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L ’esprit des jeunes guerriers de Tonga n’est pas
moins aventureux que celui des Nouveaux-Zélandais.
Ils se réunissent parfois au nombre de cent ou deux
cents , et s’embarquent pour les îles V it i, où ils vont
faire la guerre pendant des années entières ; d’autres
fois ils vont aux îles Hamoa, Niouha, Fotouna ou
Rotouma ; ceux qui reviennent de ces longues et dangereuses
caravanes acquièrent une haute considération
parmi leurs propres concitoyens. Les aventures
de Touï-Hala-Fataï, de Kou-Moala el de Toubo-Malohi
offrent des exemples curieux de ces sortes de
croisades >.
Mariage. Dcs jeunes fdlcs qui ne sont pas mariées, les unes
sont libres, et les autres, ordinairement celles d’un
certain rang, sont long-temps d’avance promises par
leurs parens. Celles-ci doivent réserver leurs faveurs
pour leur futur époux, mais les autres peuvent en
disposer à l’égard de qui leur plaît. Toutefois Mariner
observe que cette liberté n’engendre aucune
habitude de débauche ni de libertinage. Les jeunes
filles ne sont point portées à prodiguer leurs charmes
au premier venu ; ce n’est qu’à force de présens,
d’attentions et de petits soins, qu’on peut gagner leur
coeur. En général, il est honteux pour une femme
de changer souvent d’amant.
Les femmes mariées, doivent être fidèles à leurs
époux, et elles le sont communément. Bien qu’il y ait
des exemples d’intrigues illicites, Mariner assure que
ces exemples sont fort rares dans les classes supérieures
; car, dans les basses classes, les femmes cèdent
quelquefois aux désirs des chefs, plutôt pour
éviter les suites de leur ressentiment, que par une
vraie disposition pour le libertinage.
Dans le cas d’adultère , les deux coupables sont
exposés à toute la fureur de l’époux outragé ; maître
absolu de sa femme, il peut l’assommer sans pitié :
cependant ce cas arrive rarement, et d’ordinaire il
se contente de répudier son infidèle moitié.
Toute femme mariée est obligée de demeurer avec
son mari, tant que celui-ci juge à propos de la garder
avec lui ; mais si l’époux consent à divorcer (et pour
cela il lui suffit de dire à sa femme qu’elle peut se retirer),
celle-ci devient maîtresse de sa personne et peut
à son choix se remarier ou rester libre.
Si la femme divorcée veut conserver sa liberté, elle
peut vivre avec tel homme qui lui conviendra sans se
marier; dans ce cas, elle peut*aussi le quitter dès
qu’il ne lui plaît plus de demeurer avec lui.
Mariner estimait le nombre des femmes mariées à
Vavao aux deux tiers de celui des femmes nubiles.
Un tiers des femmes mariées sont fiancées long-temps
d’avance par leurs parens. D’un autre côté, un tiers
des femmes mariées demeurent avec leur premier
époux jusqu’à ce que la mort les sépare ; les deux
autres tiers sont divorcées et contractent de nouveaux
liens, à l’exception d’un très-petit nombre qui par
goôt ou par hasard restent libres >.
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M a r in e r , IF, p. 140 et suiv.
TOME IV .