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 à  Hifo  ,  après  av o ir   fait  enco re  q ua tre   lieues.  Dans   tout  
 ce  trajet  que  nous  fîmes  sous  une  allée  couverte  de  v e rdure   et  
 a  1 abri  du  s o le il,  nous  remarquâmes  très-souvent  à  dro ite  et  
 à  g auche  des  plantations  d ’ign am e s ,  de  p ata tes ,  de  co co t ie r s ,  
 des  champs  de  cannes  à  su c r e ,  surtout  à  l’approche  des  v illa g 
 e s ,  d ont  quelques -un s   s’an n on ca ien t  par  des  allées  régulières  
 de  jeunes  co cotiers .  L c s   hab itations  que  nous ne  v o y ion s  pas  
 s’annonça ieut  par  le  b ru it  cadencé  des  bancs  sur  lesquels  les  
 femmes  fab riquen t  les  étoffes  de  m ûrier.  Les  habitans  de  
 Nou go u -N ou go u   v inrent  à  notre  rencontre  et  nous  suivirent  
 que lque   temps.  Ils  nous  p aruren t  tr è s - tu rb u len s ,  e t ,   sans  
 notre  gu id e   ,  nous  aurions  pu  être  p o u r   le  moins  d ép o u illé s ,  
 malgré  nos  armes à  feu.  Q u e lq u e   temps  aup a rav an t  ils  avaient  
 tué  un Amé r ica in . 
 T on g a -T ab o u   est  une île   basse,  d ont la  base  toute m ad rép o -  
 rique  est  re cou v e r te   d’une  co u ch e   excessivement  épaisse  de  
 trè s-b on n e   te r re ,  où  tous  le.s  végétaux   se  d é v elopp en t  avec  
 vigu eu r .  Le s   co cotie rs   et  les  bananiers  y   croissent  avec  p ro fusion. 
   J’ai  remarqué  que  la  tig e   des  premiers  était  plus  
 g rê le   que  dans  d ’autres  co n t ré e s ,  ce  qui  n’a  p o in t  échapp é  à  
 M .  H o d g e s ,  p e in tre   du  v o y a g e   de  C o o k ,  dans  les  dessins  qu ’il  
 a  donnés  de  ce tte  île . 
 L e   manque  de  montagne  qui  entraîne avec  lu i  l’absence  des  
 ruisseaux  rend  le   p ays  m on o ton e ;  qui  en  a  vu  un  qua rt  de  
 lieue  a   to u t  vu .  L e   rat  e x c ep té ,  il  n’y   a  p o in t de mammifères  
 sauvages.  U n  m a r t in -p ê ch eu r ,  un  râle ,  une  poule  d ’e a u ,  une  
 perruche  très p e t it e ,  des  tourterelles,  des merles,  des  mouche-  
 ro lle s ,  un  ch a t-h u an t ,  sont  les  seuls  oiseaux  qu’on  y   ren con tre. 
   Lc s   insectes y   sont  très  rares,  de même  que  le  poisson dont  
 nous  ne  pûmes  nous  p rocurer  q u ’une  douzaine  d’espèces.  Il  
 y   existe  un  beau  serpent  d’eau  ,  v en im eu x ,  ja u n e ,  annclé  do  
 n oir. 
 Nous  fûmes  parfaitement  reçus  par M M .  les  missionnaires  ,  
 dans  leu r   jo lie   petite  maison  en  bois  qu’ils   apportèrent  toute 
 eonstrnile  de  P o r t-J a ck so n .  Ils   ont  leurs  femmes  avec  e u x ,  
 et  p o u r   les  servir  deux  compatriotes.  Nous  vîmes  chez  eux  le  
 ch e f  sous  la  prote ction   du qu e l  ils h ab iten t;  il  p ortait  au  cou  
 un co llie r   de  tr ente -d eu x   dents  de  c a ch a lo t ,  a r ron d ie s ,  p o in tu 
 e s ,  grosses  chacune  comme  le  d o ig t ,  et  longues   de  huit  
 pouc es .  L ’animal  dont  elles  prov enaient  devait  être énorme.  
 C ’ est des  îles  V it i  que  les hab itans  de T o n g a   retirent  ces  p ré c 
 ieux   ornemens.  C e lu i - c i  ne  ressemble  pas mal  à  ces  colliers  
 de  pointes  q u ’on  met  au  co u   de  nos  gros chiens. 
 M .  T h om a s  nous p ro cu ra   son  cano t p o u r  le   retour. Nous  le  
 jo ignîmes   après  av o ir   fa it un  mille  dans  l’eau .  Nous  passâmes  
 à  travers une  foule  de  r é c if s ,  arrivant  p our  l ’u n ,  loffant  p ou r   
 l’autre;  et malgré  Thabilude  de  ceux   qui  nous  conduisaient,  à  
 passer  p ar  ces  co u p u re s ,  nous  ne pûmes  é v ite r  d’éehouer.  Le   
 so ir ,  nous arrivâmes  à  b o rd   après  trois  jours  d’absence. ^ 
 E n   é v aluan t  à  sept mille  ames  la   p op u la tion   de  cette  île  ,  ce  
 n’est pas se tromper en moins. L a  race est un beau typ e de la jaune  
 ou  p o lyn é s ien n e ,  sans  cependant  y   ren con t re r ,  comme  aux  
 S a n dw ic h ,  des hommes de  plus de  six pieds  et  gros  en  p rop o r tion 
 . On v o it parmi  eux des physionomies  très-agréables,  à  nez  
 effilé.  L eu r s   chev eux  noirs  seraient  comme  les  nôtres,  s i ,  par  
 le   moy en  de  la   ch a u x ,  ils  ne  les  frisaient  pas  en  buissons  ou  
 en  grosses m è ch e s ,  comme  fo n t  les P apous .  D’autres  les  re lè vent  
 et  les  fixent  sur  la   tête.  Les   chefs  les  p ortent  unis  et se  les  
 co u p en t  ras.  Le s  hommes, bien   faits,  on t en  général le  bas de la  
 jambe gros ;  le u r  tatoua ge  en  n o ir,  qui  n’a  lieu  qu’à  la  ceinture  
 et  aux   cu is se s ,  est  uniforme  chez  tous.  U n   bien  malheureux  
 usage  est  c e lu i  de  se  co u p e r  les  deux petits  doigts  dans  la  première  
 p ha lan g e ,  lo rsqu’un  de  leurs proches  parens est malade,  
 dans  la   croyan ce   que  ce   sacrifice  lu i  rendra  la   saute.  S u r  dix  
 individus  ,  sept  au moins  sont ainsi  mutilés  d’une  ou  des deux  
 mains.  T o u s   les  chefs  le  sont nécessairement.  On p ratique cette  
 ba rbare  opération  de  force  chez les jeunes  en fan s ,  ca r  nous  en  
 avons  vu  de  sept  ans  q u i  étaient dans  ce  cas.  C e t  usage  remplace  
 ic i  ce lu i  de  se  casser  les  dents  ailleurs  ;  mais  il ne  dis