ouest. Peu après la pluie
tomba par torrens, en même temps que le vent soufflait
au S. E . , tantôt avec une force extrême, tantôt
presque calme. En un mot, la nuit fut détestable, et
notre position était assez inquiétante; entourés de
terres, exposés à l’action de courans aussi violens
qu’irréguliers, et n’ayant aucun moyen de reconnaître
leur approche au milieu des tourbillons de vent et de
pluie qui nous enveloppaient à chaque instant.
Le jour revint, mais le temps resta mauvais, et la
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pluie ne discontinua pas. Néanmoins, à sept heures
trente-cinq minutes du matin, je me déterminai à
laisser porter au N. O. ; peu après, dans une
courte éclaircie, j ’entrevis, dans l’ouest et à huit ou
dix lieues de distance, des terres fort hautes; elles ne
pouvaient appartenir qu’à la Nouvelle-Bretagne, et
devaient se rapporter aux montagnes voisines du cap
Orford. Il fallait que le courant nous eût beaucoup
entraînés vers l’ouest. Ainsi je me hâtai de serrer le
vent au N. N. E . , et même à l’E . , de peur de manquer
les mouillages situés dans le voisinage du cap
Saint-Georges.
Pour surcroît d'infortune, le soleil ne se montra
pas un seul instant, et il fallut nous passer d’observations
, ce qui prolongea mon incertitude. A défaut
d’autre indice, à midi je laissai porter au nord, sur
un point de l’horizon où les nuages, plus condensés
encore que partout ailleurs, me faisaient soupçonner
la présence de la terre. Enfin, à mon extrême'contentement
, à deux heures et demie, la vigie signala une
pointe dans le N. E. Le cap fut mis sur cette pointe,
et bientôt il ne me resta plus de doute qu’elle ne fût le
cap Saint-Georges.
A six heures du soir nous n’en étions plus qu’à six
ou huit milles; trois heures de jour de plus, et nous
aurions pu atteindre le mouillage sur-le-champ. Mais
c’était une chose impossible à tenter de nuit, et je dus
encore, bon gré mal gré, me résoudre à louvoyer
durant une nuit tout entière, au risque d’être entraîné
sous le vent; car nous avions encore à lutter
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