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 Enfin  le  parti  de Finau  eut  le dessous,  el  ce  chef  
 lut encore  une  fois obligé de  se  retirer  à Hogui,  où  il  
 resta  jusqu’au  lendemain  soir.  La cause de Finau  reçut  
 un  puissant auxiliaire  dans  la  personne de Touï-  
 Hala-Fataï  et  de  ses  compagnons  qui  se  joignirent  
 à lui. 
 Touï-Hala-Fataï  était  un  guerrier  renommé  de  
 Tonga,  qui  avait  été  souvent  faire la guerre  aux  îles  
 Viti [Fidgi en  langue tonga),  et  qui  avait  contracté  
 les  habitudes  belliqueuses  des  peuples  de  ces  îles.  
 Ennuyé  de  l’état  d'indolence  où  le  réduisait  la profonde  
 paix  que goûtaient  les  habitans de Tonga, il  se  
 détermina  à aller guerroyer encore  une  fois  aux  îles  
 Viti.  En  conséquence  il se mit  à la  tête de deux cents  
 cinquante hommes  qui s’unirent à sa  fortune, et  ils  se  
 rendirent  sur  trois  grandes  doubles  pirogues  à  Laguemba. 
  L à ,  sans  aucun  but  bien déterminé,  ils s’allièrent  
 tantôt  à  un  parti,  tantôt  à  un  autre,  suivant  
 qu’il  leur  convenait,  uniquement  pour  le  plaisir  de  
 faire  la  guerre,  de  déployer  leur  bravoure  et  de  se  
 livrer au pillage. 
 Ils menèrent  ce  train  de  vie  durant  deux  ans  ei  
 demi  environ,  et  leur  vaillance  extraordinaire  les  
 rendit  très-heureux  dans  leurs diverses  entreprises.  
 Impatiens  enfin de  revoir leur patrie,  ils revinrent  à  
 Tonga-Tabou. Dans leur  traversée , ils  essuyèrent un  
 coup  de  vent  furieux  qui  engloutit  une  des  pirogues  
 avec une  partie des guerriers  les  plus  fameux.  Touï-  
 Hala-Fataï,  ainsi  que  le  reste  de  ses  compagnons,  
 arriva  à  Tonga-Tabou  au  moment  même  ou  Finau 
 venait  d’ètre  repoussé  par  les  amis  de  feu  Tougou-  
 Aho. 
 On  peut  juger  combien  un  tel  renfort  ranima  le  
 courage des compagnons  de  Finau.  Cependant Touï-  
 Hala-Fataï tomba malade le soir même de  son arrivée;  
 jugeant  que sa maladie  serait  mortelle,  il  pressa  Finau  
 d’attaquer l’ennemi  dès  le  lendemain malin ,  afin  
 qu’il  eôt  au  moins  la  satisfaction  de mourir  sur  le  
 champ  de  bataille  les  armes  à la main. 
 En  conséquence,  le jour  suivant,  29  mai,  au  soleil  
 levant,  Finau,  Toubo-Niouha et Touï-Hala-Fataï,  
 suivis de leurs braves compagnons,  se dirigèrent vers  
 Hifo.  Mais  leurs  ennemis, non  moins  résolus  ,  leur  
 épargnèrent  la  moitié  du  chemin. Après  une  courte  
 halte,  ils en vinrent aux mains ; de part  et d’autre  on  
 se  battit  avec  un  acharnement  opiniâtre ;  le  combat  
 dura  trois  heures.  Touï-Hala-Fataï,  Toubo-Niouha  
 et  Finau  firent  des  prodiges  de  valeur  ;  le  premier  ,  
 après  avoir  fait  mordre  la  poussière  à  une  foule  de  
 chefs,  sentant  ses  forces défaillir,  s’élança au milieu  
 d’un  gros  de  ses  ennemis,  succomba  sous  leurs  efforts  
 et  tomba  percé  de  coups  de  lance.  Toubo-  
 Niouha ,  dit-on,  ne  tua  pas moins de  quarante  hommes  
 de  ses  propres  mains.  Enfin  l’ennemi,  frappé  
 d’une  terreur  panique  à  la  vue  de  ces  exploits  prodigieux  
 ,  s’enfuit de  toutes  parts  i . 
 Cette  victoire,  toute  décisive  qu’elle  était,  coûta  
 cher à  Finau ;  il  sentit  qu’il  lui  serait  impossible  de 
 I  Mariner,  I ,   p.  82  et  suiv.