:
26.
sa recommandation m’a fait rire. Les circonstances
ont bien changé depuis quarante-huit heures, et loin
de songer à quitter le navire, je défierais maintenant
les forces entières de Tonga-Tabou quand elles seraient
conjurées contre nous.
A huit heures et demie du matin, je me suis empressé
de profiter d’une petite brise d’L. S. L. pour
lever l’ancre et mettre sous voiles. Du haut des
barres M. Gressien veillait à la nature du fond, et
avait soin de m’en prévenir. Bientôt nous avons rangé
de près les récifs de Magon-Ha et ceux de Pangaï-
Modou; puis nous avons couru de courtes bordées
entre cette dernière île et les récifs de Mafanga. A
dix heures, un fragment de notre fausse contre-quille
s’est montré dans notre sillage ; le grand canot est
allé le recueillir, et nous nous sommes assurés que ce
n’était qu’une planche de trois pouces d’épaisseur sur
cinq ou six pieds de long.
Vers onze heures et demie, nous avons mouillé par
onze brasses, sable vasard, à deux encâblures de la
pointe sud de Pangaï-Modou. Une autre ancre fut
mouillée dans le nord avec l’autre moitié de la grosse
chaîne que nous avions divisée en deux. Ainsi nous
nous trouvâmes définitivement affourchés devant
Pangaï-Modou, le 26 avril au soir, sur nos deux
grosses ancres , avec cinquante brasses de la grosse
chaîne d’un bord et soixante brasses de la même chaîne
à l’autre bord.
CHAPITRE XXII.
SEJOUR AU MOUILLAGE DE TONGA-TABOU.
Peu après notre arrivée au mouillage, un naturel
vint me présenter en grande cérémonie une branche
verte de kava [piper metkysticum). Singleton,
que j ’interrogeai sur le but de cette offrande,
m’apprit que cette branche m’était envoyée par la
vieille reine Toaï-Tonga-Fajine, et qu’en cela elle
me faisait un grand honneur. Cette branche plaçait
le navire sous la protection des dieux du pays et
devait le garantir de tout malheur. Ln conséquence,
je reçus avec respect la branche sacrée, et je la fis planter
dans un lieu apparent du navire ; ce qui parut faire
plaisir aux naturels témoins de cette cérémonie.
La chaloupe et le grand canot ont été préparés
pour aller draguer les ancres et les grelins perdus.
Les naturels ont environné le navire toute la soirée
et se sont retirés à la nuit. A six heures , nous avons
tiré le coup de canon de retraite pour imprimer plus
de respect aux insulaires.
1827.
Avril.
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