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 cruauté,  commandés  du  reste  en  certaines  circonstances  
 par les opinions religieuses du pays  i. 
 A  l’époque  où  l’Astrolabe  passa  à  Tonga-Tabou,  
 en  1827,  les  habitans  de  cette  île  paraissaient  généralement  
 las  des  combats  et disposés  à vivre en  paix.  
 Un  des  reproches  les  plus  graves  que  les  chefs  faisaient  
 au  jeune  Lafili-Tonga,  prétendant  actuel  au  
 titre  de  touï-tonga,  était  qu’il  aimait  la  guerre,  et  
 q u e ,  si  on  le  rappelait  dans  l’île ,  on  ne  pourrait  
 jamais  être  en  paix. 
 Tous  les  hommes  en  état  de  porter  les  armes  sont  
 guerriers  au  besoin ;  ils  suivent  leur  chef partout  oi'i  
 il lui plaît de les conduire,  et  celui-ci  à  son  tour va  se  
 joindre  au  parti  de  Vegui-lahi,  ou  du  chef principal  
 dont il  soutient la cause.  Il  est  rare  que  ces  naturels  
 en  viennent à  des  batailles  rangées  :  leurs guerres  se  
 consument  ordinairement  en  escarmouches  et  en  en-  
 gagemens  particuliers,  qui  sont  néanmoins  quelquefois  
 fort  meurtriers.  Le  parti  vaincu  se  soumet  ou  
 prend  la  fuite,  emportant  avec  lui  ce  qu’il  peut  de  
 ses  effels,  et  va  chercher  un  asile  sur une  île amie.  
 Les  îles  Hamoa  et  les  îles  Viti  ont  souvent  reçu des  
 populations  entières obligées  de s’exiler pour de semblables  
 motifs. 
 Crimes  Dans  Un  état  de  société,  comme  celui  de  Tonga-  
 et  pimitions.  Xabou,  où  tous  Ics  individus  sont  pénétrés  de  l’entière  
 obligation  d’obéir  aux  ordres  de  leurs  chefs,  
 où  ils  sont  persuadés  que  commettre  une  action 
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 qui  leur  serait  désagréable  serait  offenser  les  dieux  
 mêmes,  on sent déjà qu’il ne peut guère être question  
 d’idées  précises de  criminalité ni de pénalité.  Tout  se  
 réduit  à  une  obéissance  passive  de  la  part  des  inférieurs  
 envers  les  chefs,  et  à  une  sage  réserve  de  la  
 part  des  chefs  entre  eux  pour  éviter  de  se  donner  
 aucun motif de mécontentement mutuel. 
 Les  chefs  rappellent quelquefois  leurs  sujets  à l’ordre  
 ,  ou  les  punissent  de  certaines infractions  à  leurs  
 devoirs  à  grands  coups  de  bâton,  qu’ils  leur  administrent  
 eux-mêmes  ou  qu’ils  leur  font  administrer  
 par  leurs  mata-boulais.  Quelquefois  enfin,  pour  des  
 crimes  plus  graves,  ils  les  font  périr  sans  pitié.  On  
 doit pourtant convenir que ces  cas sont peu fréquens,  
 surtout  le  dernier,  qui  n’a  guère  lieu  que  pour  une  
 offense  envers  les  dieux  ou un  outrage  fait  au  chef.  
 Encore  est-il  bien  rare  que  le  chef  lui-même  soit  
 obligé  d’intervenir  ;  ses mata-boulais  et  ses  premiers  
 mouas ne laisseraient pas un  pareil forfait impuni. 
 Quand  deux  eguis  croient  avoir  de  justes  motifs  
 de  reproches  l’un  contre  l’autre,  ils  vident  fréquemment  
 leur  querelle  par  un  combat particulier.  Ils  se  
 battent avec acharnement,  et souvent les deux rivaux  
 sortent  de  la  lutte  dans  un  étal  affreux ;  mais  il  est  
 rare que  le vainqueur abuse de  son  avantage,  el  une  
 réconciliation  sincère  termine  d’ordinaire  ces  sortes  
 de  duels.  Mariner  nous  en  raconte  un  exemple  fort  
 louchant  dans  l’affaire  que  Talo  eut  avec  Hala-Api-  
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