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1827.
Mai,
navigation que nous avions à faire ; il n’est pas de
sacrifice auquel je n’eusse consenti volontiers pour
nous procurer ces précieux objets. Combien je regrettais
alors de n’avoir pas au départ embarqué en
supplément quatre ou cinq ancres à jet que j ’aurais
placées à fond de câle pour le besoin !... Mais la facile
navigation de la Coquille m’avait empêché de songer
à cette mesure de prudence; je n’avais pas assez prévu
l’énorme différence d’un voyage exécuté en pleine mer
et loin des terres, à des reconnaissances suivies le
long de côtes périlleuses , qui exigent une surveillance
continuelle et exposent sans cesse à de nouveaux
dangers. Puissent mon exemple et ces réflexions
servir du moins de leçon à ceux qui seront tentés
de suivre la même carrière !.... Pour moi, bien convaincu
que tous les regrets du monde ne remédieraient
à rien, je pris mon parti, et je résolus de fermer les
yeux sur les pertes que nous avions faites pour ne
songer qu’à la suite de nos opérations.
Voici de nouveaux renseignemens que je recueillis
ce meme jour par suite d’une longue conférence avec
Singleton et son ami Latou, qui continuait de répondre
avec beaucoup de complaisance et de sagacité
aux questions que je lui adressais.
Si tout était suivant l’ordre légal à Tonga-Tabou ,
on verrait d’abord à la tête de la société le touï-tonga
qui est le véritable souverain nominal des îles Tonga,
et qui jouit même des honneurs divins. Il a la préséance
sur tout le monde, bien qu’il doive les marques'
extérieures de respect à ses soeurs aînées, et en
général à tous ceux de ses parens qui descendent de
la soeur aînée d’un de ses ancêtres. Personne ne peut
ni manger ni boire en sa présence , et il jouit de privilèges
extraordinaires. Cependant il lui est défendu
de combattre, et cette interdiction a , dans ces derniers
temps , porté une atteinte funeste à ses droits.
Le canton de Moua reconnaissait plus immédiatement
son autorité directe, et il y possédait d’immenses
propriétés héréditaires dans la famille des Fata-Faï.
Lors du troisième voyage de Cook, en 1777, le
touï-tonga régnant était Poulalio, homme de tête
et qui paraît avoir soutenu dignement son rang
contre les prétentions de l’ambitieux Finau, qui exerçait
alors les fonctions de touï-kana-kabolo. Pou-
laho a dù mourir ainsi que Finau dans l’intervalle de
temps qui s’écoula entre la visite de Cook et celle de
d’Entrecasteaux ; car le Finau dont a parlé ce dernier
navigateur ne devait être qu’un chef subalterne.
Le fils de Poulaho que d’Entrecasteaux nomme
simplement le jeune Fata-Faï, et dont le nom propre
était Foua-Nounouï-Hava, devait succéder à son père;
mais il était encore trop jeune pour avoir reçu l’investiture
de sa haute dignité. Son oncle maternel
Mou-Mouï, que d’Entrecasteaux appelle Toubo, était
à la tête de la nation en sa qualité de touï-hata-ka-
lavva. Devenu touï-tonga, Foua-Nounouï-Hava épousa
une des filles de Finau, roi de Hapaï, et prit parti
pour son bean-père quand, de concert avec Toubo-
Niouha, il fit périr sous ses coups le touï-kana-kabolo
Tougou-Aho; il se retira aussi avec Finau à Vavao,