
 
        
         
		çante,  et  tout annonçait  qu’ils  étaient disposés  à faire  
 main-basse  sur  le  canot,  avec  d’autant  plus  de vraisemblance  
 qu’ils  étaient  tous  armés.  Il  ne  fut  nullement  
 question  de  l’ancre,  et  Mouki  ne  put  exercer  
 aucune influence sur eux. M.  Lottin  se défiant  à juste  
 titre de leurs dispositions,  et voyant la foule se grossir  
 a  chaque  instant  de  ceux  qui  arrivaient,  releva  le  
 grapin et poussa au  large,  malgré les efforts de quelques  
 naturels  qui  voulurent  s’opposer  au  départ  du  
 canot.  L ’effroi  avait  tellement  saisi  Mouki,  qu’au milieu  
 de  la bagarre,  au  lieu d’apporter son  intervention  
 entre  les  deux  partis,  il  s’était  couché  à plat ventre  
 dans  le  fond du  canot. 
 Quand il se vit de retour à bord, Mouki avoua que,  
 n’ayant pas avec lui ses hommes de Tonga,  il lui avait  
 été  impossible  de  réprimer  les  Kai-Biti,  et  il  ajouta  
 que  les  Français  auraient  dù  tirer  dessus  pour  les  
 modérer.  D’un  autre  côté.  Medióla  soutint  constamment  
 que  les hommes  de  Laguemba  n’avaient  eu  aucune  
 intention malveillante,  et  que  la curiosité  seule  
 les  avait poussés en masse vers notre  canot  G 
 Toutefois  je  jugeai  qu’on  ne  pourrait  se  fier  sans  
 imprudence à des hommes d’habitudes essentiellement  
 cannibales ;j ’approuvai beaucoup la retraite de M. Lottin  
 ,  el je  renonçai même  à  envoyer  aucune  embarcation  
 sur l’île.  Je me bornai  à  engager Mouki  à m’apporter  
 l’ancre le long du bord dans  sa grande pirogue.  
 Pour  cela,  je  lui  promis  une  riche  récompense,  sa- 
 >  V o y e z   n o te   i . 
 1827 
 Mai. 
 voir  ;  un  fusil  de  munition,  des  haches  et  autres 
 menus  objets. 
 Quelque  temps  après,  il  arriva une  pirogue montée  
 par  quelques naturels,  parmi  lesquels  on  remarquait  
 un  chef  d’une  corpulence  remarquable  qu’on  
 m’annonça  être  cousin  du  roi.  Cet  homme,  dont  le  
 nom  était  Loua-Lala,  monta  sur-le-champ  à  bord  
 sans  aucune  marque  de défiance  et y resta de même.  n. xcviii.  
 Issu  d’un père  tonga et  d’une  mère  kaï-bili,  il  avait  
 le fa d e s  général et la tournure des habitans de Tonga,  
 avec  les  cheveux  crépus  et  le  teint  plus  noir  des  
 Mélanésiens  de Viti. 
 Mouki,  un  peu  confus  du  mauvais  succès  de  sa  
 mission  dans le grand canot,  repartit  aussitôt  avec  sa  
 pirogue,  en  promettant  d ’ a r r a n g e r   avec  Touï-Neao  
 l’affaire  de  l ’ancre,  et même  de  l’apporter  le  soir  ou  
 le  lendemain matin  à bord de  la  corvette. 
 Vers  trois  heures  et  demie,  il  est arrivé  une petite 
 ii d ! 
 U.