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Mai.
3o.
distinguer les sommités de Koro, à douze lieues de
distance environ, el à cinq heures , ayant reconnu ses
terres et celles de Neïrai, je virai lof pour lo f , et
restai encore aux petits bords pour la nuit. Elle ne
fut guère meilleure que les précédentes, mais je dormis
un peu plus tranquillement, car je croyais mieux
connaître l’espace sur lequel je me trouvais. Du reste
je réfléchis avec douleur qu’il était impossible d’avoir
un temps plus déplorable pour les travaux que nous
voulions exécuter au travers de ces iles.
Toutefois, en jetant les yeux autour de nous au
point du jour, j ’ai reconnu plus clairement encore
toute l’étendue des périls de notre navigation nocturne,
quand j ’ai vu que le courant nous avait entraînés
, dans la nuit seule, de douze milles sur Tabe-
Ouni. Une fois emportée sous le vent de Tabe-Ouni,
la corvette courrait les plus grands risques, et avec le
temps qui règne, je ne sais trop comment je pourrai
sortir de ce dangereux labyrinthe.
11 est vrai que Tomboua-Nakoro persiste à dire
qu’entre Tabe-Ouni el Takon-Robe, dont nous distinguons
les cimes à trente et quarante milles de distance
dans le lointain, il existe un passage ; mais il
explique qu’il est étroit, sinueux et semé de roches ,
peut-être même impraticable pour un navire aussi fort
que le nôli-e. Néanmoins, si le temps était maniable et
la mer ordinaire, j ’en tenterais l’aventure, et je ferais
au moins dans ces parages quelque découverte intéressante.
Mais je ne puis y songer dans la circonstance
présente, et tonte ma ressource est de doubler au
vent les îles Tabe-Ouni et Ongomea pour atteindre
le passage par où Wilson s’échappa de ces îles et de
leurs récifs.
Nous avons donc serré le vent tribord en forçant
de voiles , et prolongeant la côte de Tabe-Ouni à la
distance de deux ou trois lieues. Les terres de cette
île sont hautes de cinq ou six cents toises au moins ,
partout escarpées et entièrement couvertes de bois
depuis le bord de la mer, mais leurs sommités ont été
continuellement entourées de nuages épais qui nous
ont empêchés de bien distinguer leurs formes.
Tabe-Ouni est séparé de Ongomea par un canal
d’une demi-lieue de large, que Tomboua-Nakoro ni a
certifié être praticable. Je n’ai pas eu le désir de m’assurer
si son rapport était exact, attendu que si une
pareille tentative eût manqué, la corvette n’aurait pas
pu en réchapper. Mes sauvages auraient bien désiré
que je les déposasse sur Tabe-Ouni, mais c’était une
chose impossible avec la houle qui battait en pleine
côte.
Dans l ’après-midi nous avons prolongé les côtes de
Ongomea et de Laoudzala, qui paraissent entourées
d’un récif commun, bien qu’elles soient séparées par
un bras de mer fort étroit. Leurs terres sont aussi
hautes et boisées, moins élevées cependant que celles
de Tabe-Ouni. Sur la pointe E. de Laoudzala, on
remarque un terrain plus bas et couvert de cocotiers,
qui paraît habité.
Nous n’avons pas cessé de conserver en vue les
hautes îles de Batou-Bara el d’Azala.
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