de k a v a , qui d e v a i t , pendant le reste du v o y a g e , préserver
l’Astrolabe de toute fâcheuse aventure. Pa r respect p ou r le don
de la v ie ille re in e , son talisman fut suspendu à l ’étai d’a r timon,
et il y pendait encore v in g t jo u rs ap rè s , alors que nous
étions sous le poids d’une nouvelle in fo r tu n e , la guerre avec
les sauvages.
Je reviens à T a h o fa et à sori kava sur la petite île . Nous
étions assis sur l’h e rb e , formant un ce rcle along é ; T a h o fa
o ccu p a it le haut b o u t , Lesson et moi à sa droite. E n face du
c h e f, au b o u t o p p o s é , un de ses p r in cip au x mata-boulais se fit
apporter un p la t rond en bois et à trois pieds : l ’intér ieur de
ce p la t , enduit d’un v ernis b lan c , attestait qu’i l avait long-temps
servi au n o b le usage p ou r leq u e l il était uniquement réservé.
D errière ce gra ve fo n c t io n n a ir e , une troupe de jeunes garçons
se pressa sans o rdre; on leu r distribua aussitôt des morceaux
de ra c in e , qu’ils soumirent à une mastication v igoureuse .
Cette opération te rm in é e , les racines niàehée.s sont réunies
dans un p la t ; on jette dessus une sorte de lilas.sc par poignées,
puis une certaine quantité d’e a ii; alors le mata-boula i p r in c
ip a l retourne et prc.sse avec scs mains le .séduisant melange
jusqu’il ce qu’il en ju g e le degré de force suffisant. Pendant ce
temps, les antres mata-b o u la is fo n t , avec des feuilles de b an an
ie r , des tasses extrêmement élégantes. Lc s choses en étaient
h ce p o in t lorsqu’on nous pria de replier nos jambes à la façon
des Indigènes : nous obéîmes v o lon t ie r s ; puis un homme se
le v a , sc p laça debout au milieu du c e r c le , et la distribution
commença.
L e serviteur qui av a it composé ce t étrange nectar en rem -
plissait les tasses; il ci. passa une à l ’homme du m ilie u , qui
la porta au ch e f; e c li.i- c i avala le breuv ag e et jeta la coupe.
L e Ganimède tena it déjà une autre tasse pleine : T a h o fa nomma
c e lu i qui devait la rec evo ir d’après son r a n g , en p ron on çan t :
Aoema Knmut - donne à F in aon . L e ch e f désigné frappa
des mains en signe d’assentiment, puis il but et jeta le vase.
Notre to u r a r r iv a , et nous nous soumîmes d’assez bonne
g râ ce au cé rémonial. L a boisson favo rite de T o n g a nous semb
la d’ab ord p eu a g ré ab le ; son go û t est am e r , et son passage
dans la g o rg e laisse un sentiment de ch a leu r comme nos l i -
uueurs fortes ; p ourtan t l ’habitude p eu t la faire trouver supp
ortab le . J’eus occasion de ren o u ve le r plusieurs fois ce t acte
de complaisance et de respect p ou r les usages de nos b o te s , et
l’idée que j’ai conservée de la liq u eu r du k a v a , malgré sou
étrange fa b r ic a t io n , n’est pas une idée de dégoût.
Après cette b a lte , nons no tardâmes pas à a r riv er sur 1. 1e
Onéata. A quelques p a s , sous les a rb re s , nous découvrîmes
l ’établissement de pêche de T a h o fa , disposé comme un hameau
de c in q ou six cabanes. L a p r in c ip a le , destinée à la famille du
c h e f , s’élev ait sur le b o rd de la m e r , et se distinguait p ar sa
p ropreté intér ieure et la finesse des nattes étendues sur le
so l. Nous trouvâmes là une petite partie de la famille de
T a h o fa avec l’cpousc du c h e f , mère de Tenfaut maie adopt
.--•par la Tamah a. C e t en fan t , âgé de trois ans et demi e
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