c
YÜ Y A G E
Guerres.
U’ouvaieiiL dans leur état légal, et reconnaissaient
toutes la supériorité du touï-tonga, il ne pouvait pas
y avoir lieu à des guerres régulières, mais seulement
à des conspirations ou à des révoltes accidentelles et
partielles. Il est vrai que les habitans des îles Viti faisaient
quelquefois des incursions sur les terres de
Tonga ; mais cela arrivait rarement, et les prisonniers
dont on épargnait la vie s’attachaient au service de
leurs vainqueurs en qualité de touas ou de mouas,
suivant leurs talens et leur rang individuel.
La conduite des eguis envers les mouas et les touas
est en général tellement mesurée qu’on s’apercevrait
à peine de la distance qui les sépare dans l’ordre social
. Ce n’est que dans les cérémonies publiques, surtout
aux parties de kava, qu’on peut bien saisir cette
différence ; car les eguis seuls, et quelques-uns des
principaux mata-boulais, y sont admis, tandis que
les dei'nières classes sont toujours reléguées dans la
foule des spectateurs. En un mot, ces insulaires observés
dans leur intérieur et dans le cercle habituel
de leur vie, nous donnent l'idée la plus exacte de la
vie patriarcale. Mais les superstitions sont venues
empoisonner le bonheur qui leur était réservé; des
pratiques absurdes et barbares , sous le masque de la
religion, leur ont souvent imposé des devoirs pénibles
ou cruels.
Nous avons déjà remarqué que, dans l’ancienne
constitution politique des îles Tonga, il ne pouvait y
avoir lieu à des guerres régulières et prolongées,
attendu que la suprématie de Tonga-Tabou sur toutes
DE L’A STROLABE. 2 -i3
les autres îles de cet archipel était unanimement
consentie, et qu’à Tonga-Tabou tous les chefs reconnaissaient
également le caractère divin du touï-
tonga et l’influence des Toubo. Aussi tout donne lieu
de penser que ces insulaires avaient joui d’une longue
paix jusqu’à l’époque où Finau, s’élevant au-dessus
de toutes les idées jusqu’alors reçues, osa massacrer
le touï-kana-kabolo régnant, et de simple egui se faire
le chef d’un parti puissant. Le touï-tonga, oubliant
ses devoirs qui lui prescrivaient de n’intervenir dans
aucun combat, et mu probablement par un sentiment
de jalousie contre la famille des Toubo, se joignit à la
cause de Finau. Depuis cette époque, des guerres
opiniâtres, des combats fréquens, des sièges obstinés
eurent lieu , d’abord entre le parti de Finau et les
chefs de Tonga-Tabou, ensuite entre les chefs de
Tonga-Tabou eux-mêmes, enfin entre les peuples de
Vavao et ceux de Hapaï.
Dans quelques-unes de ces occasions, on a vu des
armées de trois ou quatre mille hommes marcher les
unes contrôles autres, et des flottes de cent à cent
cinquante pirogues sillonner les mers qui séparent
ces îles. Nous sommes obligés de renvoyer le lecteur
au récit de Mariner pour les détails de ces combats ;
mais nous pouvons assurer du moins que ces sauvages
y ont souvent déployé un sang-froid, une intrépidité
et un dévouement capables d’honorer les
guerriers des nations les plus civilisées. On doit cependant
s’attendre à ce que ces brillantes actions ont
été souvent souillées par des actes de perfidie et de
iG’