peine a v a it-il fait connaissance avec n o u s , qu’ il nous entraînait
vers T é c lie llc, p ou r nous faire contempler son embarcation qui
llo lta it près du b o rd , répétant sans cesse : S e c m j boat, very
fin e , ca r il p arlait un peu anglais. Pa lon , bien que d’une co r p
u len ce énorme , éta it p ou r tan t leste et bien fa it; on p ouv ait
lui donner plus de quarante ans; un vaste ju p on d’étoffe c e ign
a it son co rp s ; aucun ornement n’in d iq u a it son r a n g , et 11
p ortait les cheveux entièrement ras. Un autre c h e f , d’un p o u v
o ir ég a l au s ie n , l ’a c com pa gn ait : c ’était L a v a k a , homme
d’une grande ta i lle , mais à Tair stupide et lo u rd . U n e .suite
p eu nombreuse de personnages secondaires monta à b o rd avec
les deux chefs. A l ’aspect de cette t r o u p e , notre premier h ô t e ,
T o u b o o -D o d a ï, parut abandonner ses p rétentions au suprême
p o u v o ir ; il a lla sans façon se p lacer aux derniers rangs de la
suite de P a lo u , qui lui témoignait peu de considération.
L a fortune av a it mis dans nos mains de p ré cieu x otages; nons
n’épargnâmes rien pour rendre leu r séjour su r le n avire aussi
p rofitab le p o u r eux qu’il était rassurant p o u r nous. Jamais
sauvages ne se v irent chargés d’autant de richesses. Aussi les
bonnes grâces de nos hôtes nous furent entièrement acquises ,
et si la perte du navire eût été con sommée, n u l doute que la
p rotection de P a lo u n’ eût assuré le salut d’une p artie de Té-
quip age.
Le s ch e fs , lo rsqu ’ils n’étaient p o in t en conférence avec notre
commandant, passaient le u r temps assis sur la dunette; c ’est
de ce poste élevé que P a lo u h aran gu ait plusieurs fois par jo u r
la meute avide de ses sujets, qui n ’a ttendait q u ’avec impatience
le moment où la mer les en r ich ira it de nos dépouille s . S o u v
ent la voix du bon insulaire éta it tremblante et émue ; et
quoique les trois A n g la is nous vantassent la puissance illim ité e
de P a lo u , nous sentions que ce ch e f lu i-m êm e p ré vo y a it une
circonstance où to u t son p o u v o ir serait débordé par l ’ardeur
du p illa g e qui animait ce tte multitude ju squ ’alors obéi.ssante.
Heureusement, comme je l ’a i d i t , nous n ’cfimes pas à sup p
o r te r une aussi cru elle ép reuve. Astrolabe, favorisée
par un temps plus d o u x , v o gu a enlin lo in de ces tristes réc ifs ,
les naturels p riren t assez gaiement leur p a r t i , et résolurent
dès-lors de se p ro c u r e r , par un commerce d échanges ces
richesses tant enviées qu’ ils ava ient espéré a cq u é r ir a meilleur
marché. , • »x.
Cette ré so lu tion , toute à notre b én é fic e , re çu t b ien tô t son
ex écution . A peine l ’ancre eut-elle touché le fon d devant P a n -
a a ï-M o d o ii, qu’une foule de p iro gues environna la corvette ,
con v e r tie dès ec moment en nn vaste marché. A v a n t la fin du
jo u r , c lic se remplit de vivre s excellens que les naturels
échangeaient en profusion contre des bagatelles b rillan tes ou
des objets d’une utilité plus réelle. E u très-peu de tem p s , la
prodig ieuse ac tivité de ce commere fit naître entre ces in su laires
et nous une intimité dont les deux peuples recueillaien t
également des fruits doux et solides.
{E x tra it du Jo u rn al de M . de S a in so n .)
L a n u it du 20 au 2 1 a v r il fut très-pénible : on s’é t e n d a i t , à
chaque Instant, à v o ir l’Astrolabe se briser sur les récifs. S t le
grelin casse, nous sommes f r i t s , disait-on. Nous d ,names fort
ta rd ; et comme cc repas p o u v a it bien être le dernier , ]c man-
o-cal d’un ex cellen t appétit et je m’endormis immédiatement
!après. A n eu f heures du s o ir , M . Q u o y v in t m’éveil er L e
.rrelin est cassé, fa ite s lestement votre pa quet, me dit-il. Je d o r mais
de si bon coeur' que mon ami fu t obligé de m ev eillci
une seconde fo is ; je montai alors sur le p on t ou je restai
q u e lq u e temps; mais, v o y a n t que le nav ire était encore déf
o n t , je redescendis dans ma chambre. V e rs les minn. ,
M Q u o y m’év e ille de nouveau très-vivement, et il me répété
que chacun ayant fait son p a q u e t , décidément je devais faire
le mien : cette fois les conseils de l ’amitié furen t suivis avec
assez de promptitude.
L e 2 1 a v r i l , M . d’U r v ille , v o y an t que la p erle du navire
éta it p ro b a b le , voulut rendre cette porte la moins grande p o s -
.sible, et sauver les documens relatifs îi l ’expédition et tout ce