der ceux qui voudraient m’empècher d’en prendre.
Toubo parut un peu confus de la manière dont j ’accueillis
sa réclamation, et il n’en fut plus question
depuis ce moment. Du reste, je le fis diner avec moi,
tandis que Houla-Kaï et Ohila partageaient la table
des officiers.
Toubo m’avoua qu’il n’avait osé rester à bord, tandis
que. nous étions près des récifs, car il redoutait
Tahofa, et craignait de le voir s’emparer du navire
s’il en avait trouvé l’occasion. Ainsi que je l’ai déjà
ditj Toubo est un homme d’une quarantaine d’années,
d’une assez belle tournure, et d’une figure fiouce et
agréable ; mais il est extrêmement timide, la représentation
paraît lui être à charge, et c’est même
un effort pour lui que de proférer quelques paroles.
Chrétien sincère et même un peu fanatisé,
il renvoie de ses Etats ceux qui ne veulent point
adopter sa nouvelle croyance, et il ne fait pas un de
ses repas sans réciter ses prières avant et après.
Quand tous les habitans de l ’île auront suivi son
exemple, il est certain qu’il n’y aura plus aucun danger
pour les Européens qui y aborderont ; mais alors
Tonga-Tabou aura certainement beaucoup perdu de
l’abondance et de la félicité dont paraissent jouir les
insulaires d’aujourd’hui. Il est même probable que sa
population diminuera rapidement par une suite naturelle
des visites plus fréquentes des Européens.
Les missionnaires, m’a-t-on dit, sont dans l’intention
de s’établir chez Toubo; ils n’osent pas passer
directement de Hifo sur son district, de peur d’encourir
l’indignation de Hata. Mais ils attendent qu’un
navire anglais se [trésente à Tonga pour s’embarquer
dessus, revenir au bout de quelques jours, et débarquer
de nouveau sur le territoire de Toubo. C ’était le
frère aîné de son père, Tougou-Aho, qui exerçait
le pouvoir suprême à Tonga sous le titre de touï-
kana-kabolo, quand le D a f f j débarqua pour la première
fois les missionnaires, et qui fut ensuite assassiné
par l’ambitieux Finau et ses partisans à la suite
d’une danse de nuit.
J’ai encore profité de la présence de Toubo pour
obtenir quelques renseignemens sur les îles Fidgi,
sachant que les flottes de sa famille avaient souvent
visité ces terres. Tout ce que je pus apprendre, c’est
que Lakaba (Laguemba en langue viti) était gouverné
par un frère consanguin de Toubo. II y a
beaucoup d’habitans de Tonga dans les autres îles, et
même il y a sur Pao deux Anglais de la connaissance
de Ritchett. Les plus grandes îles de cet archipel sont
Taka-Nova, Pao, Fidgi-Levou, Kolo, etc. Il faut
surtout se défier des habitans de Taka-Nova qu’on
dépeint comme perfides et cruels.
Dans la pirogue de Toubo se trouvait un habitant
de Fidgi établi depuis nombre d’années à Tonga-
Tabou , où il a des femmes et des enfans ; c’était un
homme de quarante-cinq ans environ, nommé Tan-
gui , assez bien fait, mais, ayant le teint plus noir et
les cheveux plus crépus que les insulaires de Tonga.
Il me parut évident que le type général de sa physionomie
se rapprochait déjà beaucoup de celui des noirs
1S27.
Mai.