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 et XCIV. 
 P l.  LXIV  
 Cl   CXIV. 
 Aussi,  à dater de  ce jour,  l’équipage  reçut,  au  lieu  
 de  pain pour  son  diner  et  son  souper,  des  ignames  à  
 discrétion ;  il  eut  deux  fois  par jour du porc  frais  en  
 abondance,  et  les  poules  ne  leur  coûtant  presque  
 rien,  les  matelots  en  mangeaient  à  peu  près  autant  
 qu’ils  voulaient  prendre  le  soin  d’en  plumer  et  d’en  
 faire cuire. On conçoit qu’avec une pareille abondance  
 de vivres nos gens  n’eurent guère  l’occasion  de  tomber  
 malades,  si  ce n’est  quelquefois  d’indigestion. 
 Je vis  avec  satisfaction  que  les  femmes  étaient  ici  
 beaucoup plus  réservées  qu’à  la Nouvelle-Zélande.  Il  
 en  vint  cependant  en  assez  grand  nombre  dans  les  
 pirogues,  mais  elles  rejetaient  pour  la  plupart  avec  
 dédain  les  avances  des  Français,  et  le  petit  nombre  
 de  celles  qui  consentaient  à  vendre  leurs  faveurs  en  
 exigeaient un prix  fort élevé  et  l’approbation  de leurs  
 chefs.  Ces  femmes  sont  généralement  propres,  décentes  
 et  d’une  figure  agréable  :  quelques-unes  ont  
 des  traits  nobles  et  gracieux  et des  formes parfaites.  
 Quand  je  demandai  à  Singleton  le  motif  de  leur  
 grande réserve à l’égard  des  Français,  il me  répondit  
 que  les  femmes  de  Tonga  craignaient  de  gagner  les  
 mauvaises  maladies  des  blancs,  et  qu’en  outre  elles  
 avaient pour  les  étrangers  une  répugnance  qui  provenait  
 de  ce  que ceux-ci n’étaient point  circoncis.  La  
 première  de  ces  raisons me  parut plus  plausible  que  
 l’autre. 
 Les  enfans  ont particulièrement  excité  mon  attention  
 pour  leur propreté,  leur  gentillesse et  leur  douceur. 
   Tahofa  nous  a  amené  ses  deux  petits  garçons 
 qui  sont  fort  éveillés  :  le plus  jeune a  été  adopté par  
 la Reine douairière,  ce qui lui confère de grandes prérogatives. 
   On  croit  que  son  ambitieux père  voudrait  
 profiter de cette  circonstance pour  lui donner  un jour  
 la  souveraineté  de  l’ile.  A  fin d’accoutumer  peu  à peu  
 les  autres  chefs  à  regarder cet enfant  comme  leur supérieur, 
   cet egui  rusé ne s’en approche jamais sans se  
 soumettre  à l’humdiante cérémonie du moe-moe, c’est-  
 à-dire  sans  se  prosterner  devant  lui  et  faire  le  simulacre  
 de poser sa tête sous  les  pieds  de  l’enfant,  cérémonie  
 naguère  imposée  à  tout  chef de Tonga  en présence  
 du Touï-Tonga. 
 On  s occupe  avec  activité  à  réparer  les  avaries  28, 
 t o m e   IV.