tacis. Les femmes encore plus que les hommes sont
sujettes à cette coutume barbare, et plusieurs d’entre
elles ont tout-à-fait perdu le petit doigt de chaque
main et même une phalange ou deux de l’annulaire.
Quand le malade est mort, on se déchire pour son
deuil, mais il n’y a plus lien à se couper le doigt.
Suivant Latou, voici la place d’honneur de chacun
des pands dignitaires du pays, quand il y a un kava
général, suivant son rang et sa naissance.
Le touï-tonga se tient hors du cercle et à part;
un blanc seul, un Européen peut s’asseoir près de lui!
Le nom propre du touï-tonga actuel est Lafili-Tonga ,
tandis que son nom de famille est Fata-Faï porté par
tous ses ancêtres.
Le premier dans l’assemblée du kav a , celui qui se
place en tête, est le touï-kana-kabolo, charge qui répond
à celle de premier ministre ou administrateur-
général de l ’Etat. A l’exemple des maires du palais
sous la première race des rois de France ou des coiibos
du Japon, les derniers individus qui ont occupé cette
charge avaient usurpé tout le pouvoir temporel, et
avaient à peu prés réduit le touï-tonga aux honneurs
divins. Il y a quelque incertitude pour décider qui devrait
aujourd’hui remplir cette haute fonction; on
croit cependant qu’elle appartient de droit à Toubo,
mais le vieux Mafou en a long-temps usurpé l’autorité.
Le deuxième, qui se place à droite du touï-kana-
kabolo, serait Mafou, vieux chef aveugle, le premier
des eguis de Tonga-Tabou. Il a long-temps usurpé le
titre de toui-kana-kabolo, après la mort du frère aîné
de Toubo, le dernier qui l’ait exercé légitimement.
Le troisième, qui prend rang à la gauche du touï-
kana-kabolo, est le lavaka, sorte de dignitaire qui
parait spécialement chargé de tout ce qui a rapport
au culte, et sans la participation duquel tous les actes
qui se passent ne pourraient être légaux. Ce titre de
lavaka e s t, dit-on, fort ancien dans l’ile, et l’on n’a
pas pu m’expliquer sa vraie signification. Aujourd’hui
celui qui en est investi est Houa-Fou-Halo, l’im de
nos triumvirs.
Le quatrième, placé a la droite de Mafou, serait le
Hata, généralissime et chef suprême des guerriers.
Aujourd’hui c’est Hafoka, chef de Hifo, le district où
les missionnaires sont établis.
Le cinquième est Veï-Hala, chef de Fafiha, district
contigu à Hifo.
Le sixième, Houla-Kaï, chef de Hifo sous Hata,
du sang royal, et grand ami des missionnaires et des
Européens en général.
Le septième, Ohila, également du sang royal, sous-
chef de Hifo, et non moins ami des missionnaires.
Le huitième, le Touï-Ardeo, qui se nomme Vea, du
sang royal, sous-chef à Moua, mais aujourd’hui sans
guerriers et par conséquent sans crédit. Ce fut son
père, Vea-Tchi, qui prit Singleton sous sa protection
et lui sauva la vie.
Le neuvième, Fatou ou Palou, simple chef de Moua,
mais aujourd’hui le plus puissant, à cause de son crédit
et du nombre de ses guerriers.