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 sopiembrc.  jours  envcloppées d'un épais  brouillard. 
 Le  vent  soufflant  continuellement  du  S.  ou  du  S.  
 S.  E . ,  et  le  courant  portant  sans  cesse  au  N . ,   il  a  
 fallu passer les trois journées  suivantes en efforts  im-  
 puissans pour atteindre l’entrée de la rade d’Amboine.  
 On imaginera  facilement quels devaient être notre  impatience  
 et notre  dépit,  d’ètre  ainsi  réduits  à  l’abstinence  
 la  plus  rigoureuse,  tandis  qu’à quelques  lieues  
 de nous régnaient l’abondance et toutes les jouissances  
 de  la civilisation.  Nos  regards  se  promenaient  avidement  
 sur  les  riantes  campagnes  d’Amboine,  et  nous  
 eussions  libéralement  récompensé  le  bateau  qui  eût  
 bien  voulu  nous  apporter  quelques  provisions.  Mais  
 les réglemens  sévères  établis par  les Hollandais  poulie  
 maintien  de  leur  monopole,  impriment  aux  malheureux  
 Malais une profonde  terreur,  et  ils  se garderaient  
 bien d’approcher un navire étranger  avant d’en  
 avoir reçu  la  permission  de  la part  des  autorités.  Du  
 reste,  dans  notre  patrie  même,  les  réglemens  sanitaires  
 commandent de  semblables  prohibitions.  C'est  
 ainsi que  le  mal,  ou  l’abus,  se  trouve  toujours  près  
 du bien,  quel que  soit  le degré  de  civilisation. 
 22.  A six heures du soir nous  venions de virer  à quatre 
 milles  de  la  pointe  Allang;  nous  avions  reconnu  le  
 village  de  Larika,  situé  sur  cette  pointe,  et  nous  
 avions  remarqué  surtout  une  jolie  maison  carrée,  
 blanche,  tout  au  bord  de  la mer,  et  qu’au  pavillon  
 flottant  au  devant  de  sa  façade,  nous  avions  jugé  
 être  celle de l’agent hollandais. Mais nous  reprenions 
 tristement  la bordée  du  large,  quand  à  huit  heures  182.,. 
 nous  entendîmes  tout-à-coup  les sons du tam-tam,  et  Septumbic. 
 peu après  nous  entrevîmes  dans  l’ombre  une  embarcation. 
   Bientôt  elle  nous  eut atteints :  elle  était entiè-  Pi.  cxxvi.  
 rement  armée  par  des  Malais;  l’un  d’eux  monta  à  
 bord  et  me  remit  un  papier. D’après  la  forme  de  ce  
 papier,  je jugeai  qu’il  s’agissait  d’y inscrire  les  noms  
 du bâtiment,  du  capitaine,  des  lieux d’où il venait  et  
 de ceux où il comptait se rendre. Après  avoir souscrit  
 à cette  formalité ,  j ’adressai  quelques  questions  à  cet  
 homme en malais,  la seule langue  qu ïl  connût.  Tout  
 ce  que  je pus  apprendre  fut  que  le  nom  de  son  chef  
 à  Larika  était M.  Barber,  que  le  gouverneur  actuel  
 d’Amboine  était M.  Morrees,  et  que  son  bateau  ne  
 contenait aucune espèce de provisions. Sur quoi il prit  
 congé de nous et regagna ses foyers,  tandis  que nous  
 continuâmes  à lutter contre les  flots. 
 Ce  fut encore une journée de désappointement.  Au  
 moment où je  croyais  atteindre l’entrée de la rade,  le  
 courant m’entraîna  sous  le vent,  et à midi quinze minutes  
 nous virions encore une fois de bord à une demi-  
 lieue  du village de Larika. Au même  moment une petite  
 goélette,  sous  pavillon hollandais,  sortait  d elà  
 rade et  se dirigeait  dans  l’ouest. 
 Dans  la nuit le courant nous  avait entraînés  considérablement  
 au  large.  Toutefois,  à  l’aide  dune  jolie  
 brise  d’E.  S.  E.  qui s’éleva vers dix heures du matin,  
 je pus mettre le cap au vent de la pointe Noessa-Niva,  
 et  à  quatre  heures  nous  l’avions  dépassée.  Je  cherchai  
 ensuite  à  faire  route  vers  le  fort Vittoria  en sui- 
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