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 Pendant tout  ce  temps,  nous  gouvernâmes au N. N.  
 O . ,  et le  courant  oscilla  entre  les  limites  de douze à  
 dix-huit milles par jour, de  l’O.  N.  O.  au N.  O. 
 Assez  pur  toutes  les  journées précédentes,  le  ciel  
 se  couvrit  de nuages le 29 juin au matin,  surtout dans  
 la  partie  de  l’ouest,  où  Thorizon  offrait  un  rideau  
 sombre d’une  teinte cuivrée.  A midi  nous  fûmes environnés  
 de  toutes  parts  d’une brume  épaisse,  humide  
 et  fraîche,  indice  infaillible  du voisinage  des  terres,  
 mais  qui  nons  en  dérobait  Taspect.  Je  gouvernai de  
 i'açon  à  atterrir  sur  la  pointe  S.  E.  de  Tîle  Rossel,  
 pour  prendre connaissance du récif indiqué par  Krusenstern  
 ,  d’après  Ruault-Coutance. A  quatre heures  
 du soir je ne  devais être qu’à quatre ou  cinq milles de  
 terre.  Ne voyant rien,  je présumai que je devais avoir  
 une  différence  de  longitude  considérable  avec  d’Entrecasteaux. 
   J’ignorais  dans  quel  sens  pouvait  être  
 cette différence ;  si  par hasard  elle m’entraînait trop  
 à Touest, je courais  le risque de m’enfoncer entre Tîle  
 Rossel  et  les  îles  qui  la  suivent  au  vS.  E . ,  sans  trop  
 savoir comment je pourrais  m’en  dégager.  En  outre,  
 le  temps  avait  pris  une  très-mauvaise apparence. De  
 crainte d’accident,  à quatre heures je courus  un bord  
 au N.  ’/4N. O .,  puis  à  quatre  heures  cinquante  minutes, 
   auN. N.  E. ; décidé à me mainlenir,  durant la  
 nuit,  sur  l’espace  reconnu  avant  qu’elle arrivât,  car  
 j’avais tout lieu d’ètre inquiet sur ma position actuelle. 
 Heureusement,  à  cinq  heui'es  vingt  minutes,  le  
 jeune  Cannac,  sur  la  vigilance  duquel  je  complais 
 D E   L ’A S T R O L A B E . 483 
 toujours dans  les vigies  importantes ,  signala du. haut  
 des barres une petite île peu éloignée dans TO.  17" S.  
 Cette heureuse  découverte mit fin  à mes  inquiétudes,  
 et fixa mes manoeuvres. Je supposai sui'-le-champ que  
 cet  îlot  devait  être  celui  que vit Ruault-Coutance  au  
 S. E. du cap de la Délivrance, désigné comme un simple  
 rocher  clans  la  carte  de  Krusenslern,  mais  que  
 M.  Freycinet  a  bien  indiqué  comme  une  île  dans  
 Tatlas  du Voyage  de  Baudin ,  d’après  le  journal  du  
 capitaine Ruaull. 
 Un  quart-d’heure  après,  dans  une  éclaircie  qui  
 dura  à  peine  cinq minutes,  une haute  terre,  qui  me  
 parut n’être autre chose  que  le  cap de la Délivrance,  
 se  présenta à mes  regards  dans  Touest,  à la distance  
 de  quinze  ou  dix-huit milles. Alors  je  fus  complètement  
 rassuré,  et  je  vis  seulement  que  nos  montres  
 nous  donnaient  pour  ce  cap  une  position  beaucoup  
 plus reculée vers Touest que celle de d’Entrecasteaux. 
 A  six heures  du  soir  nous  restâmes  sous  les  huniers, 
   et nous courûmes des  bordées de  trois  heures.  
 Toute  la  nuit nous  eûmes  un  ciel  très-couvert,  une  
 brise  lourde  el  inégale  du  S.  E . ,  avec  des  rafales,  el  
 une mer très-pesante. 
 Jusqu’à  ce moment,  malgré les  pertes  essuyées  à  
 Tonga-Tabou, j ’avais  résolu de  poursuivre le  plan de  
 campagne qui m’était tracé,  et  d’entreprendre  la traversée  
 périlleuse du détroit de Torrès, pour peu  (jue  
 la saison me parût convenable. Mais le temps qui vint  
 m’accueillir  sur  les côtes  de  la Louisiade,  fut loin  de  
 m’encourager  dans  une  pareille  entreprise  ;  je  me 
 1827.  
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