mâcher le hava que le louï-longa lui-mème venait
de manier G
Le natchi, ou littéralement portion, était une fête
solennelle dans laquelle les habitans de Tonga et de
toutes les iles voisines venaient offrir au touï-tonga
les prémices de la te rre, avec certaines cérémonies
religieuses. Cook et Mariner les ont décrites dans le
plus grand détail. Nous nous contenterons donc d’en
esquissser les principaux traits.
Cette fête a communément lieu au mois d’a oû t,
époque à laquelle une espèce d’igname nommée kaho-
kaho, plus précoce que les autres, a atteint sa maturité.
Au jour indiqué par le touï-tonga , les ignames
ornées de banderoles en feuilles de pandanus teintes
en rouge, sont portées en procession solennelle et
au son des trompettes marines , avec toutes les provisions
qu’on a pu se procurer, comme poisson, kava,
mahoa, etc. La procession se dirige vers le lieu de la
cérémonie qui est le faï-toka des Fata-Faï ; là toutes les
ignames sont déposées près du tombeau, le touï-
tonga se lèv e , et au nom des chefs présens il rend
grâce aux dieux de la récolte due à leur munificence,
et réclame leurs faveurs pour l’avenir. Alors les hommes
qui ont apporté les ignames reprennent leurs
fardeaux, et après avoir défilé deux ou trois fois
autour du faï-toka, ils retournent au malaï, où toutes
ces provisions sont partagées en présence des chefs et
du peuple entier par un des mata-boulais du touï-
tonga.
Un (juart environ est réservé pour les dieux, et les
prêtres font emporter cette portion par leurs serviteurs.
Une moitié destinée au roi est également emportée
chez lui par ses touas, et le reste revient au
touï-tonga. Cette distribution laite, un kava solennel a
lieu, eten mêmetemps tousleschefs mangentunepetite
partie des provisions. Pendant qu’on prépare le kava,
un mata-boulai se lè v e , adresse la parole aux assistans,
et leur déclare que pour les récompenser d’avoir
accompli l’importante cérémonie du natchi, les dieux
les protégeront et leur accorderont à tous une longue
vie, pourvu qu’ils continuent de se montrer religieux
envers les dieux et respectueux envers leurs chefs. Le
kava fini, l’assemblée se relire et les provisions sont
partagées entre les chefs, suivant leurs rangs respectifs.
Le restedu jour se passe en divertissemens, comme
luttes, pugilats, etc. Puis les danses de nuit commencent
et se prolongent fort long-temps. Enfin chacun
se retire chez s o i, plein de confiance en la protection
des dieux.
Cette cérémonie entraîne la consommation d’une
incroyable quantité de provisions , surtout si elle est
accompagnée de quelque autre fête, comme le retour
d’un chef d’une île éloignée après une longue absence,
le mariage ou la mort d’un grand ch e f, du touï-tonga
bn-même, etc. Pour éviter la disette qui pourrait lui
succéder, le tabou est imposé sur certaines espèces de
provisions, pour en interdire l’usage durant un temps
déterminé G