En conséquence, aussitôt que les funérailles du défunt
hou eurent été accomplies avec toute la pompe
et toutes les formalités requises, le jeune prince, dans
un kava solennel, prit le nom de son père, et déclara
publiquement à ses sujets ses volontés dans le discours
suivant qui peut passer pour un chef-d’oeuvre
d’éloquence tonga ;
(C Écoutez-moi, chefs et guerriers !
» Si parmi vous quelqu’un est mécontent de l’état
actuel des affaires à Vavao , maintenant c’est le mo-
i ment d’aller à Hapaï.
» Car personne ne restera à Hafoula-Hou avec un
esprit mécontent et porté vers d’autres lieux.
» Mon ame a été attristée en contemplant les ravages
causés par les guerres continuelles du chef
- dont le corps repose maintenant au malaï.
» Nous avons, il est vra i, beaucoup fait ; mais quel
I en est le résultat? Le pays est dépeuplé; la terre est
. envahie par la mauvaise herbe, et il n’y a personne
' pour la défricher. Si nous étions restés en paix, elle
' serait encore peuplée.
» Les principaux chefs el les guerriers ne sont plus,
. el nous sommes obligés de nous contenter de la société
des dernières classes. Quelle démence!
» La vie n’est-elle pas déjà trop courte !...
» N’esl-ce pas !a preuve d’un noble caractère dans
» un homme de rester paisible et satisfait de sa po-
» sition?
» C’est donc une folie de chercher à abréger ce qui
i> n’est déjà que trop court.
» Qui, parmi vous, petit dire ; Je désire la mort, je
» suis fatigué de la vie?
» Voyez! n’avez-vous pas agi comme des insensés?
» Nous avons recherché une chose qui nous priva
» de tout ce qui nous est réeüement nécessaire.
» Je ne vous dirai pourtant point ; Renoncez à tout
» désir de combattre.
.> Que le front de la guerre approche de nos terres,
» et que l’ennemi vienne pour ravager nos posses-
» sions, nous saurons lui résister avec d’autant plus
» de bravoure que nos plantations seront devenues
» plus étendues.
» Appliquons-nous donc à la culture de la terre,
» puisqu’elle seule peut sauver notre pays.
» Pourquoi serions-nous jaloux d’un accroissement
» de territoire?
» Le nôtre n’est-il pas assez grand pour nous pro-
» curer notre subsistance? Nous ne pourrons jamais
» consommer tout ce qu’il produit....
» Mais peut-être je ne vous parle pas avec sagesse...
» Les vieux mata-boulais sont assis près de moi ; je
» les prie de me dire si j ’ai tort.
» Je ne suis qu’un jeune homme, je le sais; et je
» n’agirais pas avec sagesse, si, à l’exemple du défunt
» chef, je voulais gouverner suivant mes propres
» idées , et sans écouter leurs conseils.
%