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 Du  reste, Mafou,  vieux  chef,  aujourd’hui aveugle,  
 en  a  long-temps  usurpé  les  fonctions.  En  ce moment  
 l’astucieux  et  puissant  Tahofa  d’une pa r t,  de  l’autre  
 l’éloquent  et  populaire Palou y  aspirent. 
 Sur huit mille guerriers que  l’on  compte  dans File,  
 Tahofa en  peut ranger  quatre mille sous  sa bannière  :  
 on  conçoit  quel  ascendant  lui donne  une  pareille  escorte. 
   Cependant  sa naissance  n’a  rien de distingué,  
 et  cette puissance extraordinaire n’a  commencé  qu’avec  
 son  frère  Tarkaï.  Simple  chef de  la  garnison  de  
 Bea  ,  son  courage  et  sa  perfidie  le  firent  souvent  
 triompher  de ses  ennemis,  et bientôt son ambition ne  
 connut  plus  de  bornes  :  contre  les  régletnens  et  en  
 pleine  paix,  il  ne  paraissait  aux  parties  de  kava  
 qu’avec  une  troupe  d’Anglais  armés  de  mousquets  
 derrière  lui,  et  à  ses  côtés  ses  mata-boulais  armés  
 de  lances,  ce  qui  le  rendit  bientôt  la  terreur  de  
 File. 
 Tahofa  a  succédé  à  la  puissance  de  Tarkaï,  et  il  a  
 su  l’augmenter  encore  par  l ’énergie  de  son  caractère  
 et  sa  grande  habileté  dans  les  affaires.  Aussi,  pour  
 preuve  de  son  influence,  on  nous  disait  qu’il  n’avait  
 pas moins  de  trente  femmes, deux  fois plus  qu’aucun  
 chef  n’en  eut  jamais ;  nul  egui  n’oserait  lui  refusei-  
 sa fille  quand  il  la  demande  en  mariage. 
 En quittant  le Pangaî,  nous nous  rendîmes  au  faï-  
 toka  ou  tombeau  de  Mou-Mouï,  autrefois  touï-hata-  
 i’i.  Lxxxvi. kalawa de File  :  c’est  une  petite  cabane  toute  simple  
 qui couronne un  tertre artificiel  élevé de dix ou douze 
 pieds  au-dessus  du  sol  environnant,  et  entouré  de  
 casuarinas  et  autres  arbres. 
 Puis nous visitâmes plusieurs autres petites cabanes  
 d’une  forme  à  peu  près  semblable.  Chacune  d’elles  
 est située au milieu  d’un  petit bocage  fort  agréable  et  
 enclos de jolies palissades.  Toutes  sont  dédiées  à divers  
 esprits,  hotouas,  qui  ont entre  eux  certains  degrés  
 de  subordination.  Quand une personne  est  malade  
 ,  on  la porte à  côté -du  hangar  de  l’esprit  qu’on  
 suppose  lui  porter  le plus d’intérêt et  le plus  capable  
 de lui rendre  la  santé. Si cela arrive,  le  convalescent  
 a  grand  soin  de  réparer  la  chapelle  ou  même  de  la  
 rebâtir  à neuf ;  sinon, on promène le malade  d’un esprit  
 à l’autre jusqu’à ce  qu’il guérisse ou  qu’il meure.  
 Toutes ces  chapelles  qui répondent  parfaitement  aux  
 sacella des anciens,  sont tout-à-fait nues  à l’extérieur  
 et n’offrent même  aucune  sorte  de décoration ,  si  ce  
 n’est certains objets qui y ont été déposés en guise àiex-  
 voto. J'en  visitai plusieurs,  et dans  Fune  d’elles  seulement  
 , je trouvai un gros bloc de bois  grossièrement  
 taillé  en  forme  de  tête  humaine,  qui  paraissait  du  
 reste  n’être  l’objet  d’aucune*vénération  particulière.  
 Tous  ces  lieux  sont  essentiellement  tabou;  excepté  
 certaines  personnes  commises  à  leur  garde  et  à  leur  
 entretien,  les  Européens  seuls  ont  le  privilège  d’en  
 approcher. 
 M.  Thomas  m’a  répété que  ce  peuple  n’adore  aucune  
 effigie matérielle en bois  ou  en  pierre.  Il n’a  pas  
 non  plus  de prêtres  proprement dits,  et  l’on  ne  vénère  
 comme  tels  que  les  hommes  que  Fesprit  vient 
 G- 
 1827. 
 Mai. 
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