Avril.
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Krusenslern. Nous n’avons rien remarqué qui ressemblât
à une terre, rien même qui parût en annoncer
la proximité. Néanmoins l’horizon était d’une pureté
admirable, et nous eussions parlàitement distingué
une île haute à douze ou quinze lieues de distance.
On doit en conclure, ce me semble, que cette île
n’existe point, du moins qu’il y a une grande erreur
dans le journal de Maurellc. Peut-être l’île dont il
a parlé sous le nom de Vasquez n’étail-elle pas autre
chose que Sunday, visible à quinze lieues de distance,
mais située à 5° plus au sud. Quoi qu’il en soit,
nous avons cru devoir rayer l’île Vasquez de dessus
notre carte de l’Océanie.
Nous jouissons désormais d’un beau temps, et
nous nous flattons d’avoir enfin rencontré les vents
alisés. On a distribué aujourd’hui à l’équipage, pour
son dîner, du boeuf conservé par le procédé d’Appert
qui s’est trouvé de bonne qualité.
J ’emportais de la Nouvelle-Zélande deux oiseaux
apprivoisés assez curieux. C’était un gros perroquet
à couleurs sombres [Psàtacus nestoi), et un Ivuï ou
merle à cravatte [^Philedon circinnalam). Ils ont été
subitement attaqués de dyssenteric ; l’un est mort hier
au soir, et j ’ai perdu l’autre cet après-midi. Probablement
l’air de la mer et le climat trop chaud ont été
funestes à ces animaux.
A six heures quarante-deux minutes du matin, nous
avons mis le cap au N. N. O. '/, N. Le ciel a commencé
à se couvrir, la houle du S. O. a beaucoup
grossi, et le thermomètre a monté de 22 à 2G°.
A cinq heures quarante minutes du soir, quelques
personnes ont cru distinguer la terre dans fO . N. O.
Comme ce ne pouvait être autre chose qu’Eoa, j ’ai
laissé porter au N. O ., pour mieux la reconnaître
avant la nuit. Mais à six heures le temps s’était lout-
à-fait gâté, des grains de pluie et de vent se sont succédés
à de fréquens intervalles ; il a fallu diminuer de
voiles et rester aux petits bords pour la nuit.
De minuit au jour, le vent a varié du N. N. E. auN.,
en redoublant de force, en même temps que la mer
a grossi. A huit heures du matin, c’était un coup de
vent furieux du N. O ., avec des raffales pesantes et
des grains de pluie si épais qu’on ne distinguait rien
d’un bout du navire à l’autre. Toutes les voiles furent
serrées à dix heures vingt minutes; la violence du
vent et des flots fut telle que nous fûmes réduits à fuir
quelque temps sous le petit foc. Enfin, nous prîmes la
cape sous celte voile et celle d’étai de cape. Une mer
courle, dure et très-creuse, fait éprouver à la corvette
des saccades très-pénibles, et qui pourraient lui être
fatales si sa carène n’était pas aussi solide. Pour comble
d’ennui, nous éprouvons une chaleur insupportable,
et une humidité destructive a pénétré dans toutes les
parties du navire.
Ces contrariétés nous suggèrent encore une fois
de bien tristes réflexions. Le mauvais temps semble
acharné à nous poursuivre sur tous les points du globe.
A peine apparaissons-nous dans la zòne torride où
nous comptions sur quelque repos, c’est pour y essuyer
un coup de vent dont la fureur ne le cède en
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Avril.