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 respect  le  fru it des efforts e l  de  la p atience  de  leurs  pères,  sans  
 songer  le  moins  du  monde  à  les  imiter  dans  leurs  nobles  e n treprises. 
   Une  n avigation  lo in tain e   effraie  ces  rejetons dégénérés  
 d u n e   race  h a rd ie ,  et  les  grandes p irogues  qui  existent  
 encore  abritées  sous  des  hangars  dont  la   cons truction  est  si  
 habile  ne  sont  p lus  gu è re   q u ’un  in u tile   apanage  des  chefs  en gourdis 
   par  la   longue  p aix   qui  a  laissé  prendre  à  to u t  ce  p e u ple  
 les  habitudes  d’une  v ie  nonchalante. 
 Le s   tombeaux  p lus   récens se composent  d’une  p etite maison  
 fermée  de  toutes  p a r t s ,  construite  sur  une  éminence  et  ombragée  
 d’u n   ce rcle  de  mimosas,  arbre  consacré  aux  morts. L e   
 p lus   g ran d   nombre  des  sépultures  illustres  sont  rassemblées  à  
 M a fan g a ,  g ran d  v illa g e   d o n t ,  à  raison  de  ce pieux   d é p ô t ,  tout  
 le  ter ritoire  est  sacré.  En   même  temps  que  le  c a d a v r e ,  on  enterre  
 à  quelques  p ouces  de  p ro fon d eu r   des  figurines  en  bois  
 représentant  des  individus  des  deux  sexes.  J ’ai  eu  occasion  de  
 déterrer  quelques -unes   de  ces  petites  s ta tu e s ,  et j ’y   ai  remarqué  
 un  étonnant  .sentiment  du  de s s in .... 
 L a   n uit  v enu e ,  nous  rentrâmes  chez  P a lo u ,  qui  sc  p réparait  
 à  souper  aux  flambeaux  :  ces  flambeaux  sont  des  fragmens  
 minces  de  b an an ie r.  L ’assemblée  était  nombreuse  et  se  tenait  
 dans  la  grande  maison  des  hommes.  L a   porte  qui  com m u n iqua 
 it  à  l ’enclos  des  femmes  était  fe rm é e ,  et  nous  entendions  
 p artir  de  la maison  où  nous  avions  été  admis  le  matin  le  son  
 d une  flûte  très-douce  :  c ’ était  la  fille  du  ch e f  qui jo u a it  de  cet  
 instrument a v e c   le  n e z ,  selon  la  coutume  du  pays.  Nous  prî mes  
 p art  au  banquet  de  P a lo u   avec  un  extrême  appétit  :  il  sc  
 composait  de  bananes  ,  d’ignames  et  d’un  g ro s   co ch on   rôti  
 avec  cette  supér ior ité  qui  ap p artient  aux  seuls  sauvages.  Après  
 so u p e r ,  le  bon  P a lo u   se  fit  ap p orter  une  p ip e   et  fuma  avec  
 nous  eu  causant  tranquillement.  E n f in ,  nous  nous  étendîmes  
 a  la  p la c e   que  le   ch e f nous  a v a it  réservée  près  de  lui  ;  nos  ca rnassières  
 nous  servaient d’oreillers  ,  ca r  il  nous  eût  été  im po s sible  
 de  dormir  sur  les petits  bâtons  à  quatre  pieds  que  les  n a turels  
 p lacent  sous  leurs  têtes.  Lc s   mou.stiqiies  nous  to u rm ciit 
 a ic n t ,  et  les  ronflemeiis  de  v in g t-c in q   ga rd e s -d u -co rp s   de  
 l ’ami  P a lou  nous  p rivè ren t  de  tout  sommeil. 
 A u   m a tin ,  un  grand  ka va  que  le   digne  P a lo u   présida  avec  
 une  aisance  tout-à-fait  p o l ie ,  nous  prépara  au  déjeuner. V e rs   
 m id i ,  nous  nous  embarquâmes  sur  les  p iro gues   que  m’avait  
 louées mon  hono rable  ami T a h o fa ,  et  nous  partîmes  au  chant  
 des  rameur s,  non  sans  emporter  les adieux  les  p lus   affectueux  
 de  P a lo u ,  qui  nous  cr ia  encore  dans  son  anglais  :  Speak  cap-  
 tain  corne, Palou gioe  lo  him  rum. —  Dis  au  capitaine  de  v e n i r ,  
 P a lo u   lu i  donnera  du  rum. 
 P eu   de  jours   a p r è s ,  notre  com m an dan t,  touché  des  in s tances  
 du  bon  gros  ch e f  qu’ il  aimait  b e au co u p ,  réso lut  de  le  
 s a tis fa ir e ,  et  de  mettre  quelque  ap p are il  dans  sa  visite  p o u r   
 qu’elle  restât  p lu s   long-temps  gravée  dans  la  mémoire  des n a tu 
 rels ;  le   jo u r   en  fut  fixé  à  une  ép oque  prochaine.  Dans  le  
 même  temps,  nos  infa tigables  n aturalis te s ,  qui  ava ient  conçu  
 le  p ro je t  d ’une  lon gu e   course  dans  l’in té r ieu r ,  me  mirent  de  
 la  partie.  I l   fut  décidé  qu’au  jo u r   de  la   visite  à  P a lo u ,  nous  
 nous  rendrions  avec  to u t  le  monde  à  Moua  ,  et  que  de  l à ,  
 sous  la  conduite  de John  ,  nous  prendrions  la   route  de  H ifo ,  
 v illa g e   où  résident  les  missionnaires  ,  à  l’extrémité  nord  de  
 l ’île . 
 C ep en dan t,  au  milieu  de  cette  sécurité  si  p ro fo n d e ,  un  
 orage  se  formait contre  l’Astrolabe.  Nous  débarquâmes  à Moua  
 avec  toute  la   solennité  possible.  L e s   unifo rmes ,  le s   p a v illon s   
 flottans,  le  salut  des  canots  avec  leurs  p ie r r ie r s ,  rien  ne  fut  
 o u b lié .  D ouze  officiers  ou   é lè v e s ,  et  environ  seize  hommes  de  
 l ’é q u ip a g e ,  composaient  no ire   trou p e .  M .  G u ilb e r t  était  seul  
 resté  à  bo rd  avec  le   peu  d’hommes  que  laissait  disponible  le  
 service  du  bois  et  de  l ’eau  que  Ton  faisait  à  terre.  A   notre  déb 
 a rqu em en t,  peu  de  naturels  s’empressaient  autour  de  nous.  
 D ’ab ord  cette  circonstance  nous  é to n n a ;  mais  arrivés  chez  
 P a lo u   ,  nous  restâmes bien   plus  surpris  encore  de  l ’expression  
 que  nous  vîmes  sur  sa  figure  ordinairement  si  franche  et  si  
 joyeuse.  L e   pauvre  ch e f  ép rouvait  évidemment  un  embarras 
 :  M   I