par respect pour la supériorité de son parent. Du
reste, cette règle n’est de rigueur que pour le cercle
supérieur, qui seul est considéré comme la véritable
partie de kava : tous les autres conviés ne sont considérés
que comme des spectateurs ou de simples
figurans, qui n’ont de part au kava que lorsqu’il en
reste pour eux. C ’est à peu près, je pense, ce qu’on
appelait autrefois aller au bal de la cour en bayeurs
ou bayemes ', ou bien encore/«frc tapisserie.
Chacun étant convenablement placé, l’u» des mata-
boulais présidens appelle un des serviteurs du cercle
extérieur. Sur-le-champ celui-ci entre par le fond du
cercle, s’avance vers le mata-boulai, et, s’asseyant en
face de lui, il en reçoit l’ordre d’aller dans la maison
du chef prendre la quantité de racine de kava jugée
nécessaire. Il rentre ensuite dans le cercle également
par le fond, apportant la racine de kava dans ses
bras; il s’asseoit (ou plutôt il s’accroupit, et c’est
ainsi qu’il faut entendre en général le mot s’asseoir,
toutes les fois que nous l’appliquons aux sauvages de
rOcéanie) devant le président, et dépose le kava à ses
pieds. Cet homme reste dans cette position, jusqu’à
ce qu’il ait reçu l’ordre du mata-boulai d’emporter le
kava pour le mettre en pièces et le donner à mâcher.
Ensuite il se lève, emporte la racine, et la remet à
l’homme assis au fond du cercle et chargé de la préparation
du kava ; puis il se rasseoit à sa place.
A lo r s , aidé de ses voisins, le préparateur brise le
kava en petits morceaux, le nettoie avec des coquilles
démoulés, et le donne à mâcher aux personnes du
cercle inférieur et du cercle extérieur. Maintenant on
entend dans toute cette partie de l’assemblée un bourdonnement
général qui forme un contraste curieux
avec le silence observé jusqu’alors : une foule d’individus
crie de tous côtés ; iHiü ma k ana, m a t , mat
ma k an a , mai s k a u a— donnez-moi du kava, donnez
moi du kava — car chacun de ceux qui se proposent
pour le mâcher en réclame alors une portion.
Ceux qui s’offrent pour ce service doivent être des
jeunes gens ayant les dents saines, la bouche propre,
et exempts de maladie ; les femmes prêtent souvent
leur assistance. Il est à remarquer que ces naturels
réussissent à tenir leur racine sèche tandis qu’ils la
broient avec leurs dents. Au bout de deux minutes,
chacun ayant mâché sa ration, la retire de sa bouche
avec les doigts et la place sur un morceau de feuille
de bananier, ou porte cette feuille à sa bouche pour
y déposer le kava. Tout le kava étant mâché, ce que
l’on reconnaît au silence qui s’établit, quelqu’un du
cercle extérieur va placer à terre devant le préparateur
un grand bol en bois. En même temps, cha-
Ii !
1- «
cun de ceux qui sont assis à quelque distance du
cercle inférieur fait passer de main en main sa por