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1S29.
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14.
le bas-ventre, a convaincu le docteur Gaimard que
j ’étais atteint d’une entérite ou inflammation des intestins
grêles. J’ai voulu me borner à la diète pour
unique traitement; mais, dans la soirée, les souffrances
sont devenues si cruelles que j ’ai cédé aux
représentations de M. Gaimard. Les sangsues et les
iavemens ont donc été administrés, mais sans aucun
résultat, et j’ai passé une nuit affreuse sans avoir un
seul instant de répit.
A six heures du matin, je suis entré dans un bain
très-chaud. Durant le temps seulement que j ’ai pu
y rester, les souffrances ont sensiblement diminué
d’intensité, mais pour reprendre avec une force
égale quelques minutes après la sortie du bain. En
conséquence, je me suis établi sur un coin du pont
entouré de toiles, et trois fois par heure je me plongeais
dans un bain dont on avait soin d’entretenir
l’eau très-chaude. Ainsi se sont écoulées la journée tout
entière et la nuit suivante ; j ’observai du reste une
diète absolue et ne pris pas le plus léger bouillon.
En cette occasion, le docteur Gaimard, voyant les
ressources de son art infructueuses, me prodigua des
soins et des attentions soutenues dont je lui garde
encore aujourd’hui une vive reconnaissance.
Les douleurs que j ’éprouvai dans la soirée et la
nuit furent si déchirantes et si continues, que je
craignis de succomber sous leur atteinte; ihest vrai
de dire que c’eût été alors un véritable soulagement.
Aujourd’hui même, j ’aimerais mieux mourir à l’instant
que d’être exposé huit jours h un pareil supplice.
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Du reste, j’avais prévu le cas où j ’aurais succombé à
celte maladie. J’avais rédigé une sorte de mémoire
pour guider M. Jacquinot dans le reste de la campagne
, el le mettre en état de compléter la lâche que
j ’avais commencée. En fermant les yeux, j ’aurais eu
du moins la consolation de penser que ce digne officier
n’eût pas laissé mon entreprise imparfaite.
La journée entière a été fort belle. La moitié de
l’équipage a eu la permission de passer la soirée à
se promener sur l’île aux Cocos. Vers deux heures,
un caïman s’est montré entre deux eaux , à peu de
distance de la corvette. Plusieurs de nos officiers et
de nos maîtres, armés de fusils, ont sauté dans deux
canots, et ont donné au monstre amphibie une
longue et vigoureuse chasse. Il a dû recevoir un grand
nombre de balles dans le corps ; mais enfin il a réussi
en plongeant à se soustraire aux poursuites dont il
était l’objet ; toutefois il n’est pas probable qu’il
puisse réchapper des blessures qui lui ont été faites.
Grâce aux bains chauds, dans lesquels je me
plonge de demi-heure en demi-heure, je réussis a me
procurer (juelques instans de relâche aux tourmens
que j ’endure.
Dans la soirée, ia violence du mal a un peu diminué,
et il était temps, car il m’eût été difficile d’y
résister davantage. Du reste je suis encore obligé de
différer notre départ du hâvre Carteret qui devait
avoir lieu demain. Tout était prêt pour cela; mais,
avec la meilleure volonté du monde, ce serait chose
inqiossiblc pour moi de m’occuper de la manoeuvre.
1827.
Juillet.
VI CVJI.
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