1827. Les hautes terres de Bourou ont été presque tou-
sopiembrc. jours envcloppées d'un épais brouillard.
Le vent soufflant continuellement du S. ou du S.
S. E . , et le courant portant sans cesse au N . , il a
fallu passer les trois journées suivantes en efforts im-
puissans pour atteindre l’entrée de la rade d’Amboine.
On imaginera facilement quels devaient être notre impatience
et notre dépit, d’ètre ainsi réduits à l’abstinence
la plus rigoureuse, tandis qu’à quelques lieues
de nous régnaient l’abondance et toutes les jouissances
de la civilisation. Nos regards se promenaient avidement
sur les riantes campagnes d’Amboine, et nous
eussions libéralement récompensé le bateau qui eût
bien voulu nous apporter quelques provisions. Mais
les réglemens sévères établis par les Hollandais poulie
maintien de leur monopole, impriment aux malheureux
Malais une profonde terreur, et ils se garderaient
bien d’approcher un navire étranger avant d’en
avoir reçu la permission de la part des autorités. Du
reste, dans notre patrie même, les réglemens sanitaires
commandent de semblables prohibitions. C'est
ainsi que le mal, ou l’abus, se trouve toujours près
du bien, quel que soit le degré de civilisation.
22. A six heures du soir nous venions de virer à quatre
milles de la pointe Allang; nous avions reconnu le
village de Larika, situé sur cette pointe, et nous
avions remarqué surtout une jolie maison carrée,
blanche, tout au bord de la mer, et qu’au pavillon
flottant au devant de sa façade, nous avions jugé
être celle de l’agent hollandais. Mais nous reprenions
tristement la bordée du large, quand à huit heures 182.,.
nous entendîmes tout-à-coup les sons du tam-tam, et Septumbic.
peu après nous entrevîmes dans l’ombre une embarcation.
Bientôt elle nous eut atteints : elle était entiè- Pi. cxxvi.
rement armée par des Malais; l’un d’eux monta à
bord et me remit un papier. D’après la forme de ce
papier, je jugeai qu’il s’agissait d’y inscrire les noms
du bâtiment, du capitaine, des lieux d’où il venait et
de ceux où il comptait se rendre. Après avoir souscrit
à cette formalité , j ’adressai quelques questions à cet
homme en malais, la seule langue qu ïl connût. Tout
ce que je pus apprendre fut que le nom de son chef
à Larika était M. Barber, que le gouverneur actuel
d’Amboine était M. Morrees, et que son bateau ne
contenait aucune espèce de provisions. Sur quoi il prit
congé de nous et regagna ses foyers, tandis que nous
continuâmes à lutter contre les flots.
Ce fut encore une journée de désappointement. Au
moment où je croyais atteindre l’entrée de la rade, le
courant m’entraîna sous le vent, et à midi quinze minutes
nous virions encore une fois de bord à une demi-
lieue du village de Larika. Au même moment une petite
goélette, sous pavillon hollandais, sortait d elà
rade et se dirigeait dans l’ouest.
Dans la nuit le courant nous avait entraînés considérablement
au large. Toutefois, à l’aide dune jolie
brise d’E. S. E. qui s’éleva vers dix heures du matin,
je pus mettre le cap au vent de la pointe Noessa-Niva,
et à quatre heures nous l’avions dépassée. Je cherchai
ensuite à faire route vers le fort Vittoria en sui-
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