VOYAGE DE L’ASTROLABE. 197
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reconnut roi ou hou des îles Tonga. Finau, impatient
de retourner aux îles Hapaï pour assister aux obsè-
cjues du touï-tonga, et ne voyant pas paraître les
ennemis, comme il s’y était attendu, se décida à
laisser la forteresse de Nioukou-Lafa à la charge de
Tarkaï, après lui avoir fait promettre d’en prendre le
plus grand soin. Puis il s’en retourna à Pangaï-5Iodoii
pour faire les préparatifs de son départ.
La nuit suivante, le traître Tarkaï livra aux flammes
la citadelle de Nioukou-Lafa; et de Pangaï-Modou
Finau put contempler l’incendie qui lui annonçait la
ruine de ses travaux. Indigné de celte perfidie, Finau
voulait aller sur-le-champ exterminer Tarkaï et toute
sa famille ; mais les prêtres lui représentèrent que les
dieux s’opposeraient à son projet, ce qui l ’obligea d’y
renoncer
On retourna donc à Namouka, puis à Lefouga,
où l’on procéda à la cérémonie solennelle qui devait
accompagner la levée du grand tabou imposé sur
toutes les productions terrestres, à l’occasion de la
mort du touï-tonga.
Cet événement était arrivé buit mois auparavant,
par conséquent vers le milieu de 1806. Le successeur
du délunt présidait à cette solennité; Finau et tous
les principaux chefs y assistaient, mais se tenaient au
milieu du peuple par respect pour le caractère divin
du président 2.
Cinq jours après cette cérémonie, le nouveau touïï
Mariner, 1, p. — 2 Mariner, I, p, 117 et suiv.
tonga épousa l’une des fdles de Finau, âgée de dix-huit
ans '. Comme Mariner nous apprend que ce touï-
tonga avait alors à peu près quarante ans, il est impossible
que le prédécesseur fût son père, puisque le
fils et héritier de celui-ci, suivant Wilson, ne naquit
qu’en 1797. C’était probablement un frère cadet, bien
que d’Entrecasteaux ni Wilson n’en aient point fait
mention.
Toubo-Toa, fils de Tougou-Aho et d'une des femmes
attachées à son service, nourrissait la haine la
plus implacable contre Toubo-Niouha , meurtrier de
son père, et il avait fait le voeu solennel de ne point
boire de lait de coco qu’il n’en eût tiré vengeance.
Pour mieux réussir dans ses projets, il s’attacha au
parti de Finau, chercha à gagner la confiance de ce
chef, et lui représenta Toubo-N iouha comme un rival
dangereux, qui ne visait à rien moins qu’à le supplanter.
L ’ombrageux Finau, ébranlé par ces insinuations
souvent répétées, devint jaloux de son propre frère et
de l’amour que lui portaient ses guerriers de Vavao :
il laissa même voir à Toubo-Toa qu’il consentirait
volontiers à en être délivré.
Sur-le-champ cet egui profita de la disposition
d’esprit de Finau. Tandis que Toubo-Niouha attendait
encore à Lefouga, avec son armée, les ordres de
Finau pour s’en retourner à Vavao ; un soir son ennemi,
escorté de quatre hommes, tomba sur lui à
l’improviste et l’assomma pour ainsi dire sous les yeux
I Mariner, I , p. 12 r et suiv.