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à sept milles du cap Buller ; il est formé par de hautes
montagnes couvertes d’arbres qui descendent sur
plusieurs plans jusqu’à la mer.
Parfois, malgré la brume et les averses, nous relevons
le cap Saint-Georges, ce qui nous donne le
moyen de suppléer en partie aux observations dont
nous sommes privés.
Toute la nuit nous avons couru des bordées devant
la baie spacieuse, pour nous soutenir contre le vent et
la houle du S. O. Mais, à cinq heures du malin, nous
avons remis le cap sur la terre; en approchant,
quelques éclairs nous ont donné tout lieu de croire
qu’il n’y a point de passage en cet endroit, mais que
la terre de la Nouvelle-Bretagne, au fond de la baie
spacieuse, se réduit à un isthme fort étroit. Toutefois
c’est une question qui ne sera définitivement résolue
que par le navigateur qui aura exploré ce vaste enfon- ■
cernent, car il est certain qu’il pourrait très-bien se
terminer par un chenal étroit et sinueux , impossible
à distinguer du large.
Quoi qu’il en soit, à neuf heures quinze minutes du
matin, nous virâmes de bord à moins de quatre milles
de la partie septentrionale du cap Orford. Ce promontoire,
qui forme la partie S. E. de la Nouvelle-Bretagne,
se compose de trois pointes émoussées, et dominées
par des montagnes d’une grande hauteur. Près
de la mer, quoique généralement couvertes d’arbres,
les terres offrent quelques clairières qui feraient soupçonner
l’existence de lieux défrichés et cultivés. Non
loin du rivage, l’eau change de couleur, ce qui doit
provenir de la nature du fond ; néanmoins on n’aperçoit
ni récifs ni rochers, et la lame paraît briser à la
côte même. Plusieurs bonites ont accompagné la corvette
, et l’on a réussi à en prendre quelques-unes , ce
qui nous a procuré un régal extraordinaire.
J’ai louvoyé pour me maintenir auprès du cap Orford,
dans l’espoir d’obtenir quelques observations
pour fixer sa position. Mes efforts ont été vains, le
temps a été si mauvais qu’il a été impossible de saisir
aucune hauteur du soleil. A deux heures nous avons
viré de bord à une lieue au plus du cap Orford Ini-
même, formé par une falaise très-haute et taillée
presque à pic, surmonté à quelque distancé à l’intérieur
par d’énormes montagnes. Mais le temps est si
sombre, et les terres tellement chargées de brumes
et de nuages, qu’à peine on peut en saisir par intervalles
quelques détails fugitifs. Le reste de la soirée et
une partie de la nuit furent passés au plus près tribord
amures sous petites voiles, afin de ne pas nous éloigner
de la côte, et dans l’espoir que le temps pourrait
enfin devenir plus favorable à nos opérations.
Mais la journée du 22 fut encore plus mauvaise que
toutes les précédentes. La pluie fut presque continuelle,
notre horizon ne s’étendit jamais à plus d’une
derni-Iieue du navire, et il fut impossible de songer à
aucune reconnaissance. A peine éloignés de trois ou
quatre lieues de terres élevées, et visibles facilement
à plus de quinze lieues de distance, nous n’en avons
pas eu un instant l’aspect. Privés d’observations,
notre position devient même fort inquiétante, eu égard
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