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mer brise avec une violence extrême. Les maisons,
les palissades et les cultures, suivant les observations
de MM. Lottin et Dudemaine, ont beaucoup de rapports
avec celles que l’on observe à Tonga-Tabou.
Les habitans de Laguemba sont fréquemment en
guerre avec ceux d’une île peu éloignée au N. O . , el
nommée Dzizia ; les vainqueurs dévorent sans pitié
les prisonniers qui tombent entre leurs mains.
Toute la nuit il souffla une forte brise de S. E. ,
avec des rafales, un ciel très-chargé et une grosse
houle. Pourtant, quand le jour revint, nous revîmes
les îles au travers de la brume, et je m’aperçus que,A
contre mon attente , nous nous étions assez bien soutenus
au vent. J’ai couru une bordée sur Laguemba
pour nous en rapprocher ; mais les grains sont continuels
et la mer très-grosse, de sorte que j ’ai été forcé
de m’en tenir â bonne distance. D ’ailleurs les naturels
qui sont restés à bord m’ont assuré qu’il était impossible
à leurs pirogues de s’exposer en mer par un
aussi mauvais temps.
Entre sept et huit heures du soir le ciel a paru s’éclaircir
un instant, puis il s’est encore chargé de toutes
parts, le vent a repris avec une nouvelle violence, et
dans une effrayante obscurité, nous avons continué à
courir des bordées de huit ou dix milles entre Laguemba
et Banoue-Batou, au risque d’être entraînés
malgré nous sur des brisans inconnus.
Dans la matinée, Audibert, notre maître voilier,
m’a montré une pièce de cuivre que Guttierez, l’un
des hommes de Manille, lui avait donnée à garder
avec un certain nombre de piastres. A la première
inspection, j’ai vu que c’était une médaille russe, que
j ’ai soupçonnée provenir de l’expédition de Billingshausen,
qui découvrit en 1820 l’île Ono. Ayant questionné
Guttierez, il me dit d’abord que Loua-Lala
l’avait rapportée du brick naufragé avec d’autres
pièces. Mais, après de plus amples informations et des
questions plus détaillées, je sus qu’un certain nombre
de naturels d’Ono étaient venus à Batoa dans l’espoir
de prendre part au butin, que l’un d’eux portait au cou
la médaille en question, et qu’elle lui fut enlevée avec
d’autres objets par Loua-Lala ou quelqu’un de ses
gens.
Cette médaille portait d’un côté l’effigie d’Alexandre
avec la légende ordinaire à l’entour. Sur le revers
étaient écrites trois ou quatre lignes à demi-effacées
par le frottement de la pièce contre la peau du naturel
qui la portail suspendue au cou ; mais on distinguait
encore quelques mots et le millésime de 1818 Guttierez,
qui ne la considérait que comme une simple
pièce de billon, me la céda de grand coeur pour une
chemise neuve, et j ’en devins ainsi possesseur.
Je profitai de ce moment pour renouveler mes questions
relativement aux frégates de Lapérouse : mais
les habitans des îles Viti ne paraissaient en avoir eu
aucune notion. Néanmoins ils se rappelaient parfaii!
i
ï Le capitaine Lütke, à qui je montrai cette médaille à Paris en 1 8 2 g ,
reconnut sur-le-champ qu’elle appartenait au Voyage de Billingshausen, et
lut même sur une des faces le nom du navire que montait ce navigateur,
B o c t o h u (Orient).
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