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 D'autres voyageurs auront la satisfaction de procurer à  
 la science des documens plus complets sur ces nombreuses  
 îles. 
 L c s   routes  que  nous  avons  parcourues  dans  ces  îles  suffisent  
 p ou r   en  faire  connaître  géog-raphiquement  la   plus  grande  p artie 
 ;  mais  n’a y an t  malheureusement  pu  descendre  nulle  p a r t ,  
 nous  ne  pouvons   donner  des  renseignemens,  vus  p a r   nous-  
 m êm e s ,  sur  le s o l ,   ses productions, les habitations et les moeurs  
 des  insulaires. Cep en dan t il  fau t dire  que  ce  que nous en avons  
 appris  p a r   T omb o a-Nak oro   et  les  E sp a g n o ls ,  doit  en  donn e r  
 une  assez  juste  idée  ;  ce  q u i  v au t  encore mieux  que  de  ne  rieu  
 sa v o ir  sur un  pays encore in con n u. 
 Le s  Fidjiens  sont  remarquables  en  ce  q u ’ils  n’appartiennent  
 plus  à  la  race  polynésienne  q u i ,   de  la  N o u v e lle -Z é lan d e ,  s’é tend  
 jusqu aux  Sandwich. Ils  fon t p artie  de la  race papoue,  qu i,  
 occupant  la  N o u v e lle -G u in é e   et les  grandes  îles  qui  l ’en v iro n nent, 
   est ar riv ée  ju sq u e - là   ,  à  toucher  T o n g a -T a b o u ,  q u i  n’est  
 q u ’à  soixante  lieu e s ,  sans  qu’il  y   ait eu mélange  entre  ces deux  
 p eu p le s ,  si  ce  n’est  cependant  dans  ces derniers  temps. 
 L e s   cent  cin quan te  naturels  que  nous  avons  vus  é ta ie n t ,  en  
 g én é ra l,  tous  très-beaux hommes. Quelques-uns av a ien t de cinq  
 pieds six à h u it pouces  de hauteur, et étaient bien  pris dans leurs  
 prop o rtions , n’a y an t p o in t, comme les T o n g a s ,  le bas de la jambe  
 gros et n’offrant  p o in t  comme eux de  tendance  à  Tobésité.  P lu sieurs  
 de  ces  individus  auraient  pu  se rv ir   de  modèle  au  g lad ia teu 
 r   combattant.  L e u r   peau est d’un n o ir   tiran t sur le  ch o co la t.  
 L e   haut  de  la   figure  est  é la rg i;  le  nez  et  les  lèvres   sont  gros.  
 Quelques-uns ont de beaux traits fortement p rononcés . Mais nous  
 n’cn avons p o in t vu ,  comme à T o n g a ,  avec  le  n ez effilé.  A prè s  la  
 co u leu r  de la  p e a u ,  c ’est  surtout  la ch e v e lu re   qui les  distingue.  
 C e s t   ce lle   des P a p o u s ,  très-ample,  très-frisée.  Ils  en  p rennent 
 le  plus  grand  soin  dès  Tenfancc.  E lle   est n o ire   natu re llemen t,  
 mais  ils  augmentent encore  l ’intensité de  cette co u leu r  avec  du  
 charbon  ;  c’est  ce  que  fait  le   plus  gran d   n om b r e ,  tandis  que  
 d’autres  la  rougissent avec  de  la chaux  ,  ou  bien   la  blanchissent  
 en  la  rendant b lo n d e ,  ce  qui  augmente  Tépalsseur des  cheveux  
 et les  fait ressembler  à  du cr in  frisé.  Ils  sont  taillés en  rond avec  
 beaucoup  d’art  et  sans  se  dépasser.  L a   chevelure  de  qu e lq u e s -  
 uns  est  divisée  en  deux  grosses  touffes p ar un la rge sillon  qui va  
 d’une  ore ille   à  l ’autre.  Ils  maintiennent  ce t  ap p areil  p ar  une  
 étoffe  b lan ch e   et claire   de mûrier  à  p ap ie r , arrangée  en  forme  
 de  tu r b a n ,  ce  qui  leu r   donne  Tair  de  musulmans.  C e t  usage  
 tien d r a it -il  à une tradition  éloignée  et perdue  de  le u r   o rigin e ?  
 Lo rsque  T omboa-Nakoro  laissa  M .  G a im a rd ,  il  lu i  demanda  
 son  mouchoir  p o u r   s’en ve lopp e r  la  tête  et  conserver  sa  co iffu 
 re .  L e u r   tatouage  est  en  r e l ie f ,  c’est-à-dire  que  sur  les bras  
 c t   la  poitrin e   ils  se  creusent  des  trous  qu’ils  a v iv en t  ju squ ’a  ce  
 que  la  c ic a tr ic e ,  se  boursouffiant,  devienne  grosse  comme  une  
 petite  cerise.  Pend.ant  tout  ce   temps  ce  sont  autant  d’ulcères  
 dégoûtans.  Nous  n ’avons  que  très-p eu  vu  d’autres  tatouages  
 noirs  par  empreinte.  I l   est  vrai  que  sur  une  peau  si  foncée  ,  
 ils  p roduiraient  peu d’effet. 
 Une  industrie  q u ’ ils  ont  manifestement  apportée  avec  eux  
 dans  leur m ig ra t io n ,  c'est la   fab rique  des vases  de terre ,  q u ’ on  
 ne  trou v e   dans  aucun e   des  île s de  la  P o ly n é s ie .  A   un  certain  
 âge  ils  p ratiquen t  la  c ircon cision   ;  usage  qui  ap p artien t  aussi  
 aux   île s T o n g a   et à  beaucoup  d’autres. Us  mangent  leurs  ennemis  
 tués  à  la   g u e r r e ,  et  paraissent  même  p o r te r   ce tte  h o r rib 
 le   coutume  beaucoup  p lus   lo in   qu’aucun  autre  p eu ple .  S i  
 Ton  en  c ro it  Ma r in e r ,  un  in d iv id u   lu i  au rait  raconté  av o ir   
 assisté  à  un  de  ces  festins  où  Ton  servit  alternativement  c in quante  
 hommes  et  cinquante co chons rôtis. 
 Leurs   p iro gues  sont  à b a lan c ie r   et  v on t  à  la   v o ile .  Us  ne  se  
 servent  point  de  la  pagaie  dans  les  grandes  quand  le  v ent  leu r   
 m an qu e ;  ils  g o u d illen t  verticalement  derrière  et  d e v an t,  cc  
 qui  fait  qu’ils  n’ av anc en t  que  lentement.  L e u r   langue  diffère