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 Faible brise  d’F . ,  suivie  de  calme,  avec  un  temps  
 superbe et de fortes chaleurs.  A  sept heures du matin  
 nous avons  fait pousser  au  large  de la  corvette toutes  
 les pirogues  :  puis Audibert, Chieusse  et  les matelots  
 Bérenguier et Bertrand ont  plongé à diverses reprises  
 sous  l’J s t i olabe pour examiner sa quille et sa carène.  
 Ils  ont  déclaré  que  la  quille  n’avait pas  reçu  d’autre  
 avarie  que la perte  de cette  portion de la fausse  quille  
 qui vint dans  la journée  du  26  flotter  à  la surface  de  
 l’eau ;  que  tout le cuivre  de tribord  n’avait  été  nullement  
 endommagé,  et qu’à bâbord seulement quelques  
 feuilles  avaient été détachées  sans  que le soufflage eût  
 été  sensiblement  attaqué.  Ce  rapport  me  causa une  
 vive  satisfaction  ,  car je  ne  pouvais  songer  à abattre  
 en carène à Tonga-Tabou,  et il m’eût  fallu  perdre un  
 temps infini  et  faire  des  dépenses  énormes pour exécuter  
 cette  opération  dans  un  port  étranger.  Je  me  
 confirmai de plus en  plus  dans  la résolution de poursuivre  
 le  plan d’opérations qui m’était  imposé. 
 Le  ciel  s’est chargé dans  la  soirée ;  à  sept heures ,  
 la pluie a commencé à tomber  et n’a  pas  cessé  ensuite  
 jusqu’à  minuit.  A  sept  heures  quinze  minutes,  le  
 grand canot  et  la chaloupe  sont  rentrés à bord,  rapportant  
 la grosse  ancre  et  son  câble,  qu’on  a  eu  la  
 plus  grande peine  à relever,  à  cause  du  fond  qui n’était, 
  pas  de  moins  de  quarante-cinq  brasses.  Aussi  
 cette opération a été d’une  longueur et d’une difficulté  
 extraordinaires.  Le  câble  est  entièrement  ragué  et  
 propre  seulement  à  faire  de  la  fourrure  ;  au  reste  
 c’est  une  petite perte,  attendu  que c’est le même  câble  
 qui avait déjà tant  souffert dans  le bassin des Courans. 
   M.  Lottin  a  trouvé  que  la  bouée  de  l’ancre  
 moyenne avait coulé ;  en  voulant  draguer son câble,  
 la chatte s’est engagée dans  un rocher  de  corail,  et  ¡1  
 a  fallu  l’abandonner.  Un  des  mâts  du  canot,  placé  
 pour lui servir de bouée,  a  aussi  coulé  sur-le-champ.  
 Je  commence  à craindre  que  cette utile ancre  ne  soit  
 définitivement perdue pour nous. 
 Palou  et Tahofa ont  voulu  savoir  quand  j ’irais  les  
 voir  dans  leurs  résidences  respectives ;  je  leur ai répondu  
 que  ce  serait  dans  cinq  jours,  et ils  ont paru  
 contens. 
 Un vieux  chef de Bea,  qui  est  venu  à  bord,  m’a  
 beaucoup  parlé  des  vaisseaux  de  d’Lntrecasteaux  
 qu’il nomme,  comme tous ses compatriotes, Ae/e««; «.  
 Ge surnom de Selenari m’a long-temps  intrigué, mais  
 j ’ai découvert à  la fin que ce mot n’était que la corruption  
 de celui Aegénéral,  sous  lequel M.  d’Entrecasteaux  
 était habituellement  désigné  par  les hommes  de  
 ses équipages.  Je me  suis  assuré  que  les  habitans  de  
 Tonga prononcent ce mol général à  peu près  comme  
 celui de selenari.  Singleton m’a assuré qu’on désignait  
 aussi  celte  expédition  dans  le  pays  sous  le  nom  des  
 deux amis ou des deux frè res, parce que les deux capitaines, 
  MM.  d’Entrecasteaux et Huon  de Kermadec  ,  
 se promenaient  toujours  dans  l’ile  bras  dessus  bras  
 dessous ,  comme deux amis ou deux  frères. 
 Le  ciel  est  resté  couvert  toute la journée,  et  il  a  
 tombé  souvent  des grains  de  pluie,  qui ont  été  plus  
 abondans  dans  la  soirée.  Le  grand  canot  qui  avait 
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 Avril. 
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