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 e t  L a u v e r g n e ,  une  course  intéressante  à  M o u a ,  où  ces  trois  
 messieurs  firent  de  nombreux  et  fo rt  jo lis   dessins.  Nous  v is itâmes  
 les maisons  des  esprits  et  les  tombeaux  des  anciens  r o is ,  
 dont  la  con s tru ction ,  faite  en  larges  blocs  de  c o r a il,  est  v é r itablement  
 étonnante  sur  ce  p o in t  de  l ’î l e ,   où  Ton  n’a  p u   les  
 transporter  q u ’avec  des  efforts  in o u is ,  une  patience  admirable  
 et  à  l ’aide  de  grandes  piro gues .  Nous  vînmes  ensuite  passer  la  
 n u it cb e z   P a lo u ,  qui  nous  traita  fo r t  bien  ;  e t ,  le   len dem ain ,  
 nous  assistâmes  à  la  singulière préparation  et  à  la  distribution  
 du  kava  ,  scène  qui  a  été  dessinée  par M.  de  Sainson  avec  une  
 vérité  parfaite. 
 L e   9  m a i ,  à  .six  heures  du  matin  ,  nous  descendons  à  terre à  
 M o u a ,  chez  P a lo u ,  qui  av a it  invité  tout  l ’état-major  de  l 'A s trolabe. 
   M M .  de  Sainson  ,  Pâris  et  m o i ,  nous  nous  embarquons  
 ,  avec  les naturels  ,  dans  une  p iro gu e   à  siège ;  le  commandant  
 et  les  autres  personnes  de  l ’état-major  dans  un  des  
 canots  de  la  corvette. 
 Les  insulaires  qui  dir ig e aien t  notre  p irogue  chantaient  les  
 paroles  .suivantes,  dont  il  nous  a  été  impossible  de  connaître  
 le   sens;  les  A n g la is   qui  demeurent  à  T o n g a -T a b o u   nous  
 ont  assuré  que  les  naturels  eux-mêmes  ne  le  connaissaient  
 pas  ; 
 31)0  kola, 
 ®tüu  rouai  inobouno; 
 21u-l)i  l]a-l)é, 
 ®tou  uouûï  tofff. 
 Une  partie  des  nageurs  chante  ;  Iho  k o ïa ,  et  l ’autre partie  
 répond  :  Otou  vouai  mabouna.  Les  premiers  reprennent  et  
 disent  :  A n -h i  h a -h é ;   les  seconds  répondent  :  Otou  vouai  
 taffé ;  et ces  quatre  vers  sont  psalmodies  pendant  des heures  et  
 des  journées  entières. 
 A prè s  avo ir fait noire visite aux p rincip ales  autorités du lieu  , 
 et  entre  autres  à  la   reine  F agakana,  qui  habite  sur  le   b o rd   de  
 la   mer,  nous vînmes dîner  chez P a lo u   ,  où  nous  trouvâmes en  
 ab ondance  du  co cb on   rô ti.  P a lo u   eut  même  l ’attention  d’en  
 en vo y e r   aux  canotiers.  Quan t  aux  fêtes  qui  nous  étaient  destinées 
 ,  et  d ont  on  nous  a v a it  tant  p a r lé ,  elles  n’eurent  pas  
 l i e u ,  p eu t-ê tre   à  cause  de  que lque   p ro je t  sinistre  de  Tahofa. 
 A   trois heures  de  l’a p rè s -m id i, M M .  Q u o y ,  Sainson  et m o i ,  
 accompagnés  de  l’A n g la is  James R ead   qui  nous  sert  de g u id e ,  
 nous  quittons  M oua  p o u r   alle r   par  terre  à  H i fo ,  et  traverser  
 ainsi  l ’ile   de T o n g a -T a b o u   dans  presque  toute  sa  lo n gu eu r . 
 A   peine étions-nous à  u n   quart de  lieue de Moua  ,  que je rencon 
 tre   mon  ami  K a n a n -G a ta ,   qui  me  présente  sa  fem m e ,  
 jeune  e t  assez g en tille   ,  en  me p r ian t de  lu i  faire  u n   cadeau  ,  ce  
 à  qu o i j ’étais  parfaitement disposé.  S eulemen t  je fis  remarquer  
 à  mon  ami  q u e ,  puisque  nous  av ions   changé  de  nom  et  que  
 j ’étais  K a n an -G a ta ,  sa  femme  était  devenue  la  mienne.  I l  me  
 fut  impossible  de  lu i  fâlre  entendre  ra iso n ,  tandis que madame  
 K a n a n -G a t a ,   infiniment  p lus   ra ison n ab le ,  ne  fit  aucune  
 espèce  d’o b je c t io n ,  e t  p aru t  même  trouv er  ma  demande  fo rt  
 n aturelle  ,  surtout  lo r sq u e ,  pressé  que  j ’étais  de  con tin u e r  ma  
 route  ,  je  lu i  eus  fa it  présent  d’un  beau   foulard  rouge  que  je 
 tenais  à  la  main. 
 N ous  laissons  à  notre  g auche  le   v illa g e   A 'O lo n -H a   ,  dont  le  
 ch e f   se  nomme  K a b o u -K a v a ;   plus  lo in   ,  nous  traversons  le  
 v illa g e   à’ Ouaïni,  dont  le   ch e f est M a fo u   ;  c’est  un  fort  jo li  end 
 r o i t ,  où  nous  vo yon s   b eau co u p   de  bananiers  cu lt iv é s ,  et  des  
 plantations  d’ ign ame s ,  de  patates  et de  cannes  .4  sucre. 
 P lu s   ta rd ,  nous  rencontrons  des  hommes  p ortan t  des  vivre s  
 à  B é a ,  et  surtout  des patates  douces  :  Tun  d’e u x ,  p o u r   un h a m 
 e ç o n ,  monte  sur  u n   des  nombreux  cocotiers  qui  b o rd en t  la   
 ro u te ,  et  nous  donne  quelques  fruits  de  ce t  arbre  que  nous  
 retrouvons  toujours  avec  un  nouveau  p la is i r ,  et  q u i  es t,  sans  
 co n t red it,  le  plus   précieux  de  tous  ceux   qui  existent  sur  le  
 g lo b e . 
 A v a n t  d’ar river  à  B é a ,  v ille  militaire  et  entourée  de  fossés  , 
 TOME  IV .