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 petite  a accosté  le  navire par l’arrière ;  elle  contenait  
 trois  Espagnols  originaires  de Manille,  et  qui étaient  
 arrivés dans ces iles  sur le même  navire que Medióla.  
 Ces  trois  malheureux  m’ont  supplié  à  genoux  de  les  
 recevoir  sur  mon  bord,  et  mon  consentement  les  a  
 transportés de joie.  Comme  ils m’ont encore confirmé  
 l’existence  d’une  ancre  à  te rre,  et  m’ont  expliqué  
 qu’elle était plus petite que nos ancres de poste, je me  
 suis  décidé  à  expédier  sur-le-champ  le  grand  canot  
 pour  la prendre  s’il  était  possible. Medióla  et  Mouki  
 devaient y embarquer  comme  interprètes ,  et  je  gardai  
 à bord,  comme  otages,  deux hommes et le fils de  
 ce dernier. 
 A  midi un quart le grand canot,  armé par dix hommes  
 d’équipage,  partit  sous les ordres de MM.  Lottin  
 et  Dudemaine,  et  sous  la  direction  de  Mouki  et  de  
 Medióla.  Un  moment  auparavant  la  petite  pirogue  
 avait repris  la  route  de  l’î le ,  en  laissant  à  bord  les  
 trois Espagnols.  J’avais bien  recommandé à Mouki  de  
 hâter  la négociation de manière  à  ce  que  l’ancre  pût  
 être embarquée sur-le-champ dans  le  canot  :  en même  
 temps j ’avais  enjoint  à M.  Lottin  de  ne  point  laisser  
 descendre  ses  hommes  à  terre,  surtout  de  repartir  
 aussitôt qu’il  aurait  l’ancre ;  sous  aucun prétexte il ne  
 devait  attendre la nuit pour  s’en  revenir. 
 Dès  une  heure  trente  minutes  nous  vîmes  notre  
 canot  qui  sortait  à la voile  des  récifs de Laguemba,  et  
 je me  doutai  aussitôt  qu’il  n’avait  pas  réussi  dans  sa  
 mission.  D’une heure  et  demie  à  deux heures,  notre  
 temps  fut  consacré  à  une  station  géographique ,  et  à 
 deux heures je laissai porter pour aller  à la rencontre  
 du canot.  A  deux heures  dix minutes, MM.  Lottin et  
 Dudemaine rentrèrent à bord, encore tout épouvantés  
 du  danger qu’ils venaient de courir  dans  leur  visite à  
 Laguemba. 
 M.  Lottin me rendit compte de sa mission  :  il s’était  
 dirigé sur une tache rouge située vers le milieu de l’ile,  
 devant  laquelle  se  trouvait  le  village  du  chef  Touï-  
 Neao, où était l’ancre. Le canot pénétra à l’intérieur du  
 récif par une passe étroite entre les coraux. M.  Lottin  
 n’aperçut d’abord  sur le rivage que  quelques  femmes  
 et  enfans.  Mais  à  peine  venait-il  d’aceoster  la  terre  
 que  les  hommes  accoururent  à  la plage;  après  avoir  
 fait  retirer  les  femmes  et  les  enfans,  leur  nombre  
 s’accrut successivement jusqu’à cinquante ou soixante. 
 Us  devinrent  turbulens,  leur  attitude  était  mena