1S27. flot arriva; au lieu de porter au S. E . , il se dirigeait
Avni. N. E., ce qui n’améliorait nullement notre situation.
Cette disposition singulière des marées tient probablement
à la direction du canal, à la configuration
des terres et des récifs, surtout à la proximité du
grand lagon intérieur. Quoiqu’il en soit, je restai dès-
lors tristement convaincu que le changement de vent
pouvait seul nous tirer de danger.
Le ciel se couvrit, et le vent continua de souffler
au S. E. avec de petites risées , doni la moindre
me faisait frémir pour nos grelins. Qu’alors j ’eusse
ardemment désiré me retrouver en pleine mer, sauf
à m’y voir de nouveau en butte aux plus furieuses
tempêtes et aux vagues les plus menaçantes!.... La
veille encore je déplorais les retards qui m’empêchaient
de toucher à Tonga-Tabou, et maintenant que
j ’y étais, j ’aurais voulu, au prix des plus grands
sacrifices, m’en voir à deux mille lieues!... Telles
sont les chances auxquelles l’homme de mer est sans
cesse exposé dans les voyages de découvertes !....
Du moment où la corvette avait échoué, les pirogues
des naturels étaient arrivées successivement, et
avaient fini par nous environner de toutes parts ; mais
je n’avais permis qu’à un petit nombre d’hommes qui
s’annoncaient pour être des chefs, epai, de monter à
bord et d’y rester pour maintenir l ’ordre et la tranquillité
parmi leurs compatriotes. Toutefois je reconnus
bientôt que ces prétendus eguis ne jouissaient
presque d’aucune influence, ou bien qu’elle s’étendait
au plus aux individus qui dépendaient immédiatement
de leur autorité ; les autres faisaient à peine attention iSs-,
à leurs ordres ou s’en moquaient ouvertement. Malgré
cet inconvénient, je dois rendre à ces sauvages la
justice de dire qu’ils se comportèrent en général avec
douceur et convenance pendant toute la durée de
nos opérations forcées. S’ils ne voulurent point nous
prêter leur assistance, au moins ils se gardaient de
nous causer aucun embarras , et se dérangeaient eux
et leurs pirogues au moindre signe que nous leur
adressions quand cela devenait nécessaire.
Vers trois heures, un jeune Anglais nommé .John
Read parut à bord avec une lettre de recommandation
de M. Thomas, l’un des missionnaires établis
dans l’ile. Read faisait partie de l’équipage du Ceres
qui fit naufrage il y a sept ou huit ans sur les iles
Hapaï. Depuis cette époque, il habitait parmi les naturels
dont il avait adopté les coutumes, la manière
de vivre, et même le costume. Cette existence paraissait
lui convenir parfaitement, et il ne songeait
nullement à retourner en Europe. Pour mieux conserver
son indépendance, il n’avait voulu s’attacher
au service d aucun chef d’une manière spéciale, bien
qu’il résidât le plus souvent à Bea. Je reçus Read
avec amitié et même avec une sorte de considération ;
j étais charmé d’acquérir dans ce jeune homme un
utile interprète près des naturels, et j ’espérais obtenir
de lui des renseignemens satisfaisans sur la conduite
à tenir à l’égard de ces hommes, afin de me
concilier leur affection.
Sur les quatre heures, dans une autre pirogue, ar