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 1827 
 Mai. 
 car,  dès  l’époque  où  suspendus  le  long  des  brisans  
 nous  n’attendions  que  l’instant où le navire s’engloutirait  
 dans les flots, je  savais que des hommes  avaient  
 pousse  l ’oubli  de  leurs  devoirs  et  de  tout  sentiment  
 d bonneur jusqu’à  témoigner  ouvertement le désir  cie  
 voir  périr  leur  bâtiment,  dans  l’espoir  d’aller  vivre  
 avec les naturels.  Il m’était donc impossible de douter  
 des  mauvaises  dispositions  de  l’équipage.  Toutefois  
 j avais  pris  le  parti  de  dissimuler,  et  je  bornai  mes  
 mesures  à  abréger  autant  que  possible  la  relâche,  
 afin  de diminuer les  chances de  la désertion. 
 Certainement,  si mon but eût été de suivre  simplement  
 la marche  de  mes deux devanciers,  en  parcourant  
 des  mers  ouvertes  et  en  évitant  avec  soin  l ’approche  
 des  terres,  je  n’eusse  pas  hésité  à  laisser  à  
 Tonga-Tabou  les  mauvais  sujets  qui  voulaient  nous  
 abandonner,  et j ’eusse  été  bien  aise  de  purger  lA s trolabe  
 de leur présence.  Mais  nonobstant  les perles  
 que nous avions faites  sur les récifs,  je  tenais  à pour-  
 su.vre  mon  plan  de  campagne  :  de  longues  et  péril-  
 euses  explorations  nous  restaient  à  exécuter,  et  je  
 devais  m'attendre  à  des  manoeuvres  forcées  et  imprévues. 
   Il  s’en  fallait  déjà  de  beaucoup  que  l’équipage  
 lut en  état  de manoeuvrer au gré de mes  désirs •  
 je  ne  pouvais  donc  priver  l’Astrolabe  d’un  certain  
 nombre  de  bras,  sans  compromettre  la  suite  de  nos  
 opérations.  D ’ailleurs  c’eût  été  offrir  un  exemple  
 dangereux au  reste  des  matelots,  et m’exposer  à  les  
 voir  tous  disparaître  l’un après  l’autre  dans  les  relâches  
 subséquentes. 
 Tout  bien  considéré,  je m’arrêtai  au  parti  qui  me  
 parut  le  plus  convenable  dans  la  circonstance  :  ce  
 fut  de  jiartir  le lendemain matin au  lieu d’attendre  au  
 surlendemain,  comme  j ’en  avais  d’abord  le  dessein.  
 Dans  mon  opinion,  cette mesure  devait  suffire  pour  
 renverser  les  projets  des  déserteurs,  car j ’avais  tout  
 lieu  de  penser  que  ces  projets  devaient  s’effectuer  
 dans  le  cours  de  la  journée  suivante,  qui  était  un  
 dimanche,  el pour laquelle  j’avais promis à une partie  
 de  l’équipage  la  permission  d’aller  se  promener  sur  
 Pangaï-Modou. 
 Je  ne  fis  part  de  cette  résolution,  ainsi  que  de  
 l’avis  qui  l’avait motivée,  qu’à  M.  Jacquinot,  en  lui  
 recommandant  le  plus  profond  silence.  En  même  
 temps,  je  lui  donnai  l’ordre  de  tout  préparer  dés  le  
 lendemain  matin  pour  le  départ,  mais  sans  bruit  et  
 sans  appareil,  comme  si  l’on  eût  voulu  simplement  
 tenir  le  navire  tout  prêt  pour  le  lundi,  afin  qu’il ne  
 restât  plus  rien  à  faire  à  l’équipage  dans  le  cours de  
 la journée.  Enfin, pour  la nuit,  la  surveillance la plus  
 active fut enjointe  aux  officiers  de  service. 
 1827. 
 Mai. 
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