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nal, que nous avons nommé cap Rossel, et sur lequel
on observe çà et là des bouquets de cocotiers et de
pins, la terre se réduit à une chaîne d’îlols peu élevés,
équai’ris et taillés à pic sur les flancs, couverts de bouquets
de verdure, et qui semblaient réunis par une
base commune de rochers sous-marins.
Nous n’en comptâmes pas moins d’une quinzaine.
Notre route, alors assez rapide et rapprochée de
te rre , produisait, à mesure que nous filions devant
ces île s , comme une suite de changemens à vue ; les
effets de perspective variaient à chaque instant comme
par enchantement, et nous ne pouvions nous lasser
d’admirer ce ravissant spectacle. M. Guilbert, de son
côté, ne perdait pas une minute pour faire, sur ces
divers points, les relèvemens nécessaires afin de donner
à son travail toute la précision désirable.
Vers quatre heures nos observations nous plaçaient
fort près du petit groupe des îlots Beaupré. En effet,
en examinant plus attentivement les positions relatives
et l’aspect des trois dernières îles Loyalty, au
nord-ouest, je restai convaincu que ce n’était pas autre
chose que celles qui furent ainsi désignées dans le
Voyage de d’Entrecasleaux. A cinq heures vingt-deux
minutes du soir, nous n’étions qu’à un mille du récif
qui les environne. Nous terminâmes notre reconnaissance
des îles Loyalty en liant nos opérations, de la
manière la plus immédiate, aux excellens travaux de
d’Entrecasteaux. Nous désignâmes par le nom de
Pléiades les petites îles situées entre l’île Halgan et le
groupe Beaiqn c.
Au moment où nous prolongions ces derniers îlots,
je ne pouvais m’empècher de songer au danger qu’avaient
couru les navires de d’Entrecasteaux dans la
nuit qui précéda pour eux la découverte des îlots
Beaupré. Le bon M. de Rossel, dans le peu de temps
qui s’écoula entre le retour de T Astrolabe et sa mort,
ne pouvait sans frémir arrêter ses regards sur cette
portion de notre carte des îles Loyalty. En effet, si
dans cette nuit critique des volées d’oiseaux ne fussent
pas venues par leurs cris éveiller la vigilance de
l’officier de quart, et si, attentif à ce signal, cet officier
n’eût prudemment mis en panne, les deux frégates
poussées par un grand vent d’E. allaient s’engager
dans les îlots situés au sud-est du groupe Beaupré
, où un naufrage complet les attendait inévitablement.
Par un sort fatal cette expédition eût péri à
moins de deux cents lieues de distance des plages funestes
qui virent la fin de celle de Lapérouse. Sur le
désir de M. de Rossel, et pour rappeler celte circonstance
mémorable de son voyage , j ’ai fait graver sur
ma carte la route de d’Entrecasteaux près des îles
Beaupré.
On sent bien qu’en côtoyant les îles Loyalty j’avais
plus d’une fois songé à la possibilité que les frégates
de Lapérouse eussent aussi péri sur ces plages inconnues,
en se rendant de Tonga-Tabou a la Nouvelle-
Calédonie. Aussi nos regards interrogeaient avidement
ces côtes pour découvrir si elles ne portaient
pas quelque trace du séjour des Français. La moindre
fumée, le plus léger accident du sol fixait toute notre
1827.
Juin.
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