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ni de couler l’argenl, ils se conlenlent de le ratnollir au
■ leu de la forge, et ils le battent ensuite pour en fabri-
(juer ces ornemens. On sent bien qu’ils doivent faire
un gaspillage considérable de ce précieux métal : aussi
lie leur faut-il pas moins de trois ou quatre pièces
pour fabriquer un bracelet ordinaire. Ces sauvages,
laids, sales et mal bâtis, ordinairement nus, portent
quelquefois dans leurs grands atours jusqu’à trois ou
quatre bracelets à chacun de leurs bras, suivant leur
fortune. Du reste, notre séjour leur aura procuré
sans doute plus d’argent qu’ils n’en avaient encore
vu jusqu’alors; car je ne crois pas exagérer en estimant
à cinq cents piastres le nombre total de ce qu’ils
reçurent pour leurs oiseaux de paradis.
Nous ne pûmes obtenir de ces naturels que très-
peu de rafraîchissemens en cocos, poulpes et calavanzas
(espèce de petits dolichos d’un assez bon goût) ;
du reste point de cochons, de volailles, et même fort
peu de poissons. Cette peuplade est naturellement
pauvre; d’ailleurs le commerce des oiseaux de paradis
absorbe toutes leurs facultés.
Impatient de me procurer le plaisir de la promenade
, à neuf heures j’ai pris mon fusil et me suis
dirigé vers la plage de Fanidi ; puis je me suis enfoncé
le long du grand torrent de l’ouest, dont j ’avais si
souvent parcouru les rives trois ans auparavant. Dans
l’espace de deux cents pas environ , les abords de la
forêt, fermés par des fourrés épais et hérissés de buissons
épineux, sont tres-difficiles a franchir ; mais
quand on a dépassé cette barrière, on se trouve sous
une double voûte d’arbres , dont la plus élevée atteint
souvent de cent cinquante à deux cents pieds d’élévation,
tandis que l’inférieure qui est en même temps
la plus compacte n’est pas à moins de quatre- vingts à
cent pieds au-dessus du sol. Sous ces gigantesques
enfans du règne végétal, le sol est assez dégage ; il ne
présente guère que des arbrisseaux clair-semes, des
fougères de petite taille et fort peu de plantes herbacées.
Du temps de la C o q u i l l e coutume défaire,
sous ces vastes forêts, d’abondantes récoltes d insectes
rares et curieux et de papillons aux brillantes
couleurs; mais sur T Astrolabe f i fus moins heureux.
Bien que je me retrouvasse en ces lieux à la même
époque, il paraît que quelque temps avant notre arrivée
la saison avait été fort pluvieuse. Le sol était
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