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 1827. 
 Novembre, 
 27 . 
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 caisses de poules braisées.  Il en restait cent cinquante,  
 soixante-dix  seulement  ont  offert  l’aspect d’une con-  
 serA'ation  satisfaisante.  Soixante-huit  complètement  
 gâtées  et répandant une  odeur  infecte  ont  été  lancées  
 à l’eau,  et les deux  autres  moins avariées ont  été  distribuées  
 aux  plats de  l’équipage qui ont voulu s’en régaler. 
   En outre j ’ai donné  l’ordre  à l’agent-comptablc  
 de distribuer  un repas de  cette  viande par semaine en  
 place de  lard.  Par ce moyen du moins  l’équipage  retirera  
 quelque  profit  de  ces  dispendieuses  conserves  
 qui,  jusqu’à  ce  jour,  nous ont  causé  beaucoup  plus  
 d’embarras  qu’elles  ne  nous  ont  été  utiles,  attendu  
 qu’elles  ont  été perdues presque en  totalité.  Bien  certainement  
 leur préparation a été défectueuse. 
 La brise du S.  S.  E.  a beaucoup molli,  et  il  a  ensuite  
 fait  calme  dans  l’après-midi,  ce  qui  nous  fait  
 espérer  un  changement prochain  de  v ent,  quoique  
 nous ne  soyons  encore  qu’à  27°  de  latitude  australe. 
 Entre  trois  et  quatre  heures  du  soir,  MM.  Jacquinot  
 et Lottin  ont  observé des distances du  soleil  à  
 la lune  qui,  calculées  sur-le-champ ,  ont  donné pour  
 résultat  96°  24’  longitude  E.  Au  même  instanl  la  
 montren° 38  donnait  96°  19’  30” E .,  avec  la marche  
 obtenue  à Amboine. 
 De mon  côté j ’ai fait une  expérience de  thermomé-  
 irographe  à trois  cent  cinquante brasses  que  j ’ai  réduites  
 à trois  cents brasses verticales,  eu égard  à l’inclinaison  
 de la ligne  de  sonde.  La  température  de  la  
 mer étant de 21°,  4 à la surface,  a descendu à  î 1°,  3 à  
 cette  profondeur ;  résultat  parfaitement  conforme  à 
 D E   L ’A S T R O L A B E . G7I 
 ceux  qui proviennent  de  toutes  les observations  précédentes. 
 Cette  expérience m’a procuré l’occasion d’observer  
 un  fait de météorologie fort remarquable.  En  retirant  
 le thermométrographe  du  seau d’eau  de  mer,  puisée  
 à  la surface,  le mercure  qui  avait déjà descendu  d’un  
 degré environ par la transition de l’air libre dans  l’eau  
 plus  froide,  en  rentrant dans  l’air a continué de baisser  
 promptement de  deux ou trois degrés.  Ainsi dans  
 l’air libre  il marquait d’abord  16°,  immergé dans  l’eau  
 il  a  descendu  à  15°,  eten  reparaissant  dans  l’air  il a  
 continué  de  descendre  à  13°,  et même à  12°, jusqu’à  
 ce  que le  tube et l’échelle en cuivre  réchauffés  fissent  
 remonter  successivement le mercure à  14,  15  et  16°,  
 et même plus h au t,  si on  exposait  l’instrument au soleil. 
  Cette expérience  a  été répétée trois fois de  suite,  
 et chaque  fois  elle a donné  le même  résultat. 
 Le froid subit, occasioné par la vaporisation de  l’eau  
 qui  s’était attachée aux parois du tube  et de l’échelle,  
 peut seul expliquer ce  fait. En effet cette vaporisation  
 est bien plus prompte dans l’atmosphère  très-sèche de  
 rOcéan-Australien  que  dans  celle  de  l’Océan-Paci-  
 fique,  nonobstant  une  température  beaucoup  moins  
 élevée.  La  rapidité  avec  laquelle  on  voyait  presque  
 instantanément disparaître  l’eau répandue  sur le pont  
 rappelait tout-à-fait  la manière dont  l’alcohol  se  vaporise  
 dans nos climats. 
 Maintenant  le  courant  nous  pousse  assez  régulièrement  
 de vingt milles au  sud chaque jour. 
 Parvenus au vingt-huitième degré de  latitude méri- 
 44' 
 1827. 
 Novembre. 
 28. 
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